Une nouvelle mission pour Mad Dog ? [Zero] [Désactivé pour cause d'inactivitée]

Derrière la baie vitrée qui donnait sur l'extérieur, Zero était plongé dans la contemplation de l'averse qui venait tout juste de débuter. Son siège inclinable pivoté dos à son bureau, il réfléchissait. Ses pensées actuelles se dirigeaient vers une seule et même personne : Jun. Cela faisait maintenant quelques jours que leurs inattendues retrouvailles avaient eut lieues, et il n'arrivait pas à s'en défaire. Non pas qu'il se sentait particulièrement accro' au jeune rebelle – il avait depuis bien trop longtemps scellé le moindre de ses sentiments – mais il s'inquiétait pour lui. Jun n'avait donné aucune nouvelle depuis son retour au Land Of Decadance, et même si le chef des rebelles aurait dû s'attendre à ce silence radio – qui était tout à fait légitime, voir même habituel – il s'en trouvait perturbé. Quelques coups assénés à la porte l'extorquèrent de ses houleuses réflexions, et il eut tout juste le temps d'orienter son siège dans la bonne direction avant de découvrir son invité.

Nao passait l'encadrement de la porte, vêtu de son habituelle tenue sombre. Si Zero n'avait pas eu l'habitude de le voir ainsi, il aurait sans doute été impressionné par un tel charisme. Lui-même se voulait particulièrement imposant, mais Nao dégageait quelque chose de bien plus subtil, peut être même de bien plus fort. Cette vision effrayante s'évanouissait cependant à l'instant même où Nao retirait sa capuche, qui dissimulait ce tendre visage dans l'obscurité. Bien que marqué par l'expérience, et doté d'un regard d'acier, la face du jeune homme demeurait fragile et agréable aux yeux de Zero. Il se délectait d'ailleurs de cette vision, qui lui était réservée.

Calme et posé, le chef des rebelles l'entendit débiter sa phrase avec cette même dureté dans la voix. Le ton sur lequel il détachait chaque mot emplissait Zero de fierté. Bien qu'il ne se réjouisse par spécialement d'envoyer ses hommes au combat, Nao faisait preuve d'un tel dévouement lors de ses missions que le chef des rebelles s'en trouvait comblé. Il lui accordait une confiance aveugle, et ce dernier ne l'avait jamais déçu. Il était bien trop puissant pour échouer.

_ Eh bien, Nao... Tu me sembles bien pressé de repartir.

Zero ne l'appelait jamais par son surnom, lorsqu'ils n'étaient que tous les deux.

Il l'avait contacté le matin même, pour le convoquer. Et, comme pratiquement à chaque fois, il allait lui demander de se rendre dans le Land Of Decadance. Nao ne semblait attendre que cela, remarquait-il amèrement. Cependant, il ne lui répondit pas de suite. Comme pour retarder l'échéance, il se leva de son siège pour se diriger vers le petit coin cuisine aménagé au fond de son bureau, tournant le dos à son interlocuteur. Étirant ses lèvres en un amical sourire, il rempli la bouilloire avant de se retourner vers Nao, tout en demandant :

_ Thé ou café ?

Zero ne fut aucunement surprit de la réaction de Nao. Malgré la dureté des paroles de ce dernier, révélant son impatience, il s'efforça de se préparer la boisson qu'il chérissait plus que tout, et dont il se délecterait en annonçant sa mission au jeune homme. Le thé vert, il n'y avait que cela de vrai pour se remettre les idées en place. Le chef des rebelles exécrait le café, qui avait un goût bien trop amer pour lui. Il était cependant accro' à la théine, qui lui procurait les même effets stimulant que la caféine, ou presque. A part lui tirer quelques grimaces de dégoût, l'autre boisson n'avait jamais réussit à lui procurer l'énergie nécessaire pour le faire tenir une journée. Il avait du mal à comprendre les personnes qui pouvaient apprécier de boire une telle horreur.

La bouilloire siffla quelques instants plus tard, signe que l'eau était chaude. Zero sortit d'un placard une tasse, une cuillère, deux morceaux de sucre et un sachet contenant les précieux extraits de plante. Il versa donc l'eau dans son récipient, y ajoutant le sucre et le thé, tout en remuant légèrement. Quand il jugea que tout était parfait, il retourna enfin s'assoir derrière son bureau, cajolant de ses mains gelées la tasse brûlante. Nao ne l'avait pas quitté des yeux, et ce regard insistant, loin de le déranger, l'amusait. Il reprit cependant un air plus grave, et tenta de s'éclaircir la gorge en toussotant. Bien qu'il eu reprit une certaine contenance, il resta muet et porta instinctivement sa tasse à ses lèvres, tout en faisant doucement pivoter son siège de droite à gauche. Ce dernier émettait un crissement désagréable, et le chef des rebelles se fit la réflexion qu'il se devrait de graisser quelque peu le pilier d'argent faisant office de colonne vertébrale à son fauteuil de ministre. Alors qu'il testait sa boisson du bout des lèvres, sachant pertinemment qu'elle était bien trop chaude pour être bu de suite, il lia sans équivoque son regard à celui de Nao. Il cru y lire une sorte de résignation, alors que son corps exprimait encore le besoin de s'enfuir en courant de cette pièce, doté d'une nouvelle cible à exterminer. Zero décida qu'il était temps d'achever le supplice. Il reposa doucement son thé sur le bureau, et lâcha d'un ton neutre, presque froid :

_ Ta nouvelle mission consiste à exterminer Ryohei Yamada.

A présent, il n'y avait plus de place pour la plaisanterie.

_ Inutile de te préciser que ce junkie me pose beaucoup trop de problèmes, depuis trop longtemps déjà. Mais tu connais mes réticences, lorsqu'il s'agit d'ôter une vie humaine. J'ai beau haïr les junkies, ce n'est pas pour autant que j'apprécie de tuer des innocents. Mais celui-là ne mérite aucune compassion.

Prestement, il rassembla ses avant-bras sur le bureau, tout en entrecroisant les doigts. Il demeura alors immobile, telle une statue. Seule sa bouche continuait de se mouvoir.

_ Il travaille pour Rui, donc si tu peux lui soutirer quelques informations avant de l'achever, n'hésites pas. Je te passe les détails qui me pousse à vouloir le supprimer, mais pour résumer... Je dirais qu'il a violé bien trop de nos concitoyennes, et que ses présences répétées au Sanctuaire de la Liberté n'ont plus lieu d'être. Je compte sur toi, Nao.

Il laissa le temps au jeune homme d'assimiler les informations qu'il venait de lui communiquer. En attendant, il but une gorgée de thé. Il était encore bouillant, mais peu lui importait. Il lui fallait remplir le vide qui se formait dans le creux de son estomac.

TROP LONGUE INACTIVITée