Philosophie [Rui]

Ses talons hauts résonnaient dans le couloir froid. Elle frissonnait sous les lumières blafardes et terriblement froides qui clignotaient sous son passage. Le dallage était riche mais tout aussi glacial que l'ambiance régnante, et une atmosphère de sang et de violence entourait l'intruse. Dans ces lieux pourris par le Mal, elle entrait dans l'Enfer de ces cauchemars...

Elle avait attaché ses cheveux roses en un chignon strict, mais quelques mèches rebelles avaient déjà retrouvées leur liberté. La jeune femme respirait lentement... De la buée s'échappait d'entre ses lèvres charnues et noires. Son costume noir et blanc lui serrait la taille, terriblement sévère. Dans une dernière supplication, la jeune femme s'assit sur le fauteuil, juste posé dans le couloir, quelques mètres avant les grandes portes du bureau du Maître....

Le Maître... Son âme tourmentée l'avait poussée à retrouver confiance entre les paroles saintes de son Dieu, prête à connaître et à comprendre ce que la race de Junkie attendait d'elle. Perdue dans les vagues pourries de sa conscience, Philomène n'arrivait plus à suivre le chemin d'écorché qu'on lui avait enseigné.

Aussi faible d'esprit qu'elle puisse être, elle sortit un chapelet, fragile humaine, pour prier doucement à la sûreté de son âme.

- Notre Père, qui est aux cieux....

Rui faisait le tour de son entreprise, surveillant un à un et chacun leur tour ses employés. Trop de retard avait été prit dans les commandes à cause de trouble fêtes, et il se devait de remédier à cela. La plupart avaient été tués, d'autre simplement licenciés. Personne ne parlait alors dans son entreprise, et seul le bruit assourdissant des machines résonnaient sourdement à cause des plafond haut du bâtiment.

Le directeur changea de salle des machines, puis se rendit finalement à celle de détente. Les quelques jeune hommes qui y déjeunaient baissèrent le regard à son entrée - marque de pure respect. Il traversa la pièce, vérifiant que tout était en ordre et retourna dans la troisième qu'il n'avait pas encore inspecté. Deux gardes le suivaient de près - on ne savait jamais, peut-être que des junkies trop fou désirait son pouvoir, et donc, le tuer.

Alors qu'il remettait en place une jeune femme étant en retard, son esprit dériva vers Die. La mort n'était plus au rendez-vous depuis bien des jours, il fallait qu'il remédie à cela. Personne ne pouvait lui résister, et surtout pas pareil inscete. Son entreprise avait besoin de Die, et ce petit con s'était défilé. Il méritait la mort, et rien de plus. Le tirant de ses pensées, un vigile s'approcha de lui et l'interpela. Il le tint au courant que la jeune femme qu'il avait fait mandée était arrivée. Délaissant sa tâche pour le moment, il se rendit alors à son bureau.

Devant la porte attendait une jeune femme des plus extravagante, qui tenait entre ses mains une croix. Foutaise, pensa Rui, sans rien dire pour autant. Dieu, s'était lui, et pas ce foutue con là haut qui n'avait jamais rien fait de concret. Rui s'avança vers elle sans plus de cérémonie, et ouvrit la porte de son bureau. Il resta à l'entrée, ouvrant son bras pour faire signe à Philomène d'entrer. Voyant que cela ne la tirait pas de ses pensées, il ajouta séchement :

" Vous pouvez entrer "

Et partit s'assoir derrière son bureau.

Elle n'osa lever son regard vers son Dieu. Dans un murmure d'adoration, elle s'inclina un instant :

- Maître...

Voilà... Pour la première fois de sa vie de misérable, elle rencontrait son Dieu, celui pour qui elle priait. D'un pas feutré, elle se glissa dans le bureau. Une odeur saisissante lui prit les entrailles, comme si elle avait pénétré dans les Enfers. Son coeur fit un bond dans sa poitrine, son souffle s'accéléra alors. Elle se rendait vraiment compte de sa condition de microbe face à cet être.

Elle tomba à genoux et posa ses bras devant elle, le front posé sur le carrelage. Le contact froid du sol la fit frissonner davantage. Le chapelet tomba au sol dans un petit bruit métallique. Elle se redressa doucement et lui dit alors :

- Laissez moi vous dire avec toute l'adoration que j'ai pour vous, à quel point je suis émue de vous rencontrer aujourd'hui. Seule votre pensée céleste pourra soulager mon esprit et je vous adresse aujourd'hui une prière...

La Junkie leva un regard remplis de crainte et de religion à ce Lucifer. Son corps se contractait sous chaque respiration. Son costume 50's un peu jazzman, lui entourait les hanches avec délicatesse. Ses grands yeux bleus souligné d'un traits d'eye-liner noir étaient levés vers le ciel.

Rui qui l'attendait derrière son bureau, releva la tête surprit lorsque la jeune femme l'appela "maître". En générale, les junkies étaient jaloux de lui, et ne s'inclinait nullement devant sa personne. Ou alors il le criagnait et le fuiait... Au choix, mais jamais personne n'avait encore eu l'audace de se prosterner ainsi devant lui et de lui sortir pareil discourt. Le directeur comprit alors que ce chapelet qu'elle tenait entre les mains, et cette prière qu'elle avait faites un peut plus tôt lui était toute destinée. Un sourire sadique et moqueur s'afficha alors sur son visage. C'était bien lui, Dieu, et elle l'avait comprit.

Le blond continua alors d'observer son étrange comportement. La jeune femme se releva pour finalement fixer le plafond des yeux... Vraiment étrange, très étrange... Mais cela plaisait à Rui. Ca lui plaisait que quelqu'un se sente une fois de plus écraser par son charisme et sa personne, que quelqu'un soit soumit et le sache supérieur. Il était Dieu, et cette femme était la preuve même de cela.

Indulgent, Rui lui intima de bien vouloir prendre place en face de lui, et cala sa tête dans sa main, son sourire ne le lâchant pas.

" Bien. Je me tiens au courant de tout les nouveaux commerce s'ouvrant non-loin. En quoi consiste donc ta boutique ? "

Rui était directeur de Opium Industrie, certes, mais n'oublions pas qu'il dirigeait aussi le pays... Et même s'il mentait à la jeune homme, il s'interessait en réalité de près à son commerce. Le tatouage et les piercing était un art auquel il n'avait pas encore touché.

Sous ses traits de lys, elle sentait tout les vices de la terre se glisser. Un nouveau frisson la parcouru... Elle avait comme l'impression d'être une élue. Le coeur battant, elle prit place, sur ce siège, n'osant toucher quelque chose qui pouvait appartenir à celui qu'elle vénérait. Ce sourire enjôleur qui avait scinder sa figure en deux, la rendait presque dingue de bonheur ! Elle, assise ici, en face de Dieu !
Elle croisa les jambes, prête à écouter ce que lui demanderait le Maître. Hm... Ah... Il voulait se renseigner sur l'intérêt de sa boutique... Après courte réflexion, elle prononça, d'une voix posée et réfléchie :

- Je travaille dans le tatouage et piercings. Nous somme actuellement trois : Hazuki, qui gère quelques tatouages dans son temps perdu, Anna, qui vient juste d'arriver pour s'occuper des piercings. Quant à moi, je gère le magasin et j'effectue des tatouages à plein temps. J'ai de nombreux clients, je suis plutôt satisfaite. Actuellement j'ai eu droit au Junkie le plus banal, à une jeune rebelle enceinte, à un directeur d'une compagnie d'armement... Étrangement, les histoires se croisent ! Saviez-vous que cette rebelle a été engrossée par ce directeur, dont je viens justement vous parler ? fit elle sur le ton de la confidence

Elle eut un moment de silence puis ajouta

- Mais en dehors, des ragots, je reste assez fière de mon établissement, dont je peux vanter le professionnalisme et la propreté. Pour chaque client, nous dressons un dossier médical !

Rui écouta attentivement le récit de cette jeune femme. Ainsi son salon avait l'air bien interessant, et une petite idée naissait déjà dans son esprit ; pas pour lui, mais pour quelqu'un d'autre. Quoi que, peut-être s'adonnerait-il un jour à ces techniques artistiques pour faire de son corps une oeuvre d'art... mais pas pour le moment, il avait d'autre préoccupation en tête.
La deuxième chose qui l'amusa fut de savoir que Mika et Hyde était entrer dans ce salon... mais il tiqua au mot "enceinte". Il ne savait absolument pas que cette sale chienne s'était faites engrosser, et encore moins par l'un de ces collègues. Coincidence, ou non ? Peut-importait au fond, mais il allait devoir avoir une sérieuse conversation avec cette chienne qui commençait vraiment à l'ennuyer et à devenir gênante.
Perdu dans ses pensées, il revint finalement à Philomène, et s'enfonça dans son siège tout en soupirant légèrement ; pas de lassitude, ni de joie... Cela ne voulait rien dire de spéciale.

" Oui, je suis au courant. Comme de la plupart des chose qui me sont proche [/b]" il mentait, bien sûr... mais ça, elle ne le savait pas. " [b]Ton magasin à l'air de bien marché, et tu semble sérieuse. C'est une bonne chose. "

Rui se souvint alors d'une chose qui l'avait chiffoné dans ces paroles, et reprit la jeune femme sur ce point, le regard dur.

" Tu disais que des rebelles venaient. Si c'est quelqu'un d'autre que Mika, informe moi. Je n'accepte pas que ces petits salaud viennent s'aventurer sur mon territoire. "

Rui eut un rire amer en constatant qu'une grande jalousie ressortissait de la voix de la junkie alors qu'elle lui parlait de Mika et de Hyde. Traitement de faveur, hein ? Ne comprenait donc t-elle pas que le directeur se jouait tout simplement d'eux. C'était pour son amusement personnel qu'il les laissaient errer tranquillement dans le Land of Decadence... Du moins pour Mika. Hyde, lui, n'avait rien fait de mal. Engrosser une rebelle n'était pas quelque chose de mauvais en soit. S'il avait voulut la baiser, grand bien lui face, ça ne le regardait pas. Cessant de rire un instant, il répondit alors sur un ton dur et froid qui laissait entendre que toutes ces paroles étaient absurdes.

"Mika et Hyde n'ont aucune faveur. Ils m'amusent, c'est tout. J'en fais ce que je veux. Alors ne vient pas si c'est pour me cracher pareil ignominie. "

Rui s'apprêtait à se lever pour la faire sortir, lorsque la jeune femme reprit la parole, d'une voix timide cette fois-ci. Et ce qu'il entendit le fit encore plus rire. Perdre la voie de junkie, hein ? Comme s'il y en avait une. Tout ces dépravés n'étaient que des pions utile à Rui, parce que amusant. Au final, sa politique ne servait pas à grand chose. Le chef ne comprenait d'ailleurs pas le but précis de son père... S'amuser, certes. Faire d'un monde trop conventionnel, une débauche sans nom... Aussi. Mais au fond, cela n'était bénéfique qu'aux personnes haut placées, et tant mieux. Alors que cette junkie minable vienne lui demander conseil le faisait encore une fois bien rire ! Cependant, il se devait tout de même de lui répondre, pour ne pas générer une rebelle de plus.

"Ton unique but dans la vie devrait être de mettre soumise et de te dépraver à ta guise pour vivre librement. La loi est pourtant claire. Tu dois de suivre notre ligne de conduite pour MON bien, donc, pour celui du pays. Drogue-toi, comme tu te nourris, et nourris-toi comme tu te drogue. C'est tout ce que je peux te dire. Ces conventions sont au goût du jour, et tu te dois de les suivre pour vivre. Voilà, ta raison de continuer à vivre ainsi : être accepté dans un pays tel que tu es, et avec des valeurs qui sont les notre. Les temps changent, et si avant les mœurs des rebelles étaient reconnue, aujourd'hui ce sont les notre. Suit les, parce que ta vie en dépend. Je serais vraiment déçue que tu te laisse encore aller."

Rui ne pensait pas tout ce qu'il disait... pas entièrement, du moins. Mais il savait parfaitement bien mentir.

- Je vous demande pardon mon Seigneur...

Elle baissa les yeux et écouta longuement le discours de son Dieu, un peu perdue. Suivre la voie pour aider son Maître... Jamais elle n'avait pu imaginer que son bien-être dépende des actions des connards qui vivaient sous son joug. Elle hocha longuement la tête, quelques mèches glissèrent sur ses épaules, dans un silence d'Eglise. Le chapelet serré entre ses mains d'enfants, elle récitait une dernière prière, l'âme emplie de ses passions, comme le Christ reniant son Père sur la croix.

- Vous avez raison. J'ai moi même honte d'être venue jusqu'ici vous faire part de ma stupide mélancolie. Il est vrai que l'homme s'enchaîne dans des obligations et devoirs, par pu acquis de conscience. Et pour justifier cet enchaînement, il s'invente un Dieu qui le dirigerait et qui forcerait ces même obligations comme des actes divins. La philosophie de la condition humaine ne mérite mérite même pas d'effleurer vos oreilles précieuses.

Dans ces derniers mots, elle se leva.

" Content que tu reconnaisse ton erreur . Tu apprendras de cela, j'espère bien . "

Rui se frotta les mains un long moment avant d'à nouveau les croiser, et observa la jeune femme se lever. Comprenant qu'elle allait sûrement bientôt le quitter, il crut bon d'ajouter :

" N'oublie pas ce que je t'ais dis , en sortant de cette pièce . Redevient une junkie digne de ce nom . Et montre que tu m'es digne . "

En espérant que son adoration pour lui servirait à la faire retourner dans le droit chemin. Il n'avait pas besoin d'une rebelle de plus, il y en avait déjà bien assez comme cela.

- Oh Maître... elle eut un sourire, je vous conseille fortement la Bible, surtout l'épisode de la Genèse, je pense qu'il vous serait très utile...

Dans un sourire complètement con et complaisant, la jeune femme sortie de la pièce, en chantonnant une petite comptine libertine, de la bave sur les commissures des lèvres.
Philomène se déhanchait excessivement, toujours exubérante dans sa décadence, comme Nancy dans les bras de Sid. Elle irait mourir d'overdose dans un trou du cul.

[FIN]