"Le spleen, c'est l'hymne à l'ennuie d'être" [Mao]

Il était près de huit heure du matin, alors que Zero déambulait sur le chemin étroit qui menait au bord du lac. Il était parti de son domicile avec sa voiture, qu'il avait abandonnée sur un pseudo-parking, à l'entrée du bois. Sillonnant à travers les arbres non taillés, slalomant entre les ronces, il souffrit de multiples griffures aux bras, mais il n'en tint pas compte. Il les sentait à peine, tellement son désespoir était grand. La douleur qui prenait possession de son âme était mille fois supérieure à toute meurtrissure physique.

Aujourd'hui, comme tous les 11 mars de ces six dernières années, le chef des rebelles avait prit un jour de repos. Une date qui n'avait strictement rien à voir avec une promenade de santé, bien au contraire.

Alors qu'il parvenait au bord du point d'eau, embrassant du regard l'étendu plate surmontée de nuages de vapeur, il se permit enfin de laisser perler sur sa joue une larme, une unique larme, qui serait suivie par d'autres s'il cessait de se retenir. Mais pas maintenant. Il souhaitait d'abord méditer quelques instants, jouissant d'un cadre véritablement parfait pour cela. Bien que ce lieu lui rappelle à son bon souvenir la raison de sa présence, il s'y sentait bien. Il avait ainsi le sentiment... qu'Il était toujours là.

Le soleil, levé de tout juste une heure, reflétait vivement ses rayons sur la surface du lac, perçant la couche de vapeur résultant du contraste entre la température de l'eau et celle de l'air. Zero se félicitait d'ailleurs d'avoir prit son manteau, car il ne devait pas faire plus de 1°C. Il rajusta le chapeau qui recouvrait son crâne, tout en laissant s'échapper ça et là quelques mèches de cheveux rebelles. Puis, par soucis de s'occuper les mains plus que par réelle nécessité, il frotta ses deux paumes gantées l'une contre l'autre, avant de partir s'installer sur un énorme rocher qui surplombait l'étendu d'eau ordinairement claire. Son regard se perdit alors dans les coloris orangés que prenait le ciel, et il se fit la réflexion que le spleen qui l'habitait depuis cette époque révolue menaçait de prendre possession de son corps. Oui, Zero était las de sa vie, depuis ce fameux jour, six ans plus tôt. Mais rien dans son attitude ne le laissait transparaître. Les gens comptaient sur lui, et lui, il se devait d'avancer pour mener à bien le Sanctuaire et les rebelles. Aujourd'hui était bien l'unique jour dans l'année où il se permettait de penser à son mal-être inguérissable au lieu du bien de son peuple.

* Rui... Un jour, je te tuerais pour m'avoir prit celui qui comptait le plus à mes yeux.*

Et sans pouvoir plus se retenir, il enfouit son visage dans ses mains, dissimulant avec peine le flot de larmes qui dévalait son épiderme.

Dans son chagrin intense, Zero ne pu entendre les pas discrets, qui avançèrent timidement vers lui...

Sorti depuis un peu moins d'une heure, Mao arpentait les rues à la recherche d'un nouvel emploi. Il avait démissionné de son travail en tant que vendeur. Le garçon n'aimait pas rester trop longtemps quelque part. La routine ne lui convenait pas et il changeait donc très souvent de boulot.
Un calepin dans une main et une chemise en carton dans l'autre, il faisait penser à ces personnes ennuyantes qui vous accostent pour des sondages à deux francs... Le blond regardait de droite et de gauche, dans chaque recoin, dans chaque vitrine, afin de dénicher une affiche de recrutement ou toute autre chose qui pourrait y ressembler.
Au bout de quelques minutes sans résultat, Mao changea de direction et s'en alla vers le lac. Ca le désespérait un peu de ne rien trouver ; d'ordinaire il parvenait à débusquer un job en très peu de temps. Mais apparemment pas cette fois-ci.
Donc, en guise de consolation, le rebelle s'autorisa une petite pause dans les environs du lac. Tout en marchant, le jeune homme rangea son petit carnet dans sa poche pour en ressortir un biscuit aux fruits. D'une main habile, ou plutôt habituée, il dénuda la friandise et y mordit à pleine dent.
Mao lâcha un long soupir de bien-être, le temps était calme tout comme l'eau de l'étendue sous ses iris marron. Le garçon demeura un instant sans bouger, à fixer un point devant lui. Ce calme l'apaisait vraiment et lui donnait une grande bouffée d'oxygène. Avec cela et son ventre rempli, il se sentait près à repartir à la chasse d'un emploi !
Cependant, assit sur un gros rocher peu éloigné de lui, le blond aperçut un jeune homme qui lui paraissait plutôt perturbé. En effet, ce dernier avait son visage baissé, comme entre ses mains et son dos se soulevait doucement. Pleurait-il ? A la fois d'inquiétude et de curiosité, Mao s'avança doucement vers l'étranger. Il déposa sa main sur son épaule.

« Que vous arrive-t-il ? » Demanda-t-il posément.

Tel lui toujours joyeux, il souhaitait voir les autres à son image. Les larmes ne lui correspondaient que très rarement et il voulait que son entourage soit toujours épanoui et enjoué. Son âme d'enfant il l'avait gardée et confectionnée afin d'en faire quelque chose de positif.

Zero sursauta sous le poids d'un contact non identifié sur son épaule et d'une voix s'élevant de nulle part. Mue par une véritable crainte, il se dégagea de l'étreinte impromptue, se retrouvant d'ailleurs à deux doigts de chuter dans le lac. Les yeux hagards encore humides de larmes, le cœur battant à tout rompre contre ses côtes, il se permit de regarder la source de sa soudaine panique une fois à distance respectable de cette dernière. Qu'elle n'en fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit un jeune homme blond, un air de totale incompréhension brillant dans ses pupilles noisettes, dont la main était restée suspendue dans le vide de part sa vitesse de réaction. Déconcerté, interrogateur, l'inconnu semblait aussi choqué que lui-même. Le chef des rebelles se rendit alors compte de la violence exagérée dont il avait fait preuve, et il se sentit soudain honteux. L'autre, ayant retrouvé une attitude normale, Zero tenta d'en faire de même, mais sa mine défaite ne convenait guère pour lui donner une contenance. Accablé de remords, blessé au plus profond de son âme, il ne parvenait pas à tarir le flot de larmes qui continuait de dévaler ses jours creusées par la fatigue.

* Comment puis-je perdre la face à ce point, sans même réussir à reprendre mes esprit, face à un inconnu ? *

Il se sentait pitoyable, et n'avait qu'une idée en tête : disparaître dans le sol. Finalement, tomber dans le lac n'était pas une si mauvaise alternative, non ? Mais il faisait froid, et il n'avait guère envie d'être mouillé. Demeurant toujours muet comme une tombe, le chef des rebelles déserta le rocher avant de tourner le dos à l'inconnu sans même s'excuser de son attitude. Il voulait fuir, le plus loin possible... Mais il eut à peine fait quelques pas que ses jambes se dérobèrent, et il s'effondra dans l'herbe fraiche et humide de rosée. Il n'esquissa pas un geste pour se relever, se contentant seulement de se redresser en position assise. Mettant son orgueil de côté pour quelques secondes, il rassembla ses forces pour cracher à plein poumon :

_ Ce qui m'arrive ? Aujourd'hui est un jour funeste. Aujourd'hui est l'anniversaire de la mort d'un être aimé.

Continuer devint impossible. Alors, Zero ramena ses genoux contre son corps, posant son front contre ces derniers alors qu'un nouveau sanglot lui échappait.

Mao resta comme choqué par la réaction du jeune homme en face de lui. Le blond faisait-il si peur pour que l'autre le fuit aussi rapidement ? Ou bien, il devait y avoir quelque chose de plus profond, sans doute. Du moins, Mao l'espérait.
L'inconnu ne s'excusa même pas et voulut partir. Cependant, le blond le vit s'écrouler au sol après seulement deux pas. Ses jambes flageolèrent et il tomba à genoux.
Mao apprit alors que l'autre garçon pleurait un décès d'une personne qui lui était probablement proche et importante. Il hésitait à aller le voir et tenter de le conforter. Après tout, il n'oubliait pas que deux minutes auparavant il souhaitait s'enfuir comme un voleur ! Mais le sans-emploi n'était pas d'un tempérament méchant, ni même mauvais. Il rejoignit donc l'autre homme et s'accroupit près de lui.

« Je suis sincèrement navré pour votre ami... Je peux faire quelque chose pour vous aider ? »

Il lui adressa un sourire mais il ne savait pas trop si le garçon l'avait vu.
Mao voulut alors reposer sa main sur son épaule, pour le réconforter, mais il se rappela que ce geste ne devait pas plaire à son interlocuteur. Il s'assit alors, sagement, à côté de lui et regarda le lac devant eux. Il se demandait également qui regrettait l'étranger ; une personne de sa famille ? Un ami ? Ou peut-être un, ou une, amant(e) ? Le blond soupira finalement. Il n'insisterait pas si l'autre ne voudra rien lui dire, au fond son histoire était personnelle.

Sujet mis en attente,
il vous suffit de me spécifier le lieu où se déroule le RP en m'envoyant un MP pour qu'il soit remit à sa place.

Merci !