Rencontre près de la fontaine. [Aki]

Le temps était radieux aujourd'hui. Pourquoi n'appréciait-elle pas ces couleurs vives qui enjouaient le monde et embellissaient les jardins? Se souvenant qu'Anna aimait le soleil, Wakana fit un effort et sortit de chez elle. Elle se promena dans les rues en s'émerveillant de la gaieté de certaines personnes. Le soleil brillait, un doux vent tiède parcourrait la ville et les oiseaux chantaient. Ces petites merveilles de la nature apportaient joie et santé, alors pourquoi ne pas les apprécier? Poursuivant sa marche sans but précis, la jeune rebelle bifurqua vers de magnifiques jardins. La beauté du paysage la laissa sans voix et un large sourire apparut sur ses lèvres. Arrivée au bout, une grande et somptueuse fontaine y demeurait et Wakana s'assit au bord, des ondes d'eau apparaissaient au contact de son index.

- Et encore une fois, je suis seule, soupira-t-elle.

A croire que la solitude l'accompagnerait toute sa vie. Wakana regarda autour d'elle: Différentes fleurs de diverses formes et couleurs dansaient paresseusement dans les jardins. Les abeilles butinaient tranquillement, profitant du beau temps et il y régnait une odeur d'herbe fraîchement coupée. La jeune femme se mit à chanter sa berceuse comme à son habitude, afin de surmonter le manque de compagnie. Elle aurait tellement aimé chanter une nouvelle fois avec Anna. Son chant fut interrompu par un merle qui vola trop près de l'eau de la fontaine et, lorsqu'il battit des ailes pour accélérer son vol, des éclaboussures se firent ressentir su sa peau imbibée des différents arômes de la nature.

Toutefois, elle ne continua pas son chant car elle aperçut non loin des jardins un inconnu qui avait l'air lui aussi être perdu dans ses pensées. Se surprenant elle-même, elle alla à la rencontre du jeune homme afin de l'extirper de la solitude dans laquelle tout individu se morfond.

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Une question à caractère vital se gravait en lettres rouge sang devant ses yeux. Une question secrète qu’il n’osait même pas formuler, la réponse à la fois évidente et indéterminée plantait dans son cœur une aiguille et le faisait souffrir, tant par sa véracité que par sa confusion. Avait-il peur de se l’avouer ou était-ce simplement le doute qui le hantait ?

Il ne savait pas.

A présent le souvenir de son séjour houleux dans les chaudrons calcinés de Land Of Decadence oublié dans un coin obscur de sa mémoire, il essayait, au moins, de se laver l’esprit par une bouffée fraîche d’air pur.

Quoi de plus pacifique qu’une bonne marche d’une demie heure ou la destination est le cadet de ses soucis ? Errer sans but, déambuler comme un somnambule, l’estomac aux talons et le regard vague. Bousculer les piétons et se surprendre que pas une once d’héroïne ne leur déformait le visage. Parfait.
Ou, quand, comment était-ce ? Peu lui importait. Il avait décidé de tirer trait sur son coté diabolique, il avait décidé de faire une pause et de considérer un peu le tournant chaotique que prenait sa vie.

A trop flirter avec les chiens, tu en deviendras un aussi. C’était la dernière parole que son oncle mal-aimé lui avait craché entre deux gorgées d’alcool, depuis le temps. Et puis rien.
Bam.

Tiré de ses sombres rêveries par le doux bruit de l’eau, il s’engagea vers la grande fontaine, cœur de la vie du sanctuaire. D’ici il pouvait humer ce parfum caractéristique de l’eau, sa peau frissonnait de la fraîcheur qui émanait de la fontaine d’où la nature se nourrit. Son estomac grogna et il se souvint de n’avoir pas mangé depuis des lustres.

Au fur et à mesure ou ses pas le guidaient vers la fontaine, et ou il envisageait d’aller quelque part se remplir le bide, il perçu une jeune femme à la chevelure remarquablement longue s’approcher de lui d’un pas si léger qu’il avait l’impression que s’était plutôt le vent qui la hissait vers lui. Il freina un peu pour s’arrêter. Gargouillement.

La jeune femme s’arrêta à une distance respectueuse et lui souri. Il ne put s’empêcher de lui rendre cette manifestation de bienséance.

- On dirait que je ne suis pas le seul à profiter du beau temps.

Car en effet, un soleil presque souriant était accroché entre deux petits nuages tout blancs. Un ciel limpide leur annonçait que la joie et la bonne humeur était les seuls mots d’ordre de la journée, et leur souhaitait de bien profiter du soleil et de s’épanouir comme des fleurs aux champs.
Rire pourrait être indécent, parce qu’à vrai dire, il n’aimait pas le beau temps.

- Je ne profite pas du soleil, je le subis, annonça-t-elle, tout sourire.

La jeune rebelle se demandait quels pouvaient être les tourments qui hantaient les pensées du jeune homme. Aucun individu ne devait être amené à se torturer de la sorte. Il y avait tant de remèdes pour tant de maux... Quel serait le plus efficace? Dans tous les cas, la solitude était exclue.

- Vous vous promenez souvent seul? lui demanda Wakana tout en l'examinant.

Elle ne savait pas si elle l'avait dérangé. A vrai dire, il était difficile de déchiffrer les émotions que pouvaient éprouver ce mystérieux inconnu. Embarrassée, elle regarda autour d'elle. Le silence était allié à la solitude, il étouffait l'atmosphère. Il n'était jamais facile de parler à un inconnu avec beaucoup d'entrain mais si elle devait lui tenir compagnie et ainsi le défaire de la solitude, elle devait également rompre ce silence trop pesant.

- Mon nom est Wakana, déclara-t-elle timidement. Enchantée.

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- En effet. Et pour cause : je n’ai personne avec qui me promener.

C’était vrai en plus. Une grimace lui déforma la bouche en considérant son état pathétique de solitude compensée. Tout ce temps perdu dans les méandres de la nuit et le refoulement des sentiments, il avait un peu oublié la décence et ne savait comment se comporter avec la société. Devait-il dire quelque chose ?

Quoi ? Il soupira. Son état était un désastre en soi. La solitude l’avait dompté et il s’était habitué à n’ouvrir la bouche que pour lancer des piques.

A l’entente de son nom, Aki émergea de ses pensées et dirigea son attention à la jeune femme. Wakana…

- Aki, tança-t-il presque sauvagement. Il tendit la main et son geste fut gratifié par un même plus dynamique de la part de Wakana.

Après quoi il bomba un peu le torse. Il voulait s’étirer comme un chat, miauler, s’étendre au soleil, griffer. Son interlocutrice paraissait un peu gênée du silence doux qui les enveloppait dans son cocon sourd. Seul le clapotis de l’eau faisait vibrer les ondes qui décoraient l’horizon.

- Allons vers la fontaine proposa-t-il en se reprochant son ton grognon. Il fallait se débarrasser de cette tendance à se mettre en rogne au moindre échange de paroles…

Ou était-il, déjà…

Ah oui, satanée question. Et puis zut, il allait oublier, pour un moment. L’eau lui ouvrait des bras humides et il n’avait qu’une envie : y plonger.

Wakana désirait vraiment apaiser l'atmosphère. Le prénommé Aki paraissait assez franc, d'où la main qu'il lui tendit et faisant de son mieux, Wakana sourit et la lui serra avec entrain. Cet homme semblait aussi mal à l'aise que la rebelle. Elle se détestait à ne rien trouver pour briser la glace. Elle souriait parfois timidement, puis tournait la tête.

Il n'y avait que les êtres humains pour avoir des soucis aussi futiles. A vrai dire, allez droit au but comme les animaux n'était pas une attitude digne d'un humain, une race bien plus distinguée que les autres.

Alors que faire? Le mystérieux Aki lui proposa d'aller près de la fontaine en grognant quelque peu.

- Comme vous voulez, annonça-t-elle d'un ton neutre.

Elle l'accompagna et s'assit au bord de la fontaine et scruta son interlocuteur. En fait, l'Homme se morfondait davantage dans ses pensées qu'il ne s'amusait en parlant. Du moins, c'était ce qu'elle pensait sous le regard intense du jeune homme en direction de l'eau.

- J'aime beaucoup l'eau. Elle purifie le corps et nous fait flotter sans que l'on touche le fond. Bien sûr il faut savoir nager! ria-t-elle.

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- Ouais, marmonna-t-il, c’est une façon de voir les choses.

Le voyage de l’eau du bout à l’autre du vaste bassin le distrait, il s’étonnait quelque peu de la rapidité et la dextérité avec laquelle chaque flot frais de ce liquide vital plongeait dans la marrée en s’unissant parfaitement, et avec quelle empressement les gouttes affolées parvenaient à se calmer une fois plongées dans le bassin.
Il plongea sa main dans l’eau froide et se rembruni : ses phalanges ne parvenaient pas à s’unir au liquide, il restait un objet solide coulant dans la vague fraîche.

A proximité de lui se trouvait Wakana, plongée elle aussi dans la contemplation de la fontaine. Ah tiens, une fontaine, de l’eau, la fraîcheur, blablabla. N’a-t-on jamais marre du même spectacle ? La répétition n’infante-elle pas la haine ? La ritournelle n’est-elle pas le refrain de la mort ?
Sans cesse se lever. Sortir. Prendre l’air. S’extasier devant la nature. Applaudir. Hurler. Tabasser. Faire ravage.

Soufflant impoliment, il secoua la tête et se détourna de ce triste spectacle. La vie était donc une monotonie répétitive ? Saluons la beauté, car elle est morte.

- A vrai dire, Wakana, ce spectacle me fait de la peine. C’est triste de se voir réduit à un simple spectateur.

Sa façon de penser troublait la jeune femme. Nous étions tous spectateurs d'un quelconque évènement, d'un paysage où les gestes de la nature se répétaient au gré du vent. Notre cécité nous rendait indéniablement à l'état de spectateur. Wakana se pencha vers Aki et lui posa une main réconfortante sur son épaule massive.

- Tout dépend du spectacle auquel nous assistons. Il est vrai que celui-ci n'est pas très amusant.

Encore ce lourd silence qui vint peser sur les fragiles épaules de la rebelle. Est-ce que son interlocuteur ressentait également cette pénible sensation? Fallait-il être au moins deux pour que l'absence de gestes, de bruits ou de paroles transformât la douceur du silence en un poids si imposant? Il fallait agir pour vaincre cette torture psychologique. Elle s'éloigna quelque peu du jeune homme en se demandant si une telle familiarité lui était permise. Elle s'assit sur le bord de la fontaine en contemplant son nouvel ami.

- Qu'aimeriez-vous faire dans ce cas?

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- Je ne sais pas …
Aki eut un sourire en coin. Car vraiment, il était à bout du rouleau, il lui semblait que le monde était restreint, qu’il était avalé dans une spirale qui l’absorbait vers un fond incolore. Il avait cette constante impression qu’il revivait toujours la même chose, qu’il était enfermé dans un espace temporel qui ne faisait que se répéter. Il voulait sortir. Perforer les parois de cette sphère, sentir l’air lui fouetter la peau et gouter la saveur de la délivrance.

- Je veux assister à quelque chose de nouveau, pour une fois, quelque chose qui me captivera au point d’oublier de respirer, au point d’oublier jusqu’à mon corps, jusqu’à ma nature, j’aimerais assister à un événement bouleversant qui m’entraînera dans son élan et me chamboulera, jusqu’à m’en saccager le cœur, la raison. Je veux me sentir ivre. Oublier la vie.

Il pivota lentement sa tête en direction de Wakana qui, jusque là, se tenait à une distance raisonnable, paisiblement assise au bord de la fontaine, avec son regard profond et clairvoyant, avec ses cheveux légers et sa peau blanche, il avait l’impression qu’elle était une image sur un papier dessin qu’il pourrait modifier avec un simple crayon jusqu’au moindre détail de son corps. Il se demanda si elle ne se trouerait pas s’il lui administrait une bonne droite. Un trou parfait, rond comme un ballon, juste là, au milieu.

Au fait, il aimerait faire tellement de choses que son esprit se trouvait confus, incapable de choisir une idée dans ce taudis de pensées brouillonnées ça et là dans les parois de son cerveau. Des petites mains invisibles tiraillaient ses cellules, chacune criant son envie qui se mêlait au chahut des autres désirs. Trop de désirs tuent le désir. Maintenant il était las, vide.

Wakana, sage comme une plume d’oiseau ornait le bord de l’eau de sa présence douce, presque religieuse. Il avait envie de la secouer, de lui ébouriffer ses cheveux trop lisses, de la pousser dans l’eau, de jouer comme un gamin, comme le gamin qu’il n’a jamais été, il avait envie de vivre son enfance escamotée, mais il savait qu’il était trop vil pour trouver cette innocence du geste et cette spontanéité de la parole, il savait qu’il était trop pourri, qu’il était un fruit altéré, trop mur, gâté.

Il se remit à contempler son reflet au bord de cette eau stagnante, misérable, morte. La surface lui réfléchissait une figurine déformée, à la peau blafarde et aux sourcils froncés, avec un nez pointu et une bouche grimaçante, couvrant des dents grinçants. Ecœuré, il cracha sur ce visage hideux. Il voulait se cracher dessus. Quelle laideur, non mais quel face de rat tu fais mon pauvre il te manquerait plus que la barbe d’un sorcier tu seras la risée on te comparera à un sale voyou que tu es d’ailleurs tu pues la crasse t’as dormi dans une décharge il avait raison de t’enfermer dans les toilettes à force tu ressembles à une cuvette.
Aki ne se rendit pas compte qu’il marmonnait des mots insensés, que son salmigondis ressemblait au grognement d’un chien enragé. Il avait fermé les yeux pour ne plus se voir. Son visage, mêlé à celui de son bourreau s’entremêlaient, des phrases lui revenaient en tête, des serments, des litanies. Il secoua la tête mais l’image refusait de sortir. N’en pouvant plus, il s’agenouilla sans façons et plongea son visage dans l’eau transparente et lisse comme la peau de Wakana et régurgita.

La nature avait remis aux humains des émotions d'une telle ampleur et d'un si grand nombre qu'il était ardu de les contenir au fond de soi-même. Cet homme semblait à bout, confronté à diverses sensations qui se dispersaient telles des molécules d'eau. Il était en effervescence et était sur le point d'exploser. D'une compassion inhabituelle, Wakana posa une main sur l'épaule d'Aki et s'attrista néanmoins:

- Je doute que de l'eau aussi fraîche soit elle puisse rafraîchir votre âme. J'aimerais tellement vous aider..., avoua-t-elle d'une voix timide.

Alors que la paix régnait plus ou moins dans le coeur de Wakana, celui de son interlocuteur était obstrué par une souffrance indéchiffrable. Voulant lui épargner quelques litanies au sujet de la douleur, la jeune femme essaya en vain de jauger le jeune homme pour tenter de l'extirper de ce tohu-bohu sibyllin contre lequel il combattait quotidiennement. Elle fit face à Aki et lui caressa le visage. Pourquoi agissait-elle ainsi? S'il désirait être seul, elle devait respecter son choix. Cependant, la détresse qui s'émanait de lui avait mis les sens de Wakana en alerte. Le fait qu'elle s'attachait si vite aux honnêtes gens lui faisait partager indéniablement les tourments de ces derniers. Elle aurait voulu s'imprégner de son chagrin et ainsi le délivrer, lui offrant une renaissance, seulement sa compagnie était superfétatoire, Wakana apparaissait comme un fantôme, un esprit errant autour de pauvres âmes en perdition.

- Accepteriez-vous de vous confier à moi? Cette charge que vous porter est bien trop pondéreuse, il faut la délester.

Elle ne s'attendait pas à un miracle, mais s'il fallait s'évertuer à ne serait-ce qu'atténuer les souffrances de cet homme, Wakana s'acharnera jusqu'au bout.

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- Il n’y a rien à dire.

La réponse d’Aki fut ponctuée d’un geste brusque, il se débarrassa de cette main compatissante qui lui écrasait l’épaule et la patience et se tourna, face à Wakana, délaissant sa contemplation de l’ondulation de l’eau pour mieux toiser son interlocutrice. La chaleur de sa voix le rendait perplexe, aussi avait-il mesuré d’un œil circonspect ce flot affectueux et cette attention un peu trop parfaite pour être normale.
Peut être que …
Rien.

Soupirant d’exaspération plus contre lui-même qu’autre chose, il leva son point et l’abattit sur la surface de l’eau, puis il s’adossa au bord de la fontaine et mit ses mains dans ses poches. Wakana, toujours immobile, attendait la délivrance peut être, ou jouait-elle toujours ce rôle d’ange gardien …
Objectivement, Wakana n’avait rien de déplaisant, sa peau laiteuse couvrait ses courbes comme une fine couche de crème à laquelle il aurait aimé gouter… ses mains délicates bougeaient au ralenti, elle avait cet air de sirène jouant mal à la harpe… Tout son être semblait dire : profite de ma gentillesse. Profites-en.
Pourquoi ?

- Mais si vous y tenez, fit-il lentement, comme s’il allait abattre une malédiction, vous pouvez m’octroyer une faveur…

Et, non sans arrière pensées, il avança sa main vers la joue légèrement rebondie de Wakana, laissant libre cours à ses doigts de caresser ce derme de nouveau-né, goutant préalablement au délice de cet être tellement candide…

Déroutée. Wakana demeura ainsi face au geste abrupt de l'homme. Elle se sentit soudainement superflue, toutes ses tentatives ne rimaient à rien. Pourquoi ne pas s'en aller, loin de ce regard vide, car à présent la jeune femme se sentait désarmée. Que pouvait-elle faire d'utile pour lui?

Elle sursauta légèrement lorsque son interlocuteur fendit brusquement l'eau de son poing. Puis, elle le contempla en demeurant stoïque, Aki était maintenant posé sur le sol contre les bords de la fontaine. Elle s'accroupit doucement pour être à le même hauteur. Pourquoi ne lui demandait-il pas de partir si sa présence était de trop?

Il avait l'air de dévisager la jeune femme, elle en fit de même. Elle avait cette envie de lui faire prendre conscience de sa beauté mais... S'en préoccupait-il après tout? Ce regard intimidant, ses cheveux ébouriffés, cette prestance inhabituelle... Le remarquait-il seulement?

Sa voix grave résonnait encore dans sa tête lorsqu'il lui caressa tendrement la joue. Elle ne comprenait plus rien, elle ne voulait plus rien comprendre. Elle se risqua à effectuer le même geste et un sourire doux et placide se dessina sur ses lèvres.

- Les mots ne me viennent plus...

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Aki ferma les yeux, un instant, et souhaita que ce moment s’éternise, à jamais. Il pouvait juger n’avoir jamais ressenti une telle douceur, une telle affection dirigée vers lui, rien que pour lui, aussi y prenait-il un plaisir nouveau, un plaisir douceâtre et délicat, presque religieux. Il ne put détacher ses doigts de la joue de la demoiselle, ni avancer ses caresses. Il se contentait de fermer les yeux sur tout, et de laisser son cœur se caresser …

Toutefois, il rompit l’échange à grand regret, non pour casser cette intimité qui naissait peu à peu entre eux, mais bien pour caresser la texture raffinée de cette longue chevelure dont quelque mèches négligemment posées sur ses épaules rampaient pittoresquement en ondulant légèrement jusqu’à son ventre. Il en saisit une et l’enroula autour de son index, elle était tellement soyeuse qu’elle glissait comme de la soie sur sa peau rêche.

- Et qu’es ce qu’il vous a tant troublé, Wakana ?

Cela dit, il laissa sa main glisser le long de la mèche puis abandonna sa caresse et laissa trainer son bras. Il bougea un peu pour avoir une position plus confortable et re-concentra son attention sur la jeune femme, attendant une réponse de sa part. Un sourire innocent ce dessina sur ses lèvres en remarquant que Wakana le dévisageait avec un air … incrédule ? Quelle étrange créature.

Wakana continuait de caresser la joue du jeune homme qui fermait les yeux. Ainsi, elle put le contempler sans gêne, profitant de cette temporaire cécité pour se délecter de sa beauté. C'en était affligeant, troublant et un peu étrange mais aussi innocent que le regard d'un enfant plein de curiosité. Et elle était curieuse de savoir qui cet homme était vraiment.

Aki dirigea sa main vers les cheveux de la jeune femme qui avait retiré la sienne de sa joue. Intriguée, elle admirait le parcourt lent et sinueux qu'effectuait la main du jeune homme sur sa longue chevelure qui tombait en cascade jusqu'au bas de son dos. Ses joues se teintèrent d'une faible couleur chaude et son cœur battait de manière saccadée comme s'il ignorait s'il devait s'emballer ou rester calme.

- Je crois qu'il s'agit de votre tendresse.

La confusion ne certifiait pas vraiment ses propos mais il était tellement simple de la troubler... Aki mit fin à se caresse et changea de posture avant de contempler une nouvelle fois la rebelle. Il lui offrit un sourire ingénu qui la troubla davantage. Elle ancra son regard dans le sien comme pour chercher une réponse dont la question n'était même pas encore formulée.

- Vous êtes un homme étrange Aki, mais je me plais à demeurer en votre compagnie, déclara-t-elle en lui rendant son sourire.