Une promesse est une promesse, Rui...

Kanon avait laissé le chef des Junkies avec le petit rat blond qui l'avait emmerdé, et était rentré chez lui. Il se demandait ce que Rui lui donnerait en échange. En vérité il s'en foutait. Il l'avait donné au chef Junkie pour se venger, pas pour avoir quelque chose.
Mais maintenant il était curieux. Le soir, le brun était allé travailler normalement, puis s'était couché vers 8h du matin. Il avait ensuite dormis jusque 16h pour ensuite prendre une douche, manger et se préparer, en direction de l'Opium Industrie. Il était bien 18h maintenant. Comme il avait déjà débarqué la veille avec Ruki, on ne lui posa pas trop de question et le mena jusqu'au bureau de Rui.
Il remercia l'assistant qui l'y avait conduit.

"J'aurai jamais retrouvé tout seul, franchement."

Un endroit aussi grand. Finalement, il frappa à la porte pour rentrer après avoir reçu l'autorisation requise. Mais oui il peut être poli des fois.

"Bonjour!" Oui enfin, c'était plutôt le soir hein...

Rui bossait d'arrache pied, mais se doutait qu'il aurait bientôt de la visite. Hier, il avait promit au petit Kanon une récompense, et le jeune homme était du genre impatient... Il viendrait sans doute au plus vite réclamer son dût ! Rui avait tout prévu, bien que ce soit une très simple récompense. Ca lui ferait peut être plaisir, ou peut être pas... Le blond n'en avait cure, il prendrait et se tairait, même s'il n'était pas content. Le directeur faisait déjà l'effort de lui donner un quelque chose - parce que ce qu'il lui avait rapporter la veille était une vrai chance ! - mais il n'allait pas non plus s'agenouiller. Fallait pas pousser, il restait lui-même, hein !

Il avait eu une bonne intuition, pour ne pas changer. Kanon était arrivé quelques heures plus tard dans son bureau, comme une fleur. C'était le soir, et il lui disait "bonjour", ça n'étonnait pas Rui. Rui, qui ne répondit pas, trop plongé dans son travail. Il finit de remplir sa paperasse avant de relever sa tête et de dire d'un ton monocorde habituel :

" Je t'attendais. "

Kanon sourit.

"Normal, vous m'avez demandez de venir aujourd'hui, hein."

Bien sur qu'il l'attendait! Kanon était venu. En vérité il ne voulait pas trop s'impliquer avec Rui. Pour deux raisons. De un, sa sécurité personnelle. Il avait un mauvais caractère et de ce qu'il avait entendu dire de Rui, être trop provocant envers lui n'était pas l'idée la plus passionnante. De deux, il ne voulait pas que de quelque façon que ce soit, Rui mette son nez dans les affaires du Maboroshi.
Mine de rien, malgré leur très mauvaise relation, Kanon devait beaucoup à Miyavi. C'était grâce à lui qu'il était indépendant et qu'il pouvait s'amuser. Et il savait que son patron n'avait qu'un seul but dans tout ça: qu'on le laisse tranquille. En plus, il avait l'air de ne pas avoir une bonne opinion de Rui.
Soit, le brun s'avança et s'assit sur le fauteuil en face du bureau du blond.

"Donc, me voilà!"

Rui acquiesça silencieusement, les mains jointes et les doigts enlacés, sa tête posée sur ces derniers. Son regard ne traduisait aucun sentiment, aucune pensée : il était neutre, plus que jamais. D'une pression du pied sur une pédale cachée, il appela un serviteur à qui il ordonna d'amener de quoi manger, et puis du thé très sucré, pour qu'ils puissent tout les deux discuté tranquillement. Ce n'était pas dans ses habitudes d'offrir de quoi se repaître à ses invités, mais tout de même : Kanon lui avait rendu un grand service sans même s'en rendre compte, et il se devait de le remercier. Rui était sévère, pas inhumain et injuste : quelqu'un de respectable malgré tout, du moins, dans une certaine mesure.

Il s'était renseigné sur Kanon, et savait désormais l'adresse exact de l'endroit où travaillait le jeune homme, il avait même apprit jusqu'aux détails de son histoires personnelles et avait donc apprit sans problème que ce dernier raffolait de sucreries. En un sens, il lui rappelait un peut Ryutaro : il était rebelle, n'avait pas la langue dans sa poche et ne se nourrissait que de chose sucrée. S'il n'avait pas été insensible, cela l'aurait sans doute fait sourire.

Ce fut donc des gâteaux et du thé avec un nombre incalculable de morceaux de sucre - ainsi qu'un pot de miel - qui arrivèrent dans son bureau, et furent posée sur la table basse. Rui se leva, prenant place sur le canapé et invitant Kanon à s'asseoir en face de lui : dans un fauteuil très confortable.

" Sert toi à ta guise " annonça t-il enfin, lorsqu'ils furent attablés.

Et bien Rui avait du bien s'amuser à enquêter sur Kanon. 'Fin, l'host n'était pas stupide, il se doutait qu'entre temps le chef des chefs avait fait ce qu'il fallait pour savoir à qui il avait affaire. Il faudrait être stupide pour ne pas prendre ce genre de précaution. Il savait donc que sa présence ici mettait "en avant" le Maboroshi. Et nous revoilà donc au point de départ: ne surtout pas trop s'impliquer.
Rui ne parlait pas beaucoup. Il avait l'air sacrément coincé en fait! Il se fourrait ses papiers dans le cul ou quoi? Kanon attendait, mais son attention fut très vite aspirée par une montagne de sucre qui arrivait. Le brun s'installa dans le fauteuil qu'on lui indiquait et quand on l'invita à se servir, il se fit une tasse de thé auquel il ajouta un seul sucre, mais une bonne cuillère de miel.

"On dirait bien que je suis cerné hein." Après tout, ce buffet de déchéance nutritive était la confirmation que Rui était allé enquêté sur Kanon. Et pour savoir qu'il avait un problème avec le sucre, soit il avait interroger un de ses amants d'une nuit, soit il avait fait une étude des courses qu'il pouvait faire.

"Vous vous êtes donné du mal, c'est trop gentil." Tout ça pour un petit chihuahua blond qui grognait pour du vent. Il y a des choses dans ce monde que Kanon ne comprendra jamais.

Kanon n'avait pas particulièrement l'air de comprendre ce qui lui arrivait : certes il avait sans mal intégrer le fait que Rui s'était renseigné sur lui, mais pas les raisons de ce plutôt grand intérêt pour un service qui lui paraissait être très peut. Il ne devait pas se rendre compte de l'impact que ce qu'il avait fait subir à Ruki pourrait avoir sur le chef des rebelles... et s'était tant pis ! Rui n'était pas là pour lui expliquer le pourquoi du comment, et il ne le voulait de toute manière pas. Kanon devait rester à sa place : le Host qu'il était. Qu'il ouvre un peut trop sa bouche ne le gênerait pas outre mesure, il le lui passerait part générosité.

" Si tu le dis. "

L'acte n'était pas gentil : Rui faisait son travail de chef, et s'en montrait digne.

" Quelle drogue préfère tu, et quel alcool ? "

Autant aller droit au but.

Et bien Kanon savait que Ruki n'était pas n'importe qui et qu'il avait fait une bonne action. Il se fichait du reste. A ses yeux, Ruki n'était apparu que comme une gêne. Encore une fois, ce n'était pas pour le bien des Junkies, ni contre les rebelles, mais pour sa propre paix intérieure. Du coup, il ne mesurait qu'à moitié à quel point il avait rendu service à Rui. Parce qu'il n'avait pas la moindre intention de lui rendre service.

"Aaaah vous êtes trop froid."

Marmonna-t-il, "Il faut vous détendre hein."

Rui lui avait demandé la drogue et l'alcool qu'il aimait. Kanon y réfléchit. C'était ça son cadeau? La drogue et l'alcool qu'il voulait? Le brun ricana.

"C'est une bonne récompense, mais si je voulais autre chose, vous me l'accorderiez?"

Rui entendit le marmonnement très peu discret de Kanon, mais ne dis rien. Oui, il était froid. Oui, il paraissait coincé comme pas possible. Oui, il n'était pas agréable pour un sou. Et alors ? Il était comme ça, et personne ne le changerait dans sa façon de faire avec ceux qu'il considérait comme ses "clients". Kanon n'était ni plus ni moins qu'une personne de plus qu'il rencontrait, et n'allait pas non plus le traiter en ami, fallait pas rêver ! Déjà qu'il était quand même froid avec ceux qu'il considérait un minimum, alors avec les autres, s'était même pas la peine d'espérer autre chose. Rui ne répondit donc rien, se laissant rabaisser - enfin, s'était vraiment pas bien méchant quand même ! Puis, quand Kanon demanda à avoir autre chose que de la simple drogue, Rui hésita. En général, il décidait ce qu'il donnait et ne discutait pas, surtout pour de simple récompense mais... il avait envie de savoir ce que Kanon avait derrière la tête. Ce gosse l’intéressait de part son côté rebelle et indomptable. Puis, disons le : Rui s'ennuyait dans son bureau depuis des heures, et un petit retournement de situation ne lui ferait pas de mal.

" Propose toujours, pour voir. "

Il regardait jusqu'où allait la limite. Il testait, avançait, il cherchait dans le regard de Rui comment il pourrait le provoquer un peu. Dire qu'il ne voulait pas s'impliquer! Mais c'était plus fort que lui ça... Quand il trouvait un nouveau jeu, il n'arrivait décidément pas à s'arrêter... Ah! Rui voulait bien entendre sa requête? Kanon reposa sa tasse de thé.

"C'est pas grand chose, vraiment..."

Il se redressa dans son fauteuil, croisant les jambes et appuyant ses bras dessus pour s'avancer un peu. L'idée avait fait tilt depuis sa phrase précédente. Si il devait avoir une récompense, il fallait que ça le sorte lui aussi de l'ordinaire!

"Je veux jouer à un jeu avec vous. On va le nommer "La soirée détente de Rui", les règles sont simples! Je vous emmène en soirée, c'est moi qui paye, et le but du jeu, c'est d'arriver à vous faire sourire. Si je gagne, j'aurai la prétention d'avoir décoincé le grand Rui. Si je perd, je vous devrai un service. Celui de votre choix."

Il se réinstalla dans son fauteuil. "Alors, vous jouez avec moi?"

Rui ne s'attendait pas une seconde à ce que Kanon lui propose un tel marché... Un jeu, inutile. Inutile, mais fort intéressant ! Le directeur ne sourirait jamais, ou alors que de façon sadique ou hypocrite. Pour que le jeune homme arrive à le faire sourire sincèrement... il en faudrait ! Autant dire, que ce n'était pas gagner : c'était même perdu d'avance. Cela dit, Rui avait bien envie de voir comment le Host comptait le déridé ! De plus, le compromit était vraiment sympa : s'il n'y arrivait pas, Kanon lui devrait quelque chose. Ouais, il n'avait rien à y perdre, et en plus : il occuperait son temps de manière plus ou moins passionnante. Ca promettait d'être drôle... enfin, intérieurement drôle. Rui ne laisserait pas apparaitre le moindres sourire, il était trop fier pour cela... Enfin, il ne se retiendrait pas non plus, il n'était pas un mauvais joueur, mais il était persuader que Kanon n'y arriverait pas. Il aurait bien été le premier.

Le directeur hocha alors la tête, le regard dur :

" Je suis d'accord. Quand tu veux. "

Kanon se fichait un peu de ne pas réussir son paris en fait. Mais il aimait bien se lancer des défis! Loin d'être mauvais perdant, quand il jouait c'était pour s'amuser, pas pour gagner. Il espérait que Rui allait dire oui! Parce que drogue et alcool il pourrait en avoir comme un grand. Passer sa soirée à se marrer en essayant de décoincer le chef des chefs, c'était vachement moins accessible!
Et Rui accepta, quand il voulait! Kanon se redressa un peu, passant une main dans ses cheveux et regardant l'heure.

"Disons ce soir alors! Je dois juste rentrer chez moi et me préparer, et aussi prévenir Miyavi... Woaaa, il va gueuler, ça fait deux jours que je sèche."

Le brun s'étira en souriant amusé. Si en plus de ça il pouvait énerver Miyavi un peu plus, il gagnait vraiment sur tous les fronts. Kanon se leva alors, attrapant un gâteau au passage.

"Vous terminez vos paperasses vers quelle heure? "

Rui hocha la tête à la positive, d'accord pour que cela se fasse ce soir, et répondit sans plus tarder :

" Dans deux heures. Maintenant vas t'en, et retrouve moi à l'entrer plus tard. Et pas de retard permit. "

Rui le chassa de son bureau sans plus tarder et se remit à ses affaires. Mine de rien, c'était pas simple de gérer une entreprise, surtout à son jeune âge, et il y en avait, des choses à faire ! Quand il eu finit de remplir tout en tas de papier, et de les signer, il se rendit dans les locaux de ses employés pour vérifier si tout se passait bien. Aucun problème n'était à déplorer pour aujourd'hui, chose plutôt rare ici... Il y avait souvent des morts, la journée. Enfin, le directeur fut content de ce constat, et retourna à son bureau pour finir deux trois choses.

Les deux heures passèrent donc bien vite, et une fois près, il ferma son bureau et se rendit à l'entrer de son usine. Et il attendit. Il avait deux minutes d'avances, de quoi laisser le temps à ce cher Kanon d'arriver.

Rah, franchement, Rui était particulièrement coincé! Pas de retard permis, tu sais pas à qui tu parles mon petit! Mais Kanon partit sans faire d'histoire. Il appela d'abord Miyavi pour lui dire qu'il ne viendrait pas. Le patron fut étonné -> Normalement Kanon ne prévenait JAMAIS. Et quand son host lui expliqua qu'il devait tenir compagnie à Rui, Miyavi crut bien faire un infarctus. Il laissa donc Kanon prendre sa nuit et lui ordonnant de ne pas faire de connerie car il utiliserait ses dernières forces pour le réduire en cendre si jamais Rui foutait un pied dans son établissement. Ah...
Le brun partit ensuite se doucher et s'habiller, réfléchissant à ce qu'il pourrait faire faire à Rui pour qu'il se détende un peu. Il prit finalement la route pour aller rejoindre le blondinet et arriva en taxu... Avec deux minutes de... retard, bien sur.

"C'est moi! Désolé pour le pseudo-retard."

Il ne donna pas d'excuse parce que son excuse c'était -> Tu m'as ordonné d'être à l'heure. Et il savait que ça ne plairait pas. Il attrapa finalement Rui par le bras pour le mettre dans le taxi et lui dire d'avancer.

"On va aller quelque part où vous serez tranquille." Bah il savait bien que s'ils allaient dans un lieu où on connaissait Rui ce dernier allait rester coincé!

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