Qu'attends-tu de moi? [Rui]

Die sursauta lorsque la sonnerie de son téléphone se déclencha, le tirant de la profonde extase dans laquelle il se noyait depuis bientôt une heure. C’était vraiment le pied, il ne regrettait pas une seule seconde d’avoir bossé toute la journée pour se payer cette nouvelle drogue au magasin d’Omi. La jeune louve avait toujours eut du goût pour les choses de la défonce sacrée, et même en Héroïne elle en connaissait un raypn. Die, lui ne jurait que par ça ; et cette brune qu’il s’était injectée lui faisait un effet monstre. Il tâtonna un instant sur le sol, du bout de ses doigts engourdis, afin de retrouver son téléphone portable –Plus ou moins portable, d’ailleurs, vu la taille du monstre. On avait fait plus moderne. Il poussa un soupir las en constatant que malgré ses efforts, il était incapable de voir correctement l’écran de l’appareil ; il plissait les yeux, s’éloignait du cadran, tentait maladroitement de baisser la luminosité des lettres numériques, mais il n’y avait rien à faire. Sa vue, troublée par les effets de l’héroïne, ne lui était plus d’aucune utilité. De rage et d’impuissance, il entreprit de bourrer son matelas de coups de poings vengeurs ; au bout d’une ou deux minutes d’hystérie, son esprit se clarifia. Le message était de Rui, qui lui demandait de se rendre à son bureau dans les plus brefs délais. Les plus brefs délais… ça voulait dire qu’il aurait déjà du y être. Sans prendre la peine d’enfiler des vêtements propres, seulement vêtu d’un jean noir, de ses grosses rangers dépouillées, et d’un étrange manteau mêlant la fourrure au cuir cloutés, il fuit son appartement ; il chancelait parfois, toujours hébété par la drogue, mais fini par arriver à l’Opium Industrie sans trop de retard.
Die était en sueur lorsqu’il atteint la porte du bureau de Rui. Non pas qu’il eut fait des efforts monstrueux, mais à cause de l’H il se fatiguait bien plus vite que la normale et sa tension était très irrégulière. Il frappa deux coups légers à la porte sombre, et se laissa glisser au sol. Il s’alluma mollement une cigarette qu’il laissa pendre entre ses lèvres rouges, et retomba lentement dans l’extase qu’il avait quittée un peu plus tôt. Ce que Rui voulait… ? Il n’en avait strictement rien à foutre. Il était défoncé, rien de négatif ne pourrait lui arriver. Un sourire faussement bête sur ses lèvres figées, Die attendait.

Plongé dans sa paisible béatitude, Die mit quelques secondes à comprendre que la voix glaciale provenant du bureau s’adressait à lui. L’unique ordre, ferme bien qu’indifférent, le fit se dresser avec une telle vivacité qu’il en perdit l’équilibre. Il se tint un instant au battant de la porte avant d’en tourner la poignée. Se remémorant l’agacement qu’il avait perçu dans la voix de Rui, il sentit l’angoisse monter en lui malgré la quantité de drogue aberrante qui parcouraient ses veine, annihilant au passage le moindre sentiment humain. Il reconstruisit son sourire stupide et à petits pas faussement gênés, il pénétra dans la pièce. Quoi qu’il en dise, Rui lui foutait la trouille ; il n’osait pas le regarder dans les yeux et laissait son regard parcourir furtivement la pièce. Il s’arrêta sur le mégot qu’avait le patron à la main et se souvint qu’il avait une cigarette aussi. Il la laissa tomber à terre et l’écrasa vaguement du bout du pied, hésitant sous le regard de Rui qu’il savait dur.
Il ouvrit la bouche, la referma, tenta maladroitement de faire face à l’homme nonchalamment assit derrière son bureau, abandonna. Ici, il était plus facile à écraser qu’un insecte. Il resta silencieux, se contentant de se dandiner d’un pied sur l’autre comme un enfant prit en faute.

Le bruit que provoqua le poing de Rui sur le bois épais lui fit finalement lever les yeux. Son regard, incertain, se planta dans ceux de Rui -Hautains, méprisants, amusés. Die ne put retenir un frisson de dégoût devant ce regard mauvais, mais prit garde à ne perdre ni son sourire, ni son attitude -presque- délibérément soumise. De nouveau, la voix de Rui s'éleva et il y perçut tant d'émotions négatives qu'il ne comprit pas immédiatement le sens de ses paroles. Quand il saisit enfin, c'est un regard sincèrement surpris qu'il adressait à Rui. Un rire jovial franchit ses lèvres et, avec l'inscouciance du gibier qui se jette dans les pieds du chasseur, il s'avanca vers le dirigeant de l'Opium Industrie. Son large sourire figé sur son visage, il s'exclama:

"Tu sais pertinemment c'que j'faisais, hein?"

Dans ses yeux voilé par la drogue, dansait une lueur d'amusement. Il ne se moquait pas de Rui, non, seulement il trouvait pittoresque le fait que ce dernier prenne la peine de l'intimider ainsi alors qu'il flippait déjà. Finalement, il ne savait que trop bien ce que Rui pouvait attendre de lui. Ses services, son cul, sa mort peut-être. Rien ne vraiment important, en somme. Sans plus de cérémonie, il s'assit d'une fesse sur le bureau de Rui; il était terrorisé par ce dernier, mais se mettre en danger était finalement quelque chose d'amusant...Malgré lui, sa voix tremblait.

"Et donc, que me vaut l'honneur de cette invitation?"

A l'ordre vulgaire mais impératif de Rui, Die se remit sur ses pieds sans se départir de son sourire. Aucune satisfaction ne se lisait sur ses traits stupides, mais il se régalait de voir comme le dédain et la moquerie de Rui avaient laissé place à un énervement palpable. Puis, il attrapa la feuille que lui tendait l'homme entre deux doigts et en parcouru vaguement les lignes. En la reposant sur le bureau, il lança avec désinvolture:

"Je sais pas lire"

Avant de tracer brutalement une croix au bas de la feuille, cellant leur accord. Il planta ses yeux ternis dans ceux de son désormais patron, s'agenouilla devant le bureau et y posa ses deux coudes. Il n'avait que faire de ce contrat dont les closes ne seront de toute manière pas respectée par Rui. Il tremblait d'appréhension à l'idée que son patron puisse le tuer sur un coup de tête, mais il ne semblait pas avoir le choix. Pas cette fois. Alors, d'une voix qui se voulait assurée mais qui trembla malgré lui, il ajouta:

"Je commence quand?"

Die ne put retenir un rictus mauvais en lisant l'énervement dans les yeux de Rui. Mais toujours, cette lueur d'amusement sadique qui y brillait ranimait sa peur. Vraiment, ce type était flippant. Il jouait avec lui, et si Die continuait de le défier...Il allait s'en tirer mal en point. Ce qui se révéla parfaitement vrai quand son patron lui tira violemment les cheveux pour le dégager de son bureau; Die retint tant bien que mal un cri de surprise et de douleur, mais gémit tout de même quand il cogna son dos contre un fauteuil. Il releva vers Rui un regard mitigé entre la haine et l'amusement; il avait l'impression que ce type ne faisait que jouer un rôle dans le seul but de soumettre tout homme osant s'approcher de lui...
Putain de boulot de merde. Il s'agissait de quoi, en réalité? Obéir, se plier aux règles farfelues de ce taré en puissance? Ce taré... C'était un junkie, tout comme Die. Ils étaient pareils. Aveuglés par leur orgeuil.
Die voulut se remettre sur ses pieds, mais Rui avait profité de son hébétitude après la chute pour s'approcher, et venait d'écraser sa cigarette sur sa joue. Là, Die ne put retenir un cri qui s'étouffa dans sa gorge et entre ses dents serrées. Là douleur était telle qu'il en était sorti de son étourdissement dû à l'héroïne, et la réalité lui apparut plus clairement. Il était à la merci de ce type...
Et quand la question de Rui lui parvint, il décida de jouer, lui aussi...

"Ce n'est pas avec le feu que j'aime jouer... Le feu, c'est moi. Regarde..." Murmura-t-il en caressant fugacement la plaie rouge qui ornait à présence sa joue: "Je brûle."

Son sourire s'était encore élargit. Mais cette fois-ci, il était réellement amusé.

Die se sentait terriblement mal. Il pouvait dire ce genre de chose ou feindre l'amusement avec les types lubriques qui étaient prêts à tout pour partager son lit (Bien que l'utilisation d'un lit ne soit qu'optionnelle); mais il était évident que Rui n'était pas du tout sensible à ce genre de plaisanterie futile. Die ricana en songeant qu'effectivement, son patron devant déjà être passé par là... La prostitution, l'humiliation, il devait connaitre pour pouvoir faire preuve d'indifférence devant tant d'inhumanité.
Il ravala bien vite son ricanement en sentant Rui lui tirer la tête en arrière. Qu'il était loin des caresses de... Il soupira pour évacuer ses souvenirs et la douleur qui lui perçait le crâne; cependant son sourire était toujours présent, goguenard.
Alors, Rui enclencha sous ses yeux l'immense flamme d'un briquet Zippo. Son mouvement de recul fut interrompu par la main de son bourreau tenant fermement son abondante chevelure; et la chaleur si près de son visage, ainsi que les menaces moqueuses de Rui, lui firent fermer les yeux le plus fort possible. Sa peur n'avait pas échappé à Rui, et la seule chose dont il était capable, c'était ça... Fuir la réalité. Encore et toujours.
Rui approchait toujours plus le briquet de sa peau, et déjà une brûlure atroce se faisait sentir, un hurlement grimpa le long de sa gorge, il rouvrit les paupières pour voir devant lui le sourire sadique de son patron, et le cri se mua en...
Rire. Il riait, à gorge déployée, et son souffle fit faillir la flamme qui le menaçait encore. C'était un rire sans joie, nerveux, le rire d'un fou.

"Bah vas-y! Crame moi la gueule, hésites pas! J'suis sûr que tu bande d'avance à l'idée de te farcir un cadavre qui ressemble à un PUTAIN de steack haché!"

Il avait craché les derniers mots en un éclat de rire tordu, et la peur dans ses yeux, bien que toujours présente, semblait devenir fascination.

La réaction de Rui ne se fit pas attendre. Un premier coup le projeta en arrière, un second ainsi que la poigne de Rui le fit se coller au mur. Ce type n'avait qu'une envie: Le tuer. C'était cela qui amusait Die. Rui avait envie de le tuer, mais ne le faisait pas. Cependant, et malgré toute sa détermination, Die ne s'amusa pas longtemps. Il n'était jamais qu'une loque, et face à la force physique et mentale de Rui, il ne pouvait strictement rien faire. Son visage de plus en plus crispé par la souffrance, les divers endroits de son corps qu'il avait envie d'arracher et de jeter loin de lui pour que la brûlure cesse, et surtout les yeux de Rui qui lui renvoyaient un reflet de lui si misérable... Die laissa libre cours à sa souffrance, et chacun de ses sursauts de douleur, de ses sentiments d'impuissance et de peine dévastatrice se lisaient sur son visage; et Rui prenait son pied. Ca se voyait. Alors, Die concentrait dans son regard les derniers rires et les derniers élans de haine qui lui restait - Il ne se laisserait pas aller au point de souffrir psychologiquement de cette torture classique. Il avait mal. Mais il en pouvait encore.
Jusqu'à ce que Rui lui morde l'oreille avant d'y susurrer une phrase insupportable. Si Die souffrait, c'est qu'il n'était pas mort. Et si Rui n'avait pas envie de lui, pourquoi prenait-il la peine de le tourmenter ainsi? A moins qu'il ne s'agisse d'un avertissement détourné.
Die lança un dernier regard haineux à Rui, et lassa tomber sa tête vers l'avant. Et alors qu'il allait à nouveau marquer son corps d'une plaie brûlante, la voix de Die le retint.

"Rui... Je t'en supplie... Arrête putain. Arrête. J'ai..." Die releva enfin les yeux vers Rui. Dans ses deux iris obscur, une chaleur intense avait remplacé la haine. Il observa Rui avec un sourire avenant, et d'une voix suave il termina: "Mal."

Peut-être que Rui n'apprécierait pas du tout ce regard, et encore moins le sourire. Mais putain, Die n'était pas un cadavre. Et il allait lui montrer. S'il ne mourrait pas avant...

Die se répugnait d'avoir dit une chose pareille. Mais lorsqu'il vit que Rui, non seulement n'avait pas l'intention d'arrêter, mais en plus était encore plus énervé qu'auparavant, il sentit le désespoir l'envahir tout entier. Ce type ne laisserait jamais tomber, il s'amuserait tout seul jusqu'à la mort de son partenaire. Die trouvait ça triste. Autant pour lui que pour Rui; dans son cas il souffrait aux dépends d'un autre, et dans le cas de Rui, il prenait son pied sans que ce plaisir soit partagé. Die fut coupé dans ses réflexions quand le pied de Rui s'abattit sur son intimité, tandis que la voix de Rui lui faisait plus mal que la gifle qu'il avait reçu. Il n'était qu'un insecte en train d'agonie, un insecte auquel on brûle les ailes et arrache les pattes avant de les regarder se tordre de douleur au creux de notre paume...
Quoi qu'il fasse, Rui ferait ce qu'il voudrait. Supplier, crier, se taire, le regarder avec mépris, tenter d'arrêter ses gestes, rien de tout cela n'aurait d'effet. Rui était un enfant égoïste et capricieux qui se sentait en permanence agressé par les réactions des autres. Tout passait pour du défi...
Die n'avait pas envie de jouer. Pas alors que le scalpel de Rui fendait la peau nu de son torse, laissant d'épaisses gouttes de sang glisser sur son ventre en une pernisiseuse caresse... La douleur était plus atroce encore que celle des cigarette, car elle ne faiblissait pas au contact de l'air frais; les plaies n'étaient ni épaisses ni profondes, mais appliquées avec justesse dans la chair. Die n'en pouvait plus de serrer les dents, les poings et le coeur alors que.... Alors que Rui lui disait une telle chose.

Rui s'éloigna de lui. Die passa quelques doigts sur les blessures ensanglantées, et releva sa main écarlate à hauteur de son visage. Ses yeux vides ne reflètaient qu'une tristesse pâle, presque indifférente. Une larme roula sur sa joue meurtrie alors qu'il n'entendait plus les gestes vifs de Rui à quelques mètres de lui. Encore une fois, il suivit du bout de son doigts les sillons rouges de son torse; les lettres s'en formèrent dans son esprit et il poussa un gémissement. Il ne souriait plus. Assit, dos au mur, les yeux dans le vague, il se contentait de regarder sa main pleine d'hémoglobine en trouvant ça beau.
Sa voix ne tremblait plus quand il s'adressa à Rui, elle était seulement pleine d'amertume et des restes de la souffrance.

"Dis-moi, Rui. Qu'attends-tu de moi?"

Les sanglots de Die cessèrent dès lors qu'il entendit la réponse de Rui. Il se releva lentement, son corps à présent débarasser du poids de la drogue. Les blessures sur son visage et son torse le faisait souffrir, mais il parvint malgré tout à se tenir droit, la tête haute. Son regard se fit dur lorqu'il le posa sur Rui. Il n'attendait rien de lui? Rien, à part son départ de ce bureau? Très bien. Quitte à souffrir, autant le faire pour lui, et pas pour son patron qui n'avait, de toute évidence, rien à foutre de son existence pitoyable.

"Non."

Sa voix s'était raffermie. Il n'avait plus peur de Rui, parce qu'il savait que l'autre était capable de tout. Tout... Tout, c'était l'humiliation, les larmes, la terreur indicible. Avoir peur de la peur même, c'était sage. Die n'était pas quelqu'un de raisonnable.

"Je m'en vais, et j'remettrais pas un seul pied dans ton entreprise de merde. J'peux me débrouiller ton seul avec mon cul que tu ne désires pas."

Il se détourna alors, et d'une démarche beaucoup plus assurée que lors de son entrée dans l'ignoble bureau, il se prépara à partir.

Il s’y attendait, à ce que Rui le retienne. Son patron n’avait pas l’air d’être ce genre de type à laisser tomber après les bravades médiocres d’un employé. Il ne fut pas surpris d’être brutalement retourné et plaqué contre l’unique issue de la pièce ; la main de Rui sur son cou le fit suffoquer. Mais aussi… Aussi, il avait toujours eut la peau très sensible, à ces endroits là. Ces endroits que les clients n’effleurent jamais. La clope écrasée sur la joue, ça passait ; ce n’était ni la première, ni la dernière fois que son visage encaissait des tortures de toutes sortes. Alors que les doigts de Rui, bien qu’ils fussent douloureusement enfoncés dans sa peau, faisaient frémir le grand roux –Contre son gré.
Les mots que le blond lui cracha à la figure l’agacèrent. Il aurait pu s’en moquer, ou même sourire bêtement devant ces insultes ; mais le trouble qui s’emparait lentement de son esprit lui donnait seulement envie de fuir.

« Ma vie n’a peut-être aucun intérêt à tes yeux, mais pour moi, elle est bien plus précieuse que tout ce que tu pourras posséder. Elle est à moi ! »

La fin de sa phrase mourut en une toux sèche, que les doigts de Rui étouffèrent dans sa gorge. Die tendit la tête en arrière dans l’espoir de reprendre son souffle, et d’éloigner la chaleur de Rui de sa peau. Il ne voulait pas se laisser aller, pas maintenant.

Le rire de Rui finit d'exaspérer Die. Vraiment, il ne supportait pas qu'un type aussi excessif puisse posséder autant de pouvoir. Il aurait du crever, comme tous les junkies, au beau milieu de la rue la tête dans une flaque de vomi. Lui, il tenait à sa vie. A défaut d'avoir de l'argent et des industries, il avait une vie. C'était la seule chose qu'il possédait. Il profita de ce que Rui desserait légèrement les doigts pour se dégager brutalement de son étreinte, et poussa son bras d'un geste vif. Il n'avait aucun droit sur sa vie, et encore moins celui de poser ses doigts dans son cou. Il lança à son patron un regard dur en acceptant douloureusement le fait de lui obéir. Pour l'instant. De toute façon, qu'avait-il d'autre à faire? Il prendrait seulement le temps, avant d'aller aux machines, d'ingurgiter les quelques psychotropes qu'il avait dans la poche.

"Très bien. J'y vais. Mais Rui, tu dois savoir une chose... Tu ne pourras pas toujours tuer tout tes ennemis. Il y en aura, quoi que tu fasses. Et un jour... Un jour, ils se rebelleront. Et tu tomberas. Je cracherais sur ton cadavre!"

Il avait craché ses derniers mots avec mépris. Il avait l'air stupide, Die. Mais quand on allait trop loin avec lui, il ne se laissait pas faire à chaque fois. Encore moins quand il n'était pas question d'argent. Là, il jouait avec sa vie... Et il n'avait pas l'intention de la perdre; s'il fallait se soumettre, il le ferait. Pendant quelques temps du moins. Il ne s'agissait pas de devenir quelqu'un d'autre, non. Seulement de ne pas se laisser écraser par la brute qu'était Rui...
Il se détourna enfin, poussant légèrement l'épaule de Rui pour ouvrir la porte, et la claqua derrière lui. Il s'y reposa un instant, et poussa un long soupir. Malgré son insolence, il avait eut terriblement peur. Jamais un entretien d'embauche n'avait été si éprouvant. Contenant mal les tremblements de jambes, il s'éloigna pour de bon du bureau maudit.