Entre nos mains [Jun]

Ces caresses dans ses cheveux étaient vraiment trop agréables. Jun semblait lui communiquer, par ce simple contact, tout l’attachement qu’il pouvait déjà ressentir. C’était terriblement doux, presque grisant ; Die, qui n’avait jamais été l’objet de telles attentions, se sentait fondre peu à peu. Il avait envie de pleurer dans les bras frêles mais solides de Jun. Pleurer de joie. Il ne se sentait pas réellement heureux, pourtant ; il était trop terrifié encore pour goûter vraiment à l’intense sensation de n’être plus seul. Mais les doigts de Jun sur son crâne faisaient fuir le manque et la honte, cette caresse anodine était la preuve de la confiance qu’ils s’accordaient mutuellement, au risque de se tromper lourdement…
Il n’avait plus envie de partir, car cela signifierait quitter la réconfortante étreinte de Jun, et sentir ses doigts s’éloigner de sa tête. Bien qu’étant parfaitement conscient que ses désirs étaient puérils, Die eut envie de faire un caprice. Il était ridicule. Repoussant Jun trop brutalement pour mieux accepter la distance entre leurs deux corps, Die se mit lentement debout, chancela un instant en sentant une vive douleur parcourir ses jambes, et se rattrapa à l’épaule de Jun. Il murmura pour lui-même un cynique « Même pas capable de tenir debout tout seul », se laissa guider par Jun dans le dédale des couloirs jusqu’au hall d’entrée –Où, par miracle, personne n’était là pour les surprendre-, et reprit le contrôle pour se diriger jusqu’à son studio minable. Il ne prononça pas un mot durant le trajet, et évita constamment le regard de Jun. Un masque d’impassibilité avait remplacé la sincérité accordée à son ami un peu plus tôt. Il avait mal au cœur, ses mains enfoncées dans ses poches fuyaient le souvenir de celles de Jun ; il avait envie de vomir et de s’arracher la peau avec le bout des ongles, ses bras le démangeaient tant qu’il ne sentait même pas le froid vent nocturne. Et dire qu’en arrivant, il devrait faire le plus grand acte de courage de sa vie entière... Il en tremblait d’appréhension alors qu’un lourd silence pesait sur leurs épaules depuis leur départ de l’hôtel de passe. Une fois arrivés au cinquième étage d’un immeuble dont l’état laissait à désirer, Die s’arrêta devant une porte gravée à même le bois d’un subtil « EL PUTA » et y glissa une clef rouillée.
Tournant toujours le dos à Jun, il lui adressa pourtant un regard apeuré et poussa le battant. La minuscule pièce était remplie d’objet divers, de détritus, de bouteilles d’alcool à moitié vides et, surtout, en son centre trônait une nappe recouverte d’ustensiles variés destinés à l’usage de drogue. Die restait debout, pantelant, en attendant que Jun dise quelque chose. Lui ne savait plus réellement s’il était capable de faire ce qu’il s’était mentalement promis d’accomplir… Jun se rendrait-il seulement compte du déchirement que cette décision provoquait en lui ? Avec un regard presque tendre destiné aux sachets de poudre posés sur la nappe, il s’accroupit et s’alluma une cigarette. Alors, d’une voix plus rauque que d’ordinaire, il dit à Jun la première chose qui lui passait par la tête.

« T’en veux une ? »

A la réponse négative de Jun, Die ne réagit que par un hochement de tête machinal. Il avait posé la question par automatisme, pour combler le vide, pour avoir une raison de détourner ses pensées de… De son chez lui. C’était ça, chez lui. La drogue au rang d’honneur, installée au seul endroit qui n’était pas sale –La douche, les éviers, son lit, tout était dégueulasse. Sauf la nappe et l’héro dessus. Les bouteilles d’alcool qu’il gardait sans trop savoir pourquoi, pour faire croire que son appartement n’était pas inhabité, pour empêcher aux visiteurs de remarquer qu’il ne possédait finalement rien, pas un objet de valeur, pas un cadeau d’ami, pas un souvenir. Rien. Les emballages de préservatif. Les menottes. Les cordes, les chaines, les objets ignobles qu’il laissait à disposition de ses clients. Ses clients qui venaient jusqu’à chez lui pour le souiller, dans le lit même où il dormait chaque nuit. Ça, c’était certain, il n’aurait aucun mal à s’en passer. La douleur physique était la chose qu’il avait le plus de mal à supporter –Et c’est bien pour cela que ses clients aimaient le faire souffrir. Ses cris, disaient-ils, étaient la plus belle mélodie de ce monde. Quand ils étaient provoqués par la souffrance.
Ses yeux passaient d’un objet à un autre sans se fixer, et le silence devenait de plus en plus éprouvant quand Jun agit. Avec douceur, il posa ses mains sur ses épaules et son regard… C’était ça, qu’il voulait regarder. Le premier regard qui ne lui renvoyait pas son reflet pathétique. Dans ce regard là, il pouvait se voir sourire. Ses yeux s’embuèrent de larmes qu’il s’empressa de chasser. Lorsqu'il posa un baiser sur son front, Die cru qu'il allait mourir ensseveli sous la douceur de Jun, ses mains sur ses épaules semblaient en ôter le lourd poids du passé, et il put se redresser. Avec un demi-sourire contrit, il invita Jun à se lever et à l’aider à faire de même. Son sang bouillait dans ses veines et il ne pouvait s’empêcher de se gratter violemment, tout en cherchant maladroitement à cacher ces gestes à Jun qui ne le quittait pas des yeux. Douloureusement courbaturé, il prit la main de Jun et y agrippa ses doigts avec l’énergie du désespoir. A pas lents, il prit une boîte en fer de sous son lit et la vida de son contenu –Des piles usagées, des préservatifs, ainsi qu’une photo de lui obscène prise par l’un de ses clients. Une nausée violente le fit se plier en avant tandis qu’il chiffonnait la photo avant que Jun ne l’a voie. Ces moments où il devenait quelqu’un d’autre seulement pour l’argent étaient des plus douloureux de son existence. Tirant toujours Jun par la main, pour sentir sa chaleur et son courage, Die retourna s’assoir devant la petite nappe. Il inspira profondément, glissa le bras de Jun autour de ses hanches en une supplication muette de protection, et fondit en larmes amères. D’abord parce que la douleur du manque ne quittait pas son corps et que ses assauts lancinants finissaient par lui faire perdre la tête. Ensuite, parce que ce qu’il y avait sur cette nappe… C’était le concentré de sa déchéance. Ce pour quoi il se prostituait, ce pourquoi il dépérissait à petit feu. Mais aussi, la seule chose qui a pu lui faire oublier tous ces souvenirs affreux présents en sa mémoire. Des souvenirs qu’un enfant n’aurait pu supporter, sans l’aide perfide de l’héroïne. Daisuke abattit son poing sur le parquet en crachant d’entre ses dents serrées un « PUTAIN ! » qui lui déchira les cordes vocales. Les larmes brûlaient ses paupières et les nausées lui perforaient le ventre, mais la chaleur de Jun tout autour de lui apportait tant de réconfort et de confiance qu’il sut qu’il était capable d’honorer sa promesse. Il essuya ses yeux d’un geste appuyé et quand il rouvrit les yeux, son regard avait changé. Il était déterminé. Die se pencha en avant, survola les ustensiles sans les regarder, attrapa l’autre côté du tissu et le ramena à lui. Avec brutalité, presque avec haine, il roula le tout en boule et le fourra dans la boîte en fer. Il contempla le tissu grisâtre et informe, tira son briquet Zippo de sa poche et enflamma le tout. Il y lâcha aussi son mégot, puis se leva sans Jun pour poser la boîte sur le soi-disant balcon –Qui n’était en fait qu’une rambarde avec une planche à peine assez grande pour y faire sécher une casserole. Il referma la fenêtre, et toujours sans un mot, retourna s’assoir auprès de Jun. Il quémanda sa main et observa les flammes rougeoyantes embraser le noir d’encre de la nuit.

Daisuke. C’était son nom. Pas Die, pas la mort, pas la déchéance gravée au plus profond de son être qu’il avait laissé croitre malgré lui. Daisuke. Le soutien de Jun, sa confiance inébranlable, confirma à Daisuke qu’il avait fait le bon choix. Sa route avait dévié pendant trop longtemps, elle était trop instable, trop dangereux. A travers les caresses de Jun sur ses joues, il entraperçu une autre vie. Pas plus sûre, pas plus saine. S’il osait bannir de sa vie la drogue et les excès qui l’entourent… Peut-être pourrait-il vivre en étant lui-même. Lui-même, il ne savait pas ce que c’était. Il avait toujours été faible, dans ce monde trop oppressant. Il n’avait sûrement jamais été fait pour vivre une vie de décadence. Pourtant, les chaînes qui le retenaient à la débauche étaient si fermement enroulées autour de sa gorge qu’il craignait de mourir en tentant de s’en libérer. Mais il y avait Jun… Jun et ses caresses qui n’en finissaient pas de l’apaiser, Jun et le tendre baiser qu’il lui offrit…
Ce baiser, d’une tendresse infinie et tellement plus expressifs que tout ceux qu’ils avaient pu échanger, fit sourire Daisuke une fois que leurs lèvres se séparèrent. Un sourire entièrement dédié à Jun. Bien malgré lui, il commençait à s’attacher plus que nécessaire au jeune homme qui lui faisait face. Si jamais Jun partait… Si jamais il se détournait de lui, il n’y survivrait pas. Pas après avoir touché du doigt le bonheur.
Le murmure du rebelle tout contre ses lèvres le fit frémir. Il allait avoir beaucoup de mal à se défaire de ses vices, et il allait tellement en souffrir que l’envie d’abandonner surviendrait très souvent. Mais si Jun ne lâchait pas sa main, il parviendrait à se relever. La mort est morte…
Daisuke plongea ses yeux dans ceux de Jun. Son regard était plus déterminé, plus sûr. Il savait ce qu’il voulait, à présent. Etre capable de profiter de la présence de Jun. Le sourire qu’il arborait se mua tendrement en une moue pensive ; une fugace idée l’avait détourné de ses pensées actuelles. Il avait envie d’une chose, une chose terriblement simple, mais qui ne serait pas facile à obtenir. Jun avait l’air d’un enfant, physiquement, mais il était très fier et ne se laissait pas facilement aller. Pourtant, Daisuke avait envie de le voir rire. Et il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour réussir à entendre la joie s’échapper en le plus sincère des sons de la bouche de son ami.
Il posa un son tour une main sur la joue de Jun, oubliant pendant un instant qu’ils se trouvaient dans un lieu puant le malsain.
« Jun… »
Et enfin, il reposa ses lèvres sur celles de son ami, hésitant. Quand il s’agissait d’agir comme une pute selon les désirs d’hommes lubriques, il savait faire. Mais quand il fallait dévoiler toutes ses émotions en un geste aussi sincère, il avait beaucoup plus de mal. En réalité, avant ce jour, il n’avait jamais l’occasion de le faire. D’ailleurs, il ne s’était jamais rendu compte qu’il possédait en lui tant de sentiments positifs.
Il se sépara relativement rapidement de Jun, et détourna les yeux.
« Il faudrait ranger. Je n’ai pas envie… Si tu restes ici… Toutes ces choses ! »
Une honte incommensurable s’empara de lui quand il prit conscience que Jun allait rester ici, parmi tous les débris de sa débauche. Il ne le voulait pas. Ce serait le souiller…Que Jun l’aide, soit ; qu’il subisse son passé ignoble, Daisuke s’y refusait. Le futur était incertain, plongé sous un brouillard d’amertume et de doute. Une seule chose était sûre : A ses côtés, tenant fermement sa main, Jun l’accompagnait.

Daisuke était presque ému par la réaction immédiate de Jun. D’un autre côté, il se sentait terriblement nul face à ce jeune garçon capable de garder son sang-froid en de telles conditions, et de ne jamais se laisser aller au désespoir. Ragaillardi par l’initiative de Jun, Daisuke fourra le sac poubelle dans sa poche et entreprit de vider ses tiroirs et ses meubles sur le sol. Il fit un énorme tas de tous les objets qu’il allait jeter ; des jouets sexuels, des photographies pornographiques, des papiers qu’il n’avait jamais prit la peine de lire, ainsi que toutes sortes d’ustensiles; tout en indiquant à Jun les choses qu'il pouvait jeter. Il en fit un autre, beaucoup plus petit, avec ses vêtements, ses quelques disques, les médicaments dont il aurait probablement besoin pour se sevrer, et les bouteilles d’alcool encore pleines. Il se justifia, lorsque Jun lui lança un regard sévère, en disant qu’il se devait de garder une apparence de Junkie devant les autres, et que l’intérieur de son appartement ne devait pas devenir du jour au lendemain un paradis pour rebelle. Avec l’aide de son ami, il poussa les sacs poubelles à présent pleins près de la porte, et ils purent nettoyer les surfaces vidées. Une fois le nettoyage fait, Daisuke s’alluma une cigarette bien méritée, et prit le temps de regarder autour de lui. Les draps avaient été changés, la douche astiquée correctement. Pas une seule assiette sale ne trainait au sol, et ce dernier avait retrouvé une deuxième jeunesse. Il ne put retenir un soupir de satisfaction comme il n’en avait jamais poussé. S’asseyant aux côtés de Jun, le regard droit devant lui, il eut un sourire béat. Un vrai, cette fois-ci. Il avait peut-être l’air stupide, mais en cet instant il se sentait réellement heureux : Il avait accompli quelque chose. L’anodine fierté d’avoir fait le ménage provoquait en lui une délicieuse sensation qu’il n’arrivait pas encore à interpréter.
Il se tourna vers Jun, planta ses yeux brillant dans les siens, et posa un baiser appuyé sur sa joue.
« Merci. »
Ensuite, il glissa sa main dans la sienne et regarda avec plaisir leurs doigts enlacés.
« Je me sens comme un enfant qui vient de pleurer. Maintenant que c’est propre, Jun, tu vas rester ici avec moi ? »
Il n’avait pu dissimuler son inquiétude en posant cette question –Dont d’ailleurs il connaissait la réponse, et pour dissiper ses doutes il tendit, pour la deuxième fois de la journée, une cigarette à Jun.
« Tu l’as bien mérité, non ? »

Daisuke ne ressentit pas de soulagement en entendant la réponse de Jun, car il n’était pas réellement inquiet. Il voulait juste être sûr que le lendemain, il ne se réveillerait pas seul. Cette simple perspective lui faisait voir son futur proche d’un autre œil. Demain, quand il devra se préparer pour rejoindre son lieu de travail, il n’aurait pas l’angoisse de partir pour une journée harassante qui ne se terminerait qu’après la fin de son boulot, les quelques clients qu’il se tapait pour arrondir les fins de mois, avant de retourner dans son studio… Vide. Il eut un pincement au cœur en pensant que demain soir, Jun serait peut-être à son propre travail. Il avait une mission, lui. Et autrement plus importante que la sienne.
Il détourna enfin son attention de ses sordides pensées, et se plongea tout entier dans l’observation de son ami. Il arborait un sourire radieux en inspirant la première bouffée de fumée, et Daisuke ne retint pas le rire moqueur qui franchit ses lèvres. Joueur, il susurra à l’oreille de Jun :

« C’est bon, hein ? »

Après quoi, il s’adossa au mur en tirant Jun vers lui pour garder le contact de son corps contre le sien. Il perdit son regard dans le ciel intensément noir, et demanda d’une voix teintée de mélancolie :

« Dis, Jun… Au Sanctuaire de la Liberté, on les voit, les étoiles ? »

Sans attendre de réponse, il nicha son visage au creux du cou de Jun et attendit que ce dernier reprenne ses caresses sur sa chevelure rousse. Il étouffa un bâillement et se lova confortablement contre son ami en tirant la couverture sur eux deux. La peau de Jun sentait bon. Le drap était blanc. Daisuke sourit en constatant qu’il était entouré de pureté, et passa le plat de sa main sur le tissu immaculé.
Enfin, il écrasa son mégot sur sa langue, chercha un cendrier des yeux et l’y jeta. L’espace d’un instant, il avait pensé le jeter sur le sol… En si peu de temps, il avait énormément changé.

L’affirmation de Jun quant au bonheur de profiter d’une chose qui est rare avait plongé Daisuke dans une réflexion profonde. Il s’était laissé entrainer sur le matelas et serait Jun tout contre lui, et respirait son odeur avec délectation. Pourtant, il n’arrivait pas à retrouver la sérénité qui l’envahissait d’habitude quand il était si proche de son ami. Il repensait à ses excès, à ses fureurs soudaine, à sa vie qu’il gâchait jour après jour. Peut-être que c’était de là que venait son indifférence. D’avoir trop voulu survivre, avançant droit devant lui sans prendre la peine de profiter de ce que la vie lui offrait, il avait foncé dans un mur. Il serra le corps de Jun plus fort encore, presque avec désespoir, comme pour ne pas perdre de vue cette présence rassurante à ses côtés. Il avait ouvert les yeux, maintenant. Et ce qu’il voyait lui plaisait énormément. Jun lui paraissait si fier et mature qu’il ne pouvait s’empêcher de régresser, dans l’espoir de revivre à nouveau cette enfance qu’il avait perdu bien trop tôt. Il voulait que Jun soit là en permanence, qu’il soit capable de l’aider à se relever après chacune de ses chutes, qu’il n’arrête jamais de caresser ses cheveux. C’était absolument égoïste, mais il en était à peine conscience. La présence de Jun l’enivrait, et d’un geste d’une tendresse infinie il glissa ses mains sur son ventre, à même la peau.
« Je suis boulimique de toi, je crois. »
Sa voix, assourdie contre la nuque de Jun, lui parut si étrange qu’il émit un petit rire.
« J’ai pas envie de m’endormir. En fait, j’ai pas envie de me réveiller demain pour aller travailler. J’ai pas envie d’aller là-bas. »
Après réflexion, la nuit était déjà bien entamée, et l’aube naitrait dans le ciel dans seulement une paire d’heure… La respiration de Jun l’apaisait, pourtant. Mais ses yeux restaient grands ouverts dans l’obscurité de la petite pièce, figés sur ce qu’il apercevait de son ami. Il voulait avaler chaque geste, chaque parole, chaque souffle venant de Jun. Pour remplir le vide de son existence.
Enfin, après avoir baisé la nuque offerte de Jun, il murmura:
« Jun…Tu m’emmèneras voir les étoiles de la liberté ? »

Les mains de Jun au creux de ses reins le firent frémir. La caresse était douce, et les mains de Jun agréablement fraîches. Seulement, c’était un endroit délicat qui avait tendance à être malmené par les nombreux hommes que fréquentait Daisuke, comme pouvaient en attester les cicatrices circulaires dues à des brûlures de cigarette. Il s’était raidit bien malgré et tenta, en accentuant le contact de ses mains sur le ventre de Jun, de maitriser ses accès d’angoisse. Jun avait l’air de s’être détendu, pourtant ; et il s’en voulait de toujours foutre la merde. Son soupir ne lui avait pas échappé, non… Et il avait fallu qu’il réagisse comme un animal apeuré. Pourtant, c’était Jun, et maintenant qu’il se concentrait sur son odeur, cette caresse lui parut bien agréable. Un frisson le parcouru lorsque les doigts bougèrent légèrement, tandis que Jun enroulait ses jambes aux siennes. La proximité de leurs deux corps ne manqua pas de troubler profondément Daisuke, qui laissa échapper un long soupir de plaisir alors que Jun se rapprochait de lui. Il fit passer ses mains sur les omoplates de Jun et les caressa un moment, tout en réfléchissant à sa proposition. Pouvait-il se permettre de ne pas se rendre à son travail, demain ?
Il gémit de dépit et prononça d’une voix presque agacée :

« Je peux pas… Je peux pas, putain. Je dois y aller. »

Il déglutit, et tenta maladroitement de se justifier.

« Tu comprends, si du jour au lendemain je quitte mon travail, j’arrête d’aller au magasin d’Omi, et je me traine plus à moitié à poil dans la rue pour serrer un micheton… J’vais me faire descendre, et toi avec moi… »

Il avait prononcé ces derniers mots avec une voix serrée par le désespoir ; et il se décida finalement à dire l’entière vérité à Jun. Encore une fois, il allait exposer sa faiblesse à ses yeux, et il détestait ça. Mais s’il ne le faisait pas, s’il ne prenait pas un minimum de précaution, ils en pâtiraient tous les deux.

« Je peux pas, parce que je bosse à l’Opium Industrie. Je suis quelqu’un d’insignifiant, aux yeux des dirigeants de ce monde. Mais Rui… »

Il grimaça de dégoût en se remémorant le visage méprisant de son patron et l’atroce jour où il l’avait rencontré. Il pouvait presque ressentir à nouveau toutes les souffrances que lui avait infligé ce type détestable.

« Je crois qu’il me déteste. Je suis qu’une merde à ses yeux, mais même si j’ai finis par me soumettre à lui ce jour là… J’en ai trop dit. Je lui ai dis que je tenais à ma vie. Je lui ai parlé de façon insolente. Il me déteste, Jun. Il profitera de la première occasion pour me tuer. »

Daisuke n’avait même pas eut envie de pleurer en disant ces mots. Il avait seulement comprit que, quels que soient ses efforts, il ne s’en sortirait probablement pas. Pas si Rui et les autres découvraient ce qu’il faisait. Pas s’il tentait de se dérober à leur dictature… Il s’était trop longtemps vautré dans la débauche pour changer de vie sans que cela ne se remarque. Il sourit faiblement en songeant à la promesse de Jun et se dit qu’il ne les verrait jamais, ces étoiles.
Il rit pourtant à l’idée saugrenue qu’il avait eut. Finir sa vie en se nourrissant exclusivement de Jun et en se shootant aux étoiles, ça aurait pu être merveilleux. Alors que Jun passait ses mains sur ses joues, il attrapa les doigts mutins et uni ses lèvres à celle de Jun. Il n’avait que faire de le prendre par surprise ou de manquer de tact. Il avait besoin de ses lèvres. Les yeux clos, perdu dans l’odeur et la chaleur de Jun, il entreprit d’approfondir le baiser tout en pressant ses mains sur cette peau qu’il affectionnait tant.
Il ne se sépara de ces lèvres que pour susurrer à l'oreille de Jun:

"Ton rire, tu sais... Il m'a donné envie de mourir de joie."

Et reprit sans attendre possession de sa bouche. Fatalement, il avait besoin de lui.

Die ne comprenait plus les émotions qui s’emparaient de lui. D’ailleurs, il ne cherchait même à les retenir pour tenter de les analyser ; il se contentait de les laisser traverser son esprit avec une délectation peu commune. Il sourit en sentant Jun se coller plus contre lui, et continua de caresser son dos en alternant les contacts appuyés avec des effleurements du bout des doigts. Les doigts de Jun dans ses cheveux n’avaient plus le même effet. Cette fois-ci, ce n’était ni réconfortant ni amical. Cette fois-ci, les caresses déclenchaient de délicieux frissons qui parcouraient la totalité de sa colonne vertébrale avant de mourir à l’endroit où les mains de Jun étaient posées. Et ce baiser qu’ils échangeaient, interminable, passionné ; c’était presque trop pour lui. Trop nouveau. Trop intense. Il se détacha à nouveau des lèvres de Jun et lui lança un regard troublé. Puis il le fit basculer sous lui instinctivement, et remonta son T-shirt pour mieux voir… Mieux voir tout. Il voulait tout voir de Jun. Il se repencha sur ses lèvres et avec une assurance qu’il ne pensait pas posséder, chuchota :
« Jun… Ma nouvelle drogue, c’est toi. »
Il faillit rire en pensant à ce qu’il aurait pu ajouter, mais se retint de dire quoi que ce soit en songeant que ça aurait été très déplacé. Pouvait-il décemment dire « Alors défonce-moi » à Jun ? Lorsqu’il replongea encore dans les yeux de Jun, son visage redevint plus calme. Peut-être plus triste, aussi. Il prit alors conscience de sa position dominante et prit peur. D’un mouvement trop brusque, il s’écarta pour se recoucher à ses côtés et passa sa main sur la joue de Jun.
« Je suis désolé, Jun. Excuse-moi. Je voulais pas… »
Il ne détourna pas les yeux, il avait comprit que Jun n’appréciait pas de le voir le fuir. Mais ses mains crispées sur son visage témoignaient de son angoisse. Peut-être que Daisuke n’était qu’un lâche, terrifié à l’idée de sortir du chemin qu’on avait tracé pour lui…
« Je voulais pas me comporter comme une pute. »
Daisuke avait fini par lâcher ses mots, avec une apparente indifférence qui camouflait mal l’immense mépris qu’il ressentait envers lui-même. Il ne saisissait pas les raisons de sa passion soudaine, ni l’élan qui l’avait poussé à se jeter sur Jun comme ça. Il n’avait certes pas été violent, mais ces prémices à un potentiel acte sexuel lui avait rappelé ce qu’il était réellement. Une pute. Et Jun n’avait pas le droit de voir ça. Daisuke imaginait pourtant que deux êtres pouvaient s’unir d’une manière tendre et sincère, mais ne concevait même pas que ça pouvait le concerner. Le sexe c’est sale. Son sexe est sale.
« Je voudrais être capable de te faire l’amour. Mais je sais pas comment on fait… »
Il se sentait un peu pathétique d’être si faible devant Jun, mais il se glissa pourtant dans ses bras et reposa ses mains sur son torse. Après ça, Jun allait encore le rassurer, Jun allait encore être doux, Jun allait encore être fort pour eux deux… Il allait forcément en avoir marre. Forcément. D’autant plus qu’ensembles, ils devront faire face à lui fureur de Rui.

Daisuke sentit sa gorge se serrer quand il vit le regard de Jun. Peiné. N’était-il donc pas capable d’agir comme une personne normale, au moins pour éviter de causer tant de tristesse à Jun ? Jun… La seule personne qui existait, à ses yeux. La seule personne qu’il avait envie de protéger. Mais, de toute évidence, il s’était trompé d’ennemi. Il avait cru, l’espace d’un instant, que c’était de lui-même qu’il devait protéger Jun. Ne pas lui faire de mal, ne pas le souiller… L’affirmation de son ami qui lui caressait chastement les cheveux lui arracha un sourire mouillé de larmes. Ils ne pleuraient pas, mais un lien de tristesse enchainait leurs deux âmes, irrémédiablement. Daisuke, étrangement dépité de ne plus sentir le corps de Jun aussi près du sien que précédemment, glissa à nouveau ses deux mains sur son torse. Sous ses doigts pâles, il sentait les battements de cœur de Jun. En un murmure presque inaudible, il exprima cette pensée qui le faisait frémir.

« Tu es vivant… »

Il ne laisserait jamais ce cœur se tordre de douleur. Il ne le laisserait jamais s’éteindre. Daisuke n’avait que faire du fait que Jun vende lui aussi son corps. Cela n’avait aucune incidence sur sa pureté. Pourtant, s'il voulait que ce coeur batte encore sous ses doigts, il devait faire des efforts. Il en avait sincèrement envie.

« Je te le promets, Jun. Je te promets d'essayer. »

Les mots de Jun étaient tellement confiants, et tellement réconfortant qu'il ne voulait qu'y croire. Mais il ne pouvait pas se mentir...D’une voix pleine d’un mépris sans borne envers lui-même et d’un profond respect pour son ami, il continua :

« Mais toi, Jun… Toi tu as des valeurs. Et tu te bats pour les protéger. Moi… Qu’est ce que j’ai, sinon un cul, des veines pourries, et un cœur qui se meurt ? »

Il faisait confiance à Jun, et les mots de ce dernier sonnaient à ses oreilles comme une vérité indéniable. D’accord, ils étaient tous les deux des putes. D’accord, il ferait tout son possible pour ne plus se considérer comme tel. D’accord… Il offrirait sa tendresse toute entière à Jun, dès ce jour. Dès le baiser qu’il posa doucement sur les lèvres entrouvertes de son ami. Dès ses bras qu’il enroula autour du corps mince pour le serrer contre lui.
Mais ça ne changeait rien au fait qu’il n’était qu’un insecte enfermé dans un bocal en verre qu’un enfant s’amusait à secouer de toutes ses forces. Jusqu’à ce que ses ailes en tombent, jusqu’à ce que ses pattes se brisent. Jusqu’à ce qu’il crève lentement au fond du bocal, englué dans ce sucre qui l’y avait attiré. Stupide insecte prit au piège de sa propre connerie.
Daisuke descendit une des ses mains jusqu’aux reins de Jun et colla son bassin au sien. Il rapprocha leurs deux visages et, tout contre la bouche de Jun, il ajouta :

« Mon cœur qui se meurt, il est tombé amoureux du tien. »

Ces mots avaient franchis la barrière de ses lèvres sans qu’il y fasse attention. Ils étaient si sincères, si purs, qu’il n’avait même pas prit la peine d’y réfléchir avant de les prononcer. Ils étaient la preuve exacte de ce qu’avait dit Jun. Daisuke eut l’impression de se réveiller d’un long cauchemar, dans lequel son corps s’enfonçait lentement dans un marécage boueux, sa bouche close par la fatalité de son existence, et derrière lui de longues années d’un douloureux mutisme. Il avait tant de choses à dire, à présent ; comme si la présence de Jun à ses côtés le rendait soudainement réceptif à tout ce qui l’entourait.

« Mon âme est magnifique parce que tu y es entré, Jun. Ne te méprends pas sur moi. J’ai déjà fait des choses horribles, et pas toujours contre mon gré. Je ne suis pas quelqu’un de bien. Mais mon cœur… C’est comme s’il venait de naitre, et comme ces oisillons qui prennent pour leur mère le premier être à se tenir en face d’eux, c’est sur toi que se sont posés les yeux de mon cœur ! »

Il s’était redressé, et surplombait à nouveau Jun. Bien malgré lui, son corps recommençait à en faire des siennes, et déjà un tremblement désagréable s’emparait de ses mains. Il grinça des dents pour contenir sa tension, et se plongea tout entier dans la contemplation de Jun. Il était beau, sous la lumière naissante du jour ; mais ses traits empreints d’une stupeur troublée inquiétèrent Daisuke. Une vive douleur le fit frémir, mais ce n’était pas celle du manque.

« Je m’en fiche que tu m’aimes pas, Jun. Ça n’a aucune importance. Je veux juste que tu restes avec moi. J’ai peur, j’ai peur tout le temps, j’étais seul en permanence et tu es arrivé en cassant tout ce que j’étais sur ton passage. Je n’en voulais plus, du moi que j’étais devenu. Mais c’est tout ce que j’avais ! Maintenant que tout est brisé, j’ai plus que toi… C’est pour ça que j’ai besoin de ta présence. J’ai mal et je sais même pas pourquoi. J’ai le mal du bonheur. Je sais pas quoi faire. »

Sa tirade l’avait épuisé, il se sentait lamentable de tant en dire sur ses états d’âme. Il était lamentable, depuis toujours. Même Jun ne pouvait rien y faire. Il crispa ses doigts sur le drap quand une crampe se saisit de ses jambes, et ferma les yeux en enfouissant son visage dans le cou de Jun, se blottissant tout contre son corps. Son étreinte n’était ni tendre, ni passionnelle ; elle était désespérée. Il serrait probablement trop fort, et ses doigts s’enfonçaient trop dans la peau de Jun ; mais l’état second dans lequel sa détresse le noyait ne lui fit pas prendre conscience de la douleur qu’il pourrait lui causer. Il voulait juste entendre les battements de son cœur, et sentir sa peau se mêler à la sienne… Pourquoi avait-il fallu que ce soit si brutal ? Pourquoi est-ce que toutes ces émotions s’infiltraient-elles si rapidement en lui, avant même qu’il ne puisse les comprendre ? Et pourquoi, pourquoi diable son cœur souffrait-il autant d’être rempli par le réconfort que Jun lui apportait, et la tendresse qu’il lui témoignait ?
Il avait l’impression, vraiment, de se réveiller après de longues années d’un sommeil troublé. Et maintenant qu’il ouvrait les yeux, il ne reconnaissait rien. Pas même son propre reflet. Seulement, le sourire de Jun, et les battements de son cœur à ses oreilles… Il ne reconnaissait que ça.

"Toi, tu sais contrôler tes émotions... Moi, je peux que les vomir, Jun. Je vomis l'amour que j'ai pour toi... Et ça me brûle la gorge."

Les première paroles de Jun firent entrevoir à Daisuke la détresse que Jun avait pu vivre. Il en ressentit un grand chagrin, s'imaginant sans peine ce que le plus jeune avait pu vivre... Et s'il avait voulut en crever, c'est qu'il devait en souffrir jusqu'à l'agonie. Mais maintenant... Maintenant... Daisuke trésaillit quand il vit une larme unique couler sur la joue de Jun malgré tous les efforts de ce dernier pour la retenir. Avec une infinie douceur, Daisuke y posa ses lèvres. C'était un baiser chaud, une caresse sur la peau si douce de Jun. Lui-même s'étonnait d'avoir de tels désirs en lui. Mais s'il s'écoutait vraiment... Il comprendrait que son corps et son esprit tout entier se tendait vers Jun. Jun qui semblait avoir tant souffert, lui aussi. Daisuke se senti mal d'avoir ravivé la douleur de son ami, et en oublia même sa propre douleur, celle qui parcourait ses jambes crispée, celle qui lui taraudait le crâne en une supplication lancinante. Il l'oubliait, parce qu'il pensait à ce Jun qui avait haït sa vie au point de vouloir s'en débarasser, ce Jun qui était à présent assez fort, physiquement et mentalement, pour s'embarasser d'un paumé tel que lui... Ce n'était peut-être que par acquis de conscience, une reproduction instinctive des actes de celui qui l'avait sauvé, mais il n'en avait cure.
Il aimait Jun. Il en était certain.
Peut-être qu'il se trompait sur son compte, peut-être qu'il l'idéalisait... Songeait-il en étreignant doucement son ami, ses lèvres glissées dans son cou et son corps entrant doucement en contact avec le sien; mais comment ne pas aimer le seul être qui avait su le soulager de son fardeau? La seule personne au monde dont la seule présence lui faisait entrevoir un futur plus heureux... C'était Jun. C'était peut-être égoïste, d'aimer une personne parce qu'elle pouvait le rendre heureux. Mais aimer, n'était-ce pas partager son bonheur?
Le corps de Jun, son odeur, ses cheveux entre ses doigts, il ne pourrait jamais y renoncer. Jamais...
Il faisait jour, à présent, et la lumière du soleil blessa les yeux de Daisuke. Il ne voulait pas s'éloigner de la chaleur de Jun, mais n'avait pas non plus le courage de renchérir. Il ne voulait plus parler de ça. De leur débauche, de leur passé monstrueux, de leur souffrance. Ils étaient seuls, à l'époque. Maintenant, ils étaient "Nous".
Daisuke offrit un vrai sourire à Jun et s'assit sur le rebord du matelas en tirant son ami à lui. Ils n'avaient pas dormi, ils n'avaient qu'alterner les rires et les larmes durant une nuit entière. Une nuit étonnamment longue, à croire que le Temps lui-même avait souhaité les laisser tranquille un instant... Un instant suffisant pour les promesses, les étreintes et les mains qui se lient.

"Jun... Je ne vais pas aller travailler. Je vais m'abrutir de médicament toute la journée pendant que tu seras à ton boulot. Je vais rester ici... Ou j'irais me promener. Là où il n'y a personne. Je ne faiblirais pas, Jun. J'attendrais ton retour avec impatience."

Il enlaça ses doigts à ceux de Jun et, mettant leurs mains à hauteur de leur visage, lâcha en souriant.

"Entre nos mains, Jun... Le futur."

Le fait que Jun doive partir terrifiait Daisuke. Mais ses caresses, ses baisers, et surtout ses tendres sourires lui offraient une assurance toute nouvelle. Il avait confiance en Jun. Et il savait que Jun avait confiance en lui… Rien que pour ça, il ferait des efforts. La journée allait être longue, étouffante ; il prendrait sur lui et ferait en sorte de ne pas décevoir son ami. Son amant … ?
Daisuke regarda Jun s’éloigner de lui avec l’atroce impression qu’un lien invisible les unissant se brisait peu à peu. Il serrait toujours le papier dans sa main quand le dos de Jun disparu enfin de son champs de vision. Abattu, il ferma à double tour la porte et se vautra sur son lit. L’oreiller avait l’odeur de Jun…Un sanglot rauque lui crispa la gorge et il serra les dents pour ne pas pleurer.
Ça commençait. L’insoutenable poids de l’absence.
Et les crampes qui reprenaient possession de ses jambes, insidieusement ; et la migraine insupportable qui lui faisait oublier jusqu’à la douceur des doigts de Jun sur ses cheveux. Il tituba vers l’évier et se mit la tête sous l’eau. Le contact glacé contre sa nuque ne lui fut pas agréable, mais lui permit d’atténuer un peu la douleur de son crâne. Il saisit ensuite la boîte de médicament et avala trois comprimés. Des antidépresseurs, des psychotropes, des somnifères, n’importe quoi. Pourvu qu’il ait le courage de tenir jusqu’au soir.
Pourvu que Jun revienne vite et que ses bras remplacent la drogue…
Adossé au lit, les yeux dans le vague, Daisuke se sentait terriblement vide. Outre le manque qui l’éreintait et les comprimés qui l’abrutissaient, il y avait l’interminable attente et la volonté qui flanchait lentement… Il n’était qu’un junkie, après tout. Et il étouffait dans cette pièce minuscule. Mais il pouvait tenir…
Il le fallait.
Pour le sourire de Jun et le futur qu’ils tenaient entre leurs mains.

[FIN]