Jun au rapport (Jun)

Zero, confortablement installé dans son fauteuil de ministre, fusillait du regard la liasse de papier qui recouvrait son sous-main de cuir. Ruki le lui avait apporté en fin de matinée, et le jeune chef n'avait pas encore trouvé la force de s'y plonger. Ce n'était pas que ça l'ennuyait particulièrement : il était toujours sérieux dans son travail, et il savait que les rebelles comptaient sur lui pour gérer les éventuels soucis et autres plans d'actions qui concernaient le Land of Decadence. Mais ce dossier-ci constituait un bric-à-brac insensé, mélange de rapports confus de ses différent sujets, de multiples suggestions d'expéditions ou d'infiltrations, ainsi que des demandes de candidature... Des CV, une tonne de CV... Tous pour des postes à exercer dans le L.o.D. Zero admirait la détermination des rebelles, mais cela lui faisait toujours mal au cœur de devoir envoyer ses sujets en pâture aux lions. Il pensa alors à Jun, et à ce qu'il faisait pour leur salut à tous... Et il perdit le peu de concentration qu'il avait réussit à accumuler durant ces quelques minutes de réflexion.

Avisant la tasse de thé vide qui se perdait au coin de son bureau, le jeune chef décida qu'il était temps pour lui de se désaltérer un peu. Il se leva, et se dirigea vers le petit plan de travail placé au fond de son bureau. On y trouvait un évier, une cafetière, une bouilloire, des sachets de thé entremêlés dans un bocal de verre, quelques tasses et une boîte de sucres. En deux temps, trois mouvements, la bouilloire était remplie et mise en marche. Zero attendait que l'eau chauffe, appuyé contre la table. Il balaya du regard cette pièce où il passait le plus clair de son temps - il lui arrivait même d'y dormir ! - et se mit à observer le monde extérieur par l'immense baie vitrée située derrière son bureau. Aujourd'hui, il faisait gris, mais quelques rayons de soleil s'évertuaient à percer les nuages. Une journée pleine d'espoir, en somme...

Alors que la bouilloire sifflait, quelques coups retentirent à la porte.

_ Entrez !

Le pan de bois bascula timidement sur ses gongs, dévoilant avec lenteur l'invité inattendu.
Enfin, le visage de Jun apparu à l'autre bout de la pièce.

Cela faisait deux jours que Jun était de retour dans Le Sanctuaire de la Liberté. Il avait d'abord erré quelques temps, puis était retourné à son petit appartement. Après s'être reposé une journée entière, il était temps pour lui de faire une petit visite surprise à Zero. Son dernier rapport datait du moi dernier, et même si peut de nouveaux éléments étaient apparut dans ce laps de temps, il devait tout de même parler au chef de son protégé. Il craignait de se faire disputer, car sa mission n'était pas de soutenir des junkies en passe de devenir rebels, mais plutôt de récolter des informations. Cela dit, quoi que dirait Zero, Jun continuerais d'aider Daisuke. Il s'était engagé, ce n'était pas pour l'abandonner.
Jun se prépara donc rapidemment et se rendit à l'Hôtel de Ville. Il salua furtivement les quelques secrétaires, et se rendit de lui même jusqu'au bureau du chef des rebels. Il frappa deux coups à la porte, et l'ouvrit quand il eut enfin une réponse. Se glissant à l'intérieur de la pièce, il offrit un mince sourire à Zero.

" Bonjour, je ne vous dérange pas ? "

_ Oh... Bonjour Jun. Je t'en prie, installe-toi.

Zero le laissa entrer, et reporta son attention sur la préparation du thé. Au lieu d'une, il remplit deux tasses, y mettant trois sucres pour Jun et un seul pour lui. Puis, il se choisit un sachet à la menthe, et en prit un au citron pour son compatriote.

_ Non, tu ne me déranges pas. Ça faisait un petit moment que je me demandais comment tu allais. Je commençais à m'inquiéter.

Les tasses fin prêtes, Zero sortit un plateau de son placard et y disposa les récipients fumant - sans oublier la boîte de sucre, au cas où, pour Jun. Il se dirigea doucement vers son bureau, auprès duquel son invité s'était assis sur un siège réservé aux visiteurs. Le jeune chef posa le plateau entre-eux, juste devant son sous-main, puis réinvestit son propre fauteuil. La conversation pouvait enfin commencer.

Jun entra alors vraiment, se dirigeant vers le bureau de Zero où il s'assit sur une des deux chaises présentes. Il attendait patiemment que son supérieur ne vienne s'installer à son tour pour entammer une conversation plus sérieuse. Il répondit cela dit tout de même à son interogation, une légère déception sonnant dans sa voix.

" C'est que... je n'ai pas récolté d'informations vraiment interessantes ce moi-ci, alors... je ne voulais pas revenir pour ci peut "

Il se sentait un peut honteux de ne pas avoir été aussi assidu que les autres fois. Enfin, il y avait des mois avec, et des mois sans, et il n'y pouvait rien. Les informations ne fleurissaient pas non plus comme ça.
Jun remercia Zero comme il se devait de lui servir un thé, et saisit la tasse pour en boire quelques gorgées. Il la reposa ensuite, et reprit :

" Désolé de vous avoir inquiêté. Tout allait bien. "

"Tout allait bien", hein... Pourtant, Zero avait comme l'impression que Jun n'était pas venu le voir par hasard. Il devait avoir quelque chose d'important à lui dire pour s'être déplacé jusque ici, à moins qu'il ne soit juste passé au Sanctuaire de la Liberté pour se libérer un peu l'esprit, et se reposer. Jun paraissait, en effet, vraiment fatigué. De grosses cernes se dessinaient sous ses yeux, et il parlait d'une voix un tantinet éraillée. Le jeune chef, qui savait à quel point ce que Jun faisait était éprouvant - autant physiquement que moralement - sentit qu'il avait besoin de quelques mots de réconforts. Cependant, de part sa propre nature, cette retenue qui l'empêchait d'éprouver trop de compassion, au risque de culpabiliser, Zero préféra ne rien dire et engager le dialogue sur la raison de sa présence :

_ Alors, si tout va bien, et qu'il n'y a rien de nouveau... Que me vaut l'honneur de cette visite impromptue ?

Zero fixait intensément Jun, tout en portant sa tasse de thé brulante contre ses lèvres. Ses yeux noirs exprimaient une douceur infinie qui contrastait avec la dureté de ses dernières paroles. Il attendait une réaction, quelle qu'elle soit, de la part du jeune homme, espérant qu'il serait sincère jusqu'au bout, et qu'il ne chercherait pas à fuir.

Pour se donner une certaine contenance, et éviter que Zero remarque sa légère gêne, Jun prit une seconde fois sa tasse pour ne plus la lâcher. Il buvait de temps à autres, se rechauffant les mains par la même occasion. Ses yeux plongé dans ceux du chef des rebels, il cherchait une manière de lui annoncer la nouvelle... Il ne prenait pas vraiment de pincette en générale, mais là, s'était un sujet... qui lui tenait plus à coeur que n'importe lequel. Sa tasse était vidé de moitié lorsqu'il prit enfin une grande inspiration, et délia sa langue, parlant d'une voix assuré :

" J'ai rencontré... un junkie à qui j'ai accordé ma confiance. Je ne serrais vous en expliquer la raison, mais je me suis attaché à lui, et j'ai dans l'intention de rester à ses côtés pour lui venir en aide. Il désire arrêter toutes ces drogues, ces alcools, cette débauche, et je l'ais prit sous mon aîle. J'aurais peut-être dût vous consulter avant, j'en suis conscient... mais ça s'est fait si vite que je n'ais même pas eut le temps d'y penser sur le moment. "

Il marqua une pause, reprenant son souffle après cette longue tirade qu'il avait sortit d'une traite, puis reprit plus calmement.

" J'aimerais que vous m'autorisiez à réduire mes heures dans l'hôtel de passe pour pouvoir m'occuper de lui. Je serrais plus assidu pendant ma mission à l'hôtel, je vous le promet. Ca n'aura pas d'incidence sur ma mission première. J'y tient vraiment , s'il vous plait "

Zero resta physiquement impassible à l'annonce de cette étrange nouvelle. Mais à l'intérieur, il bouillonnait. "Un junkie"... "ma confiance" ... "prit sous mon aile"... Mais Jun avait-il perdu l'esprit ? Dans celui du jeune chef, un junkie restait un junkie, et lui accorder sa confiance, sans aucune certitude préalable, relevait du suicide. Alors pourquoi Jun, si sérieux, si fort, si dur, si méfiant et méprisant envers les habitants du Land Of Decadence, avait-il si facilement décidé de s'engager auprès de cette personne ?

Sachant d'expérience que la colère n'était que le fruit d'un excès de ressentiments sans logique, Zero préféra réfléchir avant de s'énerver injustement contre son invité. Jun, celui qu'il avait accepté d'envoyer en mission, en connaissant les risques... Cet adolescent qui avait volontairement décidé de léguer son corps à des inconnus de passage, tout cela dans le seul et unique but de servir au mieux son pays... Comment avait-il pu en arriver là ?

** Il devait se sentir seul, alors il a prit le premier élément de substitution qu'il avait sous la main**

Pourtant, le ton que Jun employait était presque suppliant. Il semblait... passionné par cette nouvelle mission qu'il s'était auto-attribué sans rien demander à personne. Et c'était bien ce fait qui scandalisait Zero. Mais, à bien y réfléchir, ce dernier ne trouvait pas d'objection sensée pour justifier son désaccord. Certes, il aurait pu faire la morale à Jun, lui dire que ce n'était pas une bonne idée, qu'il risquait de tomber de haut, mais il avait confiance en lui. En vérité, il se sentait un peu prit entre le marteau et l'enclume, pensant d'une part à la sécurité de l'adolescent, et de l'autre au potentiel changement que Jun pourrait - il l'espérait - opérer sur ce junkie inconnu au bataillon.

Il prit une grande inspiration avant de répondre :

_ Jun... J'espère que tu es conscient que tu me places dans une situation délicate.

Avant de continuer son récit, il se délecta d'une nouvelle gorgée de sa boisson fétiche.

_ Il est certain que tu aurais dû m'en parler, mais quelque part, je peux comprendre les réticences qui t'ont poussées à ne rien me dire avant de prendre ta décision. Quelque part en toi, tu devais savoir que je serai contre et que je te ferai la morale.

La tasse de thé fut totalement vidée, et Zero la reposa délicatement à côté de sa jumelle, bu quelques heures plus tôt.

_ Cependant, je ne le ferai pas. J'estime que tu as vécu assez de choses dans ta vie pour savoir de qui tu dois te méfier. Je ne peux te donner complètement mon aval, car tu sais à quel point je suis réticent quand il s'agit de traficoter avec des junkies, autrement que par le biais de la mission que je t'ai confiée. Mais ta détermination me touche, et je pense que je peux te laisser une chance. Il faudra, par contre, que je puisse rencontrer ce jeune homme dans les mois à venir. Je ne peux pas prendre le risque de te laisser faire ce que tu souhaites, sans avoir moi-même pu me rendre compte de la sorte d'individu que tu fréquentes.

Il marqua une courte pause, en profitant pour humidifier de sa langue ses lèvres rendues sèches par ce trop plein de paroles.

_ J'accepte ce que tu me proposes, à savoir de moins travailler et d'avoir plus de temps pour t'occuper de ce junkie. Ce deal n'est bien sûr valable que si tu parviens à lui faire rallier notre cause dans les trois mois qui viennent.

Enfin, une esquisse de sourire apparut au creux de ses lèvres.

_ A part cela... Comment s'appelle-t-il ?

Jun était tendu, et cela n'avait sûrement pas échappé aux yeux de Zero. Il n'arrivait pas à cacher sa peur de la réponse qu'allait donner le chef des rebels. Il tremblait presque tellement il appréhendait... Il ne voulait pas que Zero lui interdise de le voir, il ne l'aurait supporté. Que qui que ce soit brime Jun aurait été une erreur, même venant de Zero. Le rebel n'avait aucune intention de laisser Daisuke, et même le chef des rebels n'y pouvait rien. Une dispute serait ouverte s'il lui interdisait totalement d'effectuer cette nouvelle mission. Cela dit, leur voix n'eut pas besoin de s'élever. Même si au début, Jun avait crût la chose mal partie... la suite était plutôt bonne. Zero était quelque peut dérangé que le blond ne l'ait pas prévenu plus tôt avant de s'engager, mais il le laisserait faire à sa guise... sous condition. Il avait trois mois pour seuvrer Daisuke et le faire rejoindre leur camp. Est-ce-qu'il y arriverait ? Dans tout les cas, il se batterait pour ; il ne voulait surtout pas perdre. Daisuke resterait à ses côtés, quoi qu'il en coûte. Jun aquieça alors, et prit à son tour la parole pour rassurer le brun :

" Je comprend que vous ne puissez être entierement d'accord, mais je ne lui ait pas accordé ma confiance négligement. Il est différent, j'en suis certain. Je lui parlerais de cette rencontre, et vous contacterait pour qu'elle s'arrange. Il faudra être discret, bien sûr, mais vous en êtes conscient. Et... je ferrais tout pour que dans trois mois, il soit de notre côté. Je ne faillerais pas à ma tâche. "

Il avait confiance en les capacités de Daisuke.
Jun prit sa tasse pour la finir, avant de la poser devant lui, et releva les yeux vers son supérieur lorsqu'il lui demanda le prénom du junkie. Il ne connaissait pas bien la provenance de cet étrange sourire, mais il ne lui paraissait pas anodin.

" Daisuke. Il s'appelle Daisuke. "

_ Daisuke... répéta doucement Zero d'un air songeur, comme s'il souhaitait évaluer la consistance que le mot prenait dans sa bouche lorsqu'il le prononçait.

Ce nom ne lui évoquait personne, parmi les nombreux junkies qu'il connaissait de "réputation". Néanmoins, il lui renvoyait l'image d'une certaine forme de puissance. La couleur rouge siérait à merveille au protégé de Jun.

En parlant de couleur... Zero se pencha pour atteindre la chaîne stéréo qui trônait sur une commode à droite de son bureau. Il appuya sur ON, puis play. Il y avait déjà un CD à l'intérieur, et il avait soudainement envie de partager ce moment avec Jun. Un son clair et brillant s'éleva des enceintes disposées aux quatre coins de la pièce ; un son préalablement réglé pour constituer une musique de fond, et ne pas gêner la conversation. Zero se laissa bercer par la mélodie fraîche et envoûtante de son artiste favori. Alors qu'il écoutait, la musique se parait, dans ses pensées brumeuses, d'une teinte vert éclatante.

Répondant à l'interrogation muette de Jun, il déclara :

_ Mozart, Symphonie n°7. Quand j'avais ton âge et que je me sentais dépassé par les événements, j'adorais l'écouter.

Il y eut quelques minutes durant lesquelles ni l'un ni l'autre ne s'exprimèrent. Zero ignorait si la mélodie avait une quelconque influence sur son vis à vis. Mais, en ce qui le concernait, elle lui donna la force de demander :

_ Pourrais-tu m'en dire... plus... sur Daisuke ? A vrai dire, j'aimerai savoir... dans quelles circonstances vous vous êtes rencontrés.

Jun se détendit vraiment lorsque la musique atteignit ses oreilles. C'était un vrai délice d'entendre pareil morceau, et son esprit en était de suite appaisé. Il était rassuré, de plus, puisque Zero semblait s'interesser à la mission qu'il s'était donnée. Il était heureux que le chef des rebels ne le prenne pas plus mal que ça, et l'accepte, surtout. Le rebel se demandait bien qu'elle pouvait être le nom de cette musique, mais comme s'il avait lu dans son esprit, le brun répondit à son interogation muette. Jun sourit alors, hochant la tête comme pour le remercier. Puis le silence s'installa quelques minutes durant lesquels Jun ferma les yeux pour écouter la musique se répendre dans la pièce et atteindre ses oreilles. Cette sensation était vraiment relaxante.
Alors qu'il se perdait dans cette douce mélodie, la voix de Zero le rappela à l'ordre, le faisait rouvrir les yeux. Il mit quelques secondes à prendre conscience de la question qui venait de lui être posée, et répondit finalement, hésitant :

" et bien... j'attendais un potentiel gros poisson... mais rien ne venait. Daisuke est arrivé à ce moment là. Il jouait le confiant mais tout dans ses orbes me criait son désespoir certain. Son masque m'as énervé, je l'ai fais tomber... et ais été envouté par ce qu'y se cachait derrière. "

Lorsque Jun comptait leur rencontre, diverses images de son premier tête à tête avec Daisuke affluaient dans son esprit. Il ressentait encore cette détresse intense qu'il avait détecté chez le roux lors que leur rencontre. Ses yeux brillaient d'une lueur inconnue, et Zero devait l'avoir remarqué alors que Jun ignorait encore qu'une tel flamme animait son regard.

Il était intéressant de voir à quel point Jun se trouvait fasciné par ses propres paroles. Il semblait visualiser un paquet d'éléments qui échappaient totalement à Zero. Cependant... Ce dernier pouvait aisément imaginer la scène... L'hôtel de passe et ses locaux sordides, Jun adossé contre un mur dans le hall d'entrée, guettant avec sérieux la populace du dehors... Cet homme sorti de nulle part, un homme parmi tant d'autres, qui cache à lui-même la profondeur de son désespoir... Et soudain, la révélation orchestrée par Jun sur cet individu...

Mais cela ne suffisait pas à Zero. Cette ébauche de description lui paraissait trop maigre, comparé à l'ampleur de ce qu'il en était réellement. Il suffisait d'observer Jun à cet instant pour le comprendre. Il avait l'air... transformé. Comme si cela faisait des années qu'il n'avait pas été heureux, et qu'enfin, une nouvelle alternative au bonheur lui tendait la main. Il n'y avait aucun doute sur la question : Jun était impliqué, sentimentalement parlant. Il n'en avait peut être pas encore conscience, mais cette rencontre influençait fortement sa façon d'agir et de penser. Zero en fut un peu effrayé, conservant en tête son impression première. Mais voir Jun rayonner ainsi... ça le déculpabilisait un peu. Si Daisuke pouvait lui apporter un peu de baume au cœur pour compenser cette affreuse mission où il abandonnait son corps à des gens malsains... le chef des rebelles lui en serait reconnaissant.

Alors que la musique se prolongeait, Zero sentait l'atmosphère devenir de plus en plus agréable et détendue. Lui-même s'abandonnait avec amour à ces sonorités exquises, et Jun avait l'air d'apprécier lui aussi cette nouvelle ambiance, propice à une discussion d'ordre plus privée. Zero avait toujours considéré Jun comme un employé, mais il était vrai que, de part la dangerosité de sa mission, il avait toujours prit soin de lui à sa manière, et qu'il comptait parmi les quelques privilégiés qu'il affectionnait sans le dire à voix haute. Ainsi, il espérait que Jun le ressentait de la même façon, et qu'il oserait aller plus loin dans ses révélations concernant son protégé.

Zero ne souhaitait pas particulièrement brisé le silence de cet instant béni, mais il poussa plus avant sa curiosité :

_ Et... à quoi ressemble t-il ? Je t'avoue que j'ai bien du mal à l'imaginer. Et tu as l'air... si enthousiaste. Cela m'intrigue fortement.

Jun appréciait particulièremment l'ambiance qu'avait fait naître Zero avec cette touche de musique classique. Il souriait béâtement, comme si le souvenir de Daisuke mêlé à cette agréable entrevue était la plus savoureuse des sensations. Cette soudaine plénitude qui envahissait son corps, il ne l'avait pas ressentit depuis bien longtemps. C'était différent de ce qu'il éprouvait dans les bras du junkie... bien différent, mais s'était un sympathique substitue. Le rebel fut encore surprit de voir que Zero s'interessait plus profondemment à Daisuke, et répondit donc, les yeux perdues dans l'infini de ses pensées :

" Il est de taille moyenne, un peut plus grand que moi. Il a de long cheveux rouges sang et un corps amaigries par la drogue...Ses yeux chocolat sont assombries par son affliction et aussi profond qu'un puit de douleur... "

Jun ne pouvait pas tant en dire sur son aspect physique. Lui avait été saisit par les sentiments extrêmes qu'il émanait, et non pas par son corps. C'était ces yeux dans lequel il était tombé qui l'avait envoutés. Sans ce regard, sans cette tristesse apparante et lancinante, Jun aurait continuer d'être méprisant. Le rebel manquait donc cruellement de mot, et ne pouvait pas plus assouvir le désir de savoir de Zero. Il sortit alors de ses envoutantes pensées, et reprit de son sérieux pour affirmer au chef :

" Je vous promet de faire tout mon possible pour le rallier à notre cause, sans pour autant empiéter trop sur ma mission première... J'espère ne pas vous décevoir. "

Des cheveux rouges sang... Zero serait-il visionnaire ? En tous les cas, la description lui paraissait satisfaisante. Mais le chef des rebelles se fit la remarque qu'à travers les propos de Jun, il visualisait un cadavre naissant. Tous lui évoquait la mort, et c'était loin d'être rassurant.

La symphonie s'acheva, on passait alors aléatoirement à la Sonate pour piano N°11. Un morceau plutôt joyeux, tout en finesse. Il ne collait vraiment pas du tout aux émotions que Zero ressentait à ce moment précis. Il préféra l'éteindre, mais son geste se fit plus brusque qu'il ne l'avait voulu. La détresse cachée de Jun lui apparaissait clairement, et ses dernières paroles déterminées achevèrent de le mettre mal à l'aise. Zero murmura :

_ Quoi que tu fasses, tu ne pourras jamais me décevoir. Tu es sûrement une personne... trop bonne pour faillir. Tu t'inquiètes pour les autres avant de t'inquiéter pour toi, c'est la preuve de ta volonté de bien faire. Je te fais confiance pour mener à bien tout cela. Mais tu dois quand même me promettre de ne pas trop... t'impliquer personnellement dans cette affaire. Tu as beau être fort, tu me semble fragile. Je suis plus inquiet pour toi qu'il n'y paraît...

Là dessus, Zero se leva, contourna son bureau, et vint s'agenouiller juste devant Jun. Il posa ses avants-bras sur les genoux du jeune homme, tout en soutenant son regard.

_ Tu me promets... Que tu sera prudent ?

Il ne souhaitait rien d'autre que d'être rassuré sur ce point.

Jun qui fixait sérieusement Zero se demanda la source de ce soudain énervement. Il ne comprenait absolument pas pourquoi le chef avait ressentit le besoin pressent d'éteindre cette joyeuse musique. Elle ne prétait certes plus à l'ambiance qui régnait dans la pièce, mais cela ne l'obligeait pas à la réduir ainsi au silence. Il ne préférait pourtant pas s'attarder sur ce détail, et conserva son assurance pour soutenir le regard de Zero qui pénétrait de nouveau le sien. Mais les mots du chef des rebelles l'atteignirent droit au coeur... Alors s'était pour cela, qu'il avait semblé en colère ? Il s'inquiêtait pour lui ? Jun n'aurait jamais pensé pouvoir être important aux yeux de Zero. Il croyait n'être qu'un rebel en mission comme bien d'autre... mais apparemment non, et ça le touchait énormement. Le geste qu'eut Zero envers lui le toucha tout autant... Il n'imaginait pas qu'il puisse avoir une proximitée de la sorte avec son supérieur, ni même que celui-ci veule être rassuré.
Jun lui offrit alors un immense sourire emplit de sincérité et osa tendre sa main pour la poser dans les cheveux de Zero.

" Je vous le promet. Je ne ferrais rien d'inconsidéré. Je ne prendrais pas de risque inutile, et ferrais attention à moi. "

Il espérait que ces mots suffiraient à tranquiliser Zero, il ne voulait pas l'inquiêter outre mesure. Tout se passerait bien, il en était convaincu. Si quiconque tentait de lui faire du mal, il se défendrait... comme toujours. Daisuke n'était pas plus dangeureux qu'un autre, bien au contraire.
Le rebel bougea alors ses doigts, les glissants doucement dans la chevelure du chef.

Le sourire de Jun réchauffait le cœur de Zero, annihilant au fur et à mesure ses angoisses modérées. Mais comment faisait-il, ce petit bout d'homme, pour parvenir à afficher un air si confiant ? Cette joie de vivre si naturelle qui l'animait... Le chef des rebelles s'en trouvait fasciné. Lui qui se bornait à faire son travail, passant son temps à mettre ses émotions de côté, il se découvrait soudainement beaucoup moins fort. Il faiblissait même, face à ce sourire empli de franchise. Et, bien plus que les mots que Jun prononçait avec une sincérité palpable, ce fut son geste qui calma ses derniers doutes. Une main, sur son crâne... celle de Jun. Une main qui se baladait sans gêne aucune, à travers son épaisse chevelure d'ébène.

Zero peinait encore à se rendre compte que c'était Jun qui effectuait cela. Certes, lui-même avait volontairement instauré une proximité nouvelle, mais il ne s'était pas attendu à ce que le jeune homme se laisse aussi facilement aller, face à lui - qui était son « patron ». Et, bien qu'il eut envie de lui dire de cesser, sachant pertinemment que cette attitude n'avait rien de normale, il préféra ne pas ouvrir la bouche. Il se rappela alors... que seul Ruki avait de telles attentions envers lui. Il n'y avait que ce dernier pour le rassurer quand il le fallait, rendant la pareille à celui qui l'avait chéri, protégé, aimé, pendant toutes ces années. Zero n'osait jamais avoir de contact proche avec quelqu'un d'autre que son presque-enfant, et seul ce dernier connaissait le véritable homme, celui qu'il y avait sous le masque que le chef des rebelles s'était forgé avec le temps. Sa propre attitude le choqua alors... Mais que faisait-il là, agenouillé, en position de faiblesse par rapport à celui qu'il avait en face de lui ?

Le geste de Jun se prolongeait dans le temps, et rien ne semblait vouloir l'arrêter. Peut être qu'un mot, ou un rejet de Zero aurait été suffisant, mais ce dernier ne réagissait pas. En vérité, il profitait intérieurement de l'effet de ces caresses, et se rendit vite compte que, bien plus que tout autre discours perdu dans les airs, c'était bien ce geste affectueux qui lui prodiguait l'apaisement. Zero se sentait enfin rassuré, et il ne voulait pas quitter l'état d'hébétude dans lequel il était plongé. Il avait fermé les paupières sans s'en rendre compte, et son souffle s'était ralenti. La main glissait progressivement dans sa nuque, les doigts glacés de Jun entrant en contact avec son épiderme tempéré. Peut être fut-ce cette sensation grisante qui le fit réagir... Zero posa sa propre main sur celle de Jun, toujours placée dans le creux de son cou, juste sous son oreille gauche. Il pensait certainement avoir la force d'ôter cette main... mais il se retrouva une fois de plus impuissant, et ne pu que rouvrir les yeux pour se perde une nouvelle fois dans les orbes de Jun. Ce qu'il y vit lui donna envie de pleurer. Au lieu de cela, il demanda :

_ Jun... Est-ce que je pourrai... Te serrer contre moi ?

Il avait terriblement froid, et l'envie irrépressible du contact d'un corps contre le sien. Il pensa à Ruki... Mais il n'était pas là, et ce n'était pas lui qu'il désirait étreindre. C'était bien Jun.

Jun continuait de caresser doucement les cheveux de son supérieur. Il ne savait aucunement comment cette contiguïté s'était instaurée. Il semblait qu'elle était venue d'elle même, tout naturellement. En tout les cas, il appréciait ce contact sous sa main. Ce n'était certes pas les cheveux de Daisuke, s'était encore une fois bien distinc de ce qu'il ressentait pour le roux, mais s'était tout de même fort. Zero lui avait permit autrefois de trouver son salue, son utilité, de devenir quelqu'un... Et se trouvait là, dans ce geste, un remerciement sincère trop longtemps attendue. Jun avait l'agréable impression de rendre enfin la pareil au chef des rebelles. Il sentait le brun se détendre sous sa main, et ses yeux fermés le lui confirmèrent. Zero se laissait doucement aller à ce moment d'égarement pour que le poid de son rôle quitte quelques minutes ses épaules fatiguées. Le rebel glissa alors sa main un peut plus bas, contre sa peau, et ne fut pas étonné de voir Zero arrêter son geste. Peut-être s'était-il enfin rendue compte que cet échange n'était pas morale. Peut-être qu'à cause de trop de fierté, il voulait stoper cet instant ici, là, maintenant. Jun l'aurait tout à fait comprit, et s'était d'ailleurs pour cela qu'il continuait de sourire alors que Zero relevait son visage vers le sien, ouvrant enfin les yeux pour affronter ceux du rebel.
Jun ne comprit pas ce qu'il voyait dans les yeux de Zero... Il pensait y trouver une sorte de résignation, mais s'était tout autre chose qui animait les orbes du chef. Puis des mots claquèrent le silence violemment... Des mots que jamais Jun ne pensait pouvoir entendre de la bouche de Zero. Cela dit, il se leva instinctivement, emportant le chef dans son mouvement pour l'attirer contre lui. Il enlaça sa taille de ses bras fins, et nicha sa tête dans son cou avant de clore ses paupières. Une de ses mains faisaient des aller et retour dans le dos de Zero, le caressant doucement pour dissiper encore une fois ses doutes et continuer à lui rendre la pareil.
Le rebel se posait mille et une question alors qu'il continuait d'étreindre fort Zero. Il était encore et toujours dans l'imcompréhension la plus total... Le chef des rebelles n'avait jamais, non jamais, laissé entrevoir la possibilité qu'ils puissent êtres proches. Pourquoi donc soudainement vouloir ainsi l'avoir tout contre lui ? Jun n'en avait strictement aucune idée, et finit par se laisser lui aussi aller à cet échange ; il laissa alors ses questions génantes de côtés, et se perdit dans l'agréable odeur de Zero.

Malgré l'éternel sourire de Jun, Zero pensait que sa demande serait d'emblée rejetée. Comme elle n'était pas conventionnelle, et que l'infiltré et lui n'avaient rien partagé d'autre hormis des séances usuelles en tête à tête, il était quasiment certain que le chef des rebelles allait se faire envoyer balader. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, dans un mouvement d'une infinie tendresse, sans le moindre mot, Jun se leva de son siège et l'emporta avec lui, ne lui laissant guère le temps de revenir sur sa requête. On aurait presque pu dire « l'arroseur arrosé ». Zero n'avait fait que demander une étreinte, mais c'était l'autre qui la lui faisait. Le chef des rebelles se retrouva donc prit de court, à ne pas savoir quoi faire. C'était Jun qui menait la danse, et lui ne savait plus s'il était bon de réagir ou pas. Il sentait le souffle du jeune homme tout contre sa peau, ses bras qui enlaçaient doucement son corps, créant un cercle protecteur autour de lui. Puis cette main, qui effleurait sa colonne vertébrale, lui provoquant d'innombrables frissons de plaisir. Non, il n'y avait décidément rien à faire pour revenir en arrière, alors Zero lui rendit ses attentions.

Il s'accrocha au corps de Jun comme un naufragé à une bouée, comme si plus rien n'avait de sens, et que les conséquences n'avaient pas d'importance. Il s'y accrocha... comme si sa vie en dépendait. Il ne voulait pas le brusquer, ni lui faire mal, aussi se contenta-t-il de lier ses mains derrière son dos. Il ne souhaitait pas pousser le vice plus loin ; il ne pouvait se permettre de prendre une telle liberté. C'était surtout l'angoisse de se faire rejeter qui l'empêchait d'être plus ambitieux. Il se contenta donc de déposer quelques baiser dans ses cheveux, tout en le gardant contre lui. Pour le coup, il ne savait plus si c'était lui qui avait besoin d'être rassuré, ou si c'était Jun qui puisait du courage dans cette étreinte. Mais l'heure n'était pas aux questions, ni même à la réflexion. Il se sentait bien, et c'était tout ce qui comptait.

Le corps de Jun contre le sien, c'était une sensation indescriptible. Cette chaleur était si... réconfortante. Il n'y avait rien de sexuel là dedans, ni même d'amical. C'était sûrement... plus subtil. Ou plus étrange, tout du moins. Et l'étreinte se prolongeait, indéfiniment. Zero ne voulait pas y mettre un terme, car cela signifierait le dur retour à la réalité. Alors, lui aussi se mit à caresser sensuellement son corps, sans rien oser d'irrespectueux. L'enveloppe charnelle de Jun était si fine, si fragile. Comparée à la sienne, de carrure si imposante, si virile, le chef des rebelles s'en trouva dérouté. Sa main droite faisait des aller et retour, partant de sa hanche pour aller vers ses côtes. Il palpait alors la finesse - pour ne pas dire la maigreur- apparente de Jun. Ce corps... semblait celui d'un enfant.

Zero ressentit alors... cette même envie de pleurer qui l'avait prit lorsqu'il avait formulé sa demande. Sauf que cette fois, il ne fit rien pour empêcher une larme, une unique larme, de couler le long de sa joue, mouillant l'épaule de Jun.

Jun sentit bien la forte hésitation que Zero avait à répondre à son enlacement. Pourtant, s'était lui qui avait demandé à pouvoir partager cette étreinte, alors pourquoi donc tergiversait-il ? Il y eu quelques secondes où le rebel crût avoir fait une erreur en répondant à cette demande, mais les bras de Zero qui se ressèrent finalement sur lui annihilèrent tout ses doutes. De là, leur échange devint soudainement source de courage. L'un comme l'autre y puisait leur force, se réconfortant mutuellement d'une douleur invisible ; celle de se battre sans grand changement apparent, celle de se sentir si faible face à ce monde décadent. Jun se sentait mieux, plus à l'aise désormais, dans les bras forts de Zero qui commença à caresser à son tour son dos, et à embrasser ses cheveux. Puis le rebel le sentit défaillir contre lui, comme si leur étreinte devenait un poil désespéré. Il sentit une fine goûte se déposer sur sa peau pâle, et se recula alors pour observer le visage de Zero, gardant ses mains posées sur ses hanches graciles. La trace d'une larme était encore présente sur la joue rosie de Zero. Ses yeux refletaient la profondeur de son âme, une légère agonie. Le chef des rebelles... était presque faible en cet instant, et Jun se sentit brutalement empreint d'une tristesse similaire. Ils liaient ainsi leur douleurs cachées, partageant le poid d'une si difficile mission. Jun ôta l'une de ses mains du corps de Zero pour aussitôt la redéposer sur sa joue, à l'endroit même où sa perle salée venait de meurtir sa peau. Il caressa doucement ce point de son pouce, puis laissa sa main se perde jusqu'à sa nuque, et son front se poser contre son épaule. Cette simple larme, ce simple échange visuel lui avait donné à lui aussi l'envie de pleurer, mais il se retenait. Il ne pouvait pas ainsi se laisser aller, il ne pouvait pas céder à la souffrance : s'était bien trop facile, sinon. Jun prit alors la parole d'une voix tremblante, incertaine ; il ne savait si ces mots pourraient réconforter Zero :

" Vous pouvez pleurer, si vous le désirez... ça vous ferrait... le plus grand bien, de défaillir par moment. "

Sa main posée sur sa taille se ressera sur le vêtement de Zero, puis il reprit :

" Je suis là. "

Il était là pour ça, oui, si Zero le désirait. Supporter la souffrance des autres, il arrivait parfaitement à le faire. Il savait faire la part des choses, et même s'il se sentait impliqué, il serrait résister.

Le contact de la main douce et fraîche de Jun sur sa joue constituait un délice en lui-même. Et, dans une certaine mesure, cette attention parvenait à réduire les doutes imbibant l'esprit de Zero. La caresse qui suivit, tentant d'annihiler la présence de cette larme, lui réchauffa le cœur. Il se sentait plus fort, face à ce regard compatissant, dépourvu de pitié. Les mots qui en découlèrent, cependant, achevèrent de démolir la mince barrière qu'il érigeait encore entre-eux. Cette voix claire, tremblotante, murmurant des mots si difficiles à accepter... Comment Zero aurait-il pu se laisser aller ? Comment aurait-il pu se permettre de s'effondrer alors que le Sanctuaire tout entier comptait sur lui ? Pleurer, c'était bien la dernière chose qu'il s'autorisait à faire. Et pourtant, à la dernière réplique du jeune homme, il craqua.

Ce furent des larmes silencieuses, dépourvues de sanglots. Zero conservait une certaine retenue, mais les perles humides étaient sincères. Il sentait toutes ses craintes s'échapper de son corps, mais l'évacuation était si longue que ses pleurs ne tarissaient pas. Il avait besoin de lâcher prise, mais il ne s'attendait pas à perdre ainsi le contrôle de son corps. Il espérait que Jun ne se lasserait pas de l'échange, car maintenant qu'il était lancé, il y en avait pour un bon moment.

Jun fuyait toujours le regard de Zero en se perdant contre son épaule. Il conservait crispée la main qui agrippait son pull, mue par la force du désespoir... Le chef des rebelles glissa ses doigts dans la nuque de Jun et appuya légèrement, rapprochant un peu plus son corps au sien. Le visage du jeune homme se retrouvait ainsi à la hauteur de son cœur. Il ne voulait pas qu'il voit ses larmes, même s'il savait que ce dernier pouvait aisément les sentir – tout comme il devinait sa détresse intérieure. Il souhaitait simplement apaiser la souffrance qui lui brouillait les entrailles, et le corps de Jun constituait un remède miracle inattendu.

Les joues de Zero étaient souillées, déformées par les traits brillants qui venaient mourir dans les cheveux de Jun. Ses cheveux... qui sentaient si bon. L'odeur lui rappelait maints senteurs humées lors d'après-midi entiers passés dans le champs de coquelicots. Une fragrance nostalgique, qui le faisait à la fois sourire et pleurer d'avantage. La respiration plus calme qu'au début de son chagrin, le chef des rebelles eut la force de murmurer :

_ Merci, Jun. Merci d'être là.

Ses bras le cajolèrent plus encore.

_ J'espère que tu sauras apaiser les doutes et les peines de ton junkie, aussi bien que tu parviens à le faire avec moi.

Il déposa un nouveau baiser sur son crâne.

_ Si tu le souhaites... Tu peux disposer.

Zero desserra quelque peu son étreinte, sans pour autant lâcher Jun. Il voulait le garder encore quelques minutes contre lui, et laisser au jeune homme l'initiative d'achever leur corps à corps.

Jun ne s'attendait pas à ce que Zero se permettre réellement de pleurer. Il ressera alors plus fort ses doigts sur le tissus, et se laissa entrainer au plus près de son corps. Ainsi, il sentait la souffrance du chef des rebelles s'immiscer dans tout ses pores, et prendre possession de ses sens. Il le sentait s'abandonner discrètement à ses larmes pour que sa douleur monopolise l'espace et libère son coeur. Jun était fière d'avoir ainsi pût aider son supérieur ; Il était appaisé de lui avoir été utile. La plus vive des hontes était bien celle de perdre face à la souffrance suprême, et là, Jun avait gagné. Il avait un cours instant réussit à ôter le lourd fardeau éternel des épaules de Zero. Rien que pour cela, il était lui même délivré pour le moment.
Zero prit finalement la parole, et ses mots atteignirent douceureusement l'âme du rebel. Il n'y avait rien de plus beau qu'un remerciement de la sorte. Après ça, le brun lui annonca qu'il pouvait prendre congé. Etrangement, Jun n'en eut pas de suite envie. Il voulait encore profiter quelques secondes de la chaleureuse étreinte de son supérieur. Il glissa alors sa main posée sur sa hanche jusqu'à son dos pour y reprendre de légères caresses, et nicha sa tête dans son cou où il y déposa un baiser. Se rendant soudainement compte de son geste, Jun se recula sans brutalité, et bafouilla, la tête basse :

" Je vais y aller. "

Jun s'inclina alors comme une marque de respect profond, et prit le chemin de la sortie. Sur le pas de la porte, ses yeux fuyants ceux de Zero, il le salua :

" Merci pour le thé, et à bientôt "

Puis il disparut, avalé pour le couloir de l'Hôtel de ville, encore troublé par son propre geste.

Zero frissonna sous la tendre caresse que constituait le baiser de Jun. A vrai dire, il ne s'y était pas attendu, et ne fit aucun geste pour se dégager et réprimander le jeune homme – c'était bien trop plaisant. Ce dernier se chargea lui-même de rompre leur contact physique, non sans une certaine gêne palpable, caractérisée par son brusque changement d'attitude. Il balbutia l'annonce de son départ, et Zero ressentit un bref pincement au cœur. Quand il serait parti, la magie de cette instant s'évanouirait, et tout redeviendrait comme avant. Jun n'osait déjà plus le regarder. Intérieurement, il avait déjà passé le pas de la porte. Alors, le chef des rebelles se contenta d'effleurer une dernière fois sa main avant que Jun ne le remercie et prenne la fuite.

_ Tu reviendras... murmura Zero, à présent seul dans la pièce. Plus vite que tu ne le penses...

Tandis que les pas de Jun s'éloignaient hâtivement, l'endroit où le jeune homme avait apposé ses lèvres continuait de brûler la peau du chef des rebelles.

~ FIN ~