Emerald♪[Kiyoharu]

Ivy parcourait les rues en sautillant. Il venait de faire les courses pour qu'il puisse manger ce soir et il ne faisait attention au regards dilatés des junkies traînant dehors. En plus, il était bien trop absorbé par la musique qu'il écoutait. Du bon vieux rock qui fait du bien. Ici, les rues n'étaient que rarement animées ou bien, c'était lorsqu'il y avait des règlement de compte. Alors il fallait bien trouver quelque chose pour échapper à cette ambiance morose qui ne régnait pas seulement que dans ces rues mais dans tout le pays. Mais voilà qu'il était tellement rêveur qu'il percuta un homme. Celui-ci était grand, très grand et un air de mafieux affiché sur son visage et clope entre ses doigts. Ivy pencha la tête légèrement et vit que l'autre main de l'homme tenait le col d'un junkie ou plutôt d'un cadavre. Il s'excusa tout en bafouillant et tenta de s'en aller mais l'homme lui attrapa sa jolie crinière blonde et le fit se retourner d'un simple coup de main. Ivy refusa ses avances et commença à se débattre. Il avait beau avoir quelques muscles, contre une montagne pareille, c'était tout bonnement impossible pour Ivy de le battre.

-Laissez-moi tranquille je vous prie!

L'homme le fit tomber à terre et se posa à califourchon sur son bassin. Ivy comprit se qui allait arriver et essaya en vain de le repousser.

-Laissez-moi!

Kiyoharu parcourait les rues de la ville, plongées dans une obscurité à peine brisée par les quelques lampadaires blafards, avec un plaisir non dissimulé. Il n'avait jamais compris pourquoi, mais la puanteur et la débauche de ces trottoirs le ravissaient - Probablement parce qu'il s'y sentait propre et élégant. Toutefois, sa plénitude fut anéantit par un cri strident qui l'agaça profondément. Ce genre de chose arrivait régulièrement, à Land of Decadence, et nombreux étaient les crimes nocturnes. Pourtant, ce cri était particulier - Il était apeuré, et les mots choisi le firent frissonner de plaisir. Il avait toujours était très sensible au langage que se devait d'employer les hommes, et rares étaient les Junkies capables de s'exprimer correctement. D'ailleurs, rares étaient les Junkies qui avaient peur de mourir.
Il ne lui fallu que quelques secondes pour dénicher la source du hurlement, car l'altercation ne se déroulait qu'à quelques pas de lui, dans l'ombre d'une énorme poubelle en métal - De celles que l'on imagine emplies de cadavres en putréfaction. Il jeta nonchallement sa cigarette, tira son revolver de sa poche intérieure, et se dirigea à pas lent vers le type immense qui, vraisemblablement, était l'agresseur.

Il toussota calmement, et attendit qu'il ne tourne la tête vers lui, avant de prendre la parole.

"Excusez-moi de vous déranger lors de votre passionnante activité, mais... Je crois que vous importunez ce... Jeune homme. Si c'en est bien un."

Ceci dit, il pointa le canon de son arme sur le front de l'homme - Qui devait le dépasser de presque une dizaine de centimètre - et tira à bout portant. Les éclats de sang le firent grimacer, et il souffla de désespoir en constatant que sa veste en était maculée. Alors seulement, il observa le junkie qui était resté à terre, et secoua la tête lorsqu'il le vit presque dévêtu, ses traits fins toujours tirés par la peur. Il lui tendit une main souillée de sang, s'excusa pour ce désagrément, et enfin l'invita à l'accompagner.
Kiyoharu n'était pas du genre à ammener n'importe qui chez lui, mais ce jeune homme avait besoin d'aide, et il s'ennuyait assez pour avoir envie de l'aider. Il ramassa aussi le sac de course qui s'était renversé sur le sol, et reprit la main du Junkie. Il lui lanca un sourire compatissant avant de parler à nouveau.

"Vous n'avez rien à craindre. Allons chez moi, vous y serez plus en sécurité."

Ivy se débattait toujours autant et se retrouva alors presque dévêtu lorsqu'un homme, d'une allure classe devait-il se l'avouer, brandit un pistolet sur la tempe de l'agresseur. Il n'allait tout de même pas? Ivy écarquilla les yeux à cette vue atroce. Il était maintenant tout recouvert de sang, il se sentait désormais sale et mal. Il prit la main que l'homme lui tendit et se releva tout en se rhabillant correctement. Lui qui aimait être élégant, c'était raté. Ivy avait quelques bleus, surtout sur les cuisses et ceux-ci lui firent si mal qu'il avait du mal à suivre l'homme. Il ne savait pas d'ailleurs pourquoi il le suivait, il avait peur. Après tout, cette homme venait d'en tuer un autre juste devant ses yeux, même si c'était pour le sauver... Pendant tout le trajet, son regard restait planté sur son sac de course. Il ne savait pas ce qu'il allait advenir de lui mais il ne voulait plus mourir maintenant. Il s'était fait une amie, ou du moins, il le pensait et voulait s'en faire encore pleins d'autres. Cependant, la crainte avait prit possession de ses membres. Mais peut-être que comme cet homme le disait, il n'avait rien à craindre et il pourrait alors se soigner! Il s arrivèrent enfin chez l'homme. Un magnifique duplex se situait là. Ils entrèrent et Ivy ne put que constater et admirer le fait que son hôte avait de très bon goûts au niveau de l'art. De magnifiques tableaux ornaient ses murs et pourtant l'espace était dégagé et aménagé pour que ce soit pratique. Ivy était subjugué par le beauté de cet appartement. Il se décida enfin à parler pour complimenter la demeure:

-C'est splendide chez vous.

Kiyoharu, le long du trajet, avait jeté quelques coup d'oeils au junkie qui semblait avoir du mal à se déplacer ; il ne l'avait toutefois pas aidé, en partie à cause de ce regard terrifié qu'il lui lançait. Mieux valait ne pas le brusquer et après tout, à Land of Decadence... Marche ou crève. En plus de cela, il n'avait aucune envie de porter le jeune homme - Il avait déjà assez de sang sur les mains. Il ne retint pas un sourire lorsqu'il complimenta l'intérieur de son duplex, car la voix du jeune homme, malgré son évidente admiration, était teinté d'inquiétude - Voire d'angoisse. Songeant que lui proposer une douche aurait l'effet d'une proposition sexuelle, il opta pour la plus simple des réponses et détourna par le même fait l'implication de l'acte qu'il venait d'accomplir. Inviter un homme chez lui était bien souvent destiné à la visite de sa chambre, et il n'avait pas envie de voir le jeune homme de cette manière. Ce dernier avait bien trop peur pour qu'il tire un quelconque plaisir à l'avoir contre lui. Il se tourna donc vers lui, et répliqua avec un sourire satisfait mais nullement arrogant.

"Je te remercie. L'art est la seule fleur capable de pousser dans la merde... Alors, j'ai créé ce jardin." Il étendit les bras, désignant l'ensemble de la pièce. "Les tableaux, les sculptures, les meubles... Tous sont la preuve que l'être humain peut créer, quand il ne détruit pas." Pointant du doigt quelques dessins réalisés à l'encre de chine ou au fusain, il ajouta: "Ceux-là sont de moi. Des amants, pour la plupart. Je crois que les seuls instants où je suis capable de porter un regard affectueux, et non lubrique, sur un homme, sont lorsque je les réinvente sur le papier."
Il ouvrit sa veste, et l'accrocha négligemment à un pathère en fer forgé, qui supportait déjà des nombreux manteaux et chapeaux. Après quoi, il se défit de ses chaussures, et invita le jeune homme à faire de même.

"Excuse mes élans littéraires. Je m'emporte souvent, lorsqu'il s'agit d'art - Entre autres choses. Il faut que tu te changes, je crois. Je vais faire de même. La salle de bain est là-bas, au rez-de-chaussé. Tu y trouveras un peignoir propre dans le placard. Je vais tâcher de te trouver des vêtements mais..." Il s'approcha du garçon, et tenta vainement de prendre une expression rassurante - Son sourire resta néanmoins figé, et il resta tout de même à bonne distance du jeune homme. Il fallait avouer que ce dernier, malgré son teint blafard et ses yeux écarquillés par la peur, était tout à fait charmant. Ce n'était pas du tout le moment pour que l'excitation vienne... Il se détourna, et lança enfin: "Surtout, n'ai pas peur de moi. Je serais là-haut, tu peux être tranquille."

Ivy regarda de plus près les dessins de l'inconnu. Ils étaient fort beau et les traits relevaient parfaitement les formes et les expressions de ces personnes. Cependant, il n'osa rien penser d'autres, même s'il aimait l'art, il ne s'y connaissait que très peu et il n'aimait pas exposer une science qu'il ne maîtrisait pas aux autres, surtout qu'il avait un avis très subjectif la plupart du temps. Un regard affectueux et non lubrique? Etait-il alors un pervers? Ivy enleva ses chaussures et posa son manteau sur le porte-manteau toujours silencieusement.

-Ne vous excusez pas, une passion est une passion. Je ne m'y connais pas vraiment et écouter des gens ayant un savoir-faire supérieur à moi dans un quelconque domaine me ravi toujours. J'aime apprendre, j'aime écouter.

Il se déridait quelque peu mais il n'en restait pas moins méfiant. Il hocha la tête et le remercia. Ne pas avoir peur de lui était beaucoup lui demander mais il essaierai. Il se dirigea vers la salle de bain et entra dans la pièce, aussi spacieuse que les autres. Il lava d'abord son visage avec de l'eau et du savon qui traînait sur le lavabo et se l'essuya à l'aide d'une serviette de bain. Son hôte ne lui ayant proposer de prendre une douche, il ne pouvait se permettre de s'y rendre, même si l'envie ne lui manquait pas. Il se dévêtit et mit le peignoir. Ses vêtements à par sa jupe et ses collants n'avaient rien prient, la plupart du sang s'était projeté sur sa figure, ses cheveux et son manteau. Il désespérait, il venait de l'acheter ce manteau et pas à n'importe quel prix. Cela faisait déjà la deuxième fois que l'un de ses vêtements était tâché par du sang. Il prit ses vêtements et les plia et les empila. Il avait gardé son sous-vêtement, étant trop pudique pour se retrouver nu sous un peignoir chez un inconnu.

Il se regarda dans le miroir, dégoûté de son visage fatigué et terne. Il ne s'aimait pas là, il ne se trouvait pas beau. Il n'aimait pas converser en ne sentant pas soigné. Il frotta son visage de ses mains et se mit une petite tape à la joue afin de se reprendre en main. Mais maintenant qu'il était habillé de ce vêtement, il ne savait pas trop quoi faire...

Kiyoharu patienta quelque temps, et décida de descendre afin de voir ce qu'il advenait de son protégé - Au risque de l'effrayer. Il toqua doucement à la porte, puis se permit d'entrer. Il put apercevoir le regard que le junkie se lançait, et sa manière de se tasser sur lui-même comme s'il voulait échapper aux regards étrangers. Etrangement, Kiyoharu fut traversé par un sentiment qui lui était jusque là inconnu, et qu'il osa qualifier d'attendrissement. Il s'approcha lentement, en veillant à ne pas brusquer le jeune homme, et plaça ses mains sur ses épaules pour observer leurs reflets.

"Je suis certain que derrière ce fatigue fatigué se cache une beauté hors-norme. Seulement, je ne crois pas que la vie que tu mènes soit adaptée à tes réels besoins... N'est ce pas? Tu es une princesse, pas une pute."

Sur ces mots, qu'il avait prononcé presque avec gentillesse, il se détourna pour faire couler de l'eau chaude dans la baignoire. Il secoua la tête, mettant sa soudaine sensibilité sur le compte de la fatigue, et fixe à nouveau le jeune homme, qui restait immobile sous son regard.

"C'est ça qu'il te faut, pour l'instant. Un bain chaud. N'hésite pas à te servir de tous les produits qui pourrait te plaire, je n'en ai pas besoin d'autant. Je n'ai pas pour habitude de cuisiner, mais je vais profiter de ce moment pour préparer quelque chose qui, je l'espère, sera correct. De toute façon", ajouta-t-il en contemplant la frêle silhouette du jeune homme: "Je crois que même de la bouillie pour bébé te serait bénéfique. Prends ton temps, surtout."

Il sorti enfin de la pièce, tendrement amusé par l'hésitation du prostitué et sa frayeur encore visible.

Ivy sursauta en voyant le reflet de l'homme dans le miroir. Son coeur battait la chamade, la crainte l'envahissait mais il se contint, il était sure que cet homme était bon, enfin, il l'espérait plus que tout.

-Une princesse? Pas une pute?

Mais comment savait-il? L'avait-il aperçut à l'hôtel de passe? Ou bien... Non il ne savait pas, sa tête lui faisait énormément mal. Ivy l'écoutait restant cois. Il le regardait faire, il voyait alors la grâce que ses mouvements dégageait, son corps magnifiquement sculpté, sa bouche pécheresse, ses yeux distants, il était vraiment beau. Ivy secoua sa tête discrètement, comme pour remettre ses idées en ordre.

-Merci... dit-il timidement, un regard troublé par les intentions méconnues de cet homme.

Il attendit qu'il sortit pour vite enlever son peignoirs et se jeter littéralement dans la baignoire, il s'y enfouit de longues minutes alors, se frottant le plus qu'il pouvait afin d'enlever toute cette crasse qu'il avait accumulé depuis la fin de sa journée. Il était sale, écœurant, il se dégoûtait lui même. Lorsqu'il finit, il se releva de suite, il ne voulait pas faire attendre son hôte, il lui prenait déjà assez de temps. Il remit son peignoir après s'être sécher correctement, laissant ses longs cheveux humides tomber sur ses épaules. Mon dieu que ce bain lui avait fait du bien. Il s'avança dans le couloir et il se cache derrière un mur, montrant juste sa tête afin que son hôte le voit.

-Excusez-moi... Pouvez-vous me prêter des vêtements s'il vous plait? Je vous les laverai et repasserai le plus vite possible!

Kiyoharu s'affairait dans la cuisine, si bien qu'il lui fallut un moment avant de comprendre que le jeune homme le hellait. Il termina d'installer la table, et se précipita vers l'étage en maugréant contre son inattention. Il reparut devant le junkie, les bras chargés de vêtements. Il y avait là quelques pantalons très serrés, deux sweat qui seraient probablement trop grand mais qui auraient l'avantage d'être confortable, et quelques T-shirt de grande qualité.

"Je suis désolé, je n'ai rien qui ressemble aux vêtements que tu portes d'habitude, et je crains que mes plus beaux effets ne soient bien trop larges pour toi."

Il s'étonnait lui-même d'être aussi sincère avec le jeune homme, et retourna bien vite à ses fourneaux pour le laisser se préparer. Il ne cuisinait pas souvent, mais était plutôt fier de lui - Il venait de confectionner, en à peine une heure, un poulet au citron (Il louait la rôtisserie d'à côté, qui vendait des poulets cuits) accompagné de légumes variés. Ce n'était pas de la grande gastronomie, mais il était plutôt fier du résultat. Il s'assit à table, une fois que les plats y furent installés, et apella le junkie. Il était réellement impatient d'en savoir un peu plus sur lui... Car, il en était certain à présent, il s'agissait bien du jeune prostitué qui l'avait fasciné les rares fois où il avait pu le voir de loin. Il n'avait jamais eut envie de l'approcher, n'y voyant aucun intérêt ; mais le sort semblait en avoir décidé autrement.

Ivy attendit quelques instants, toujours caché derrière le mur et se sentit mal à l'aise de déranger son hôte dans ses occupations. Il ouvrit grand les yeux en voyant la masse de vêtement de l'homme lui avait rapporté, il n'avait vraiment pas besoin de se déranger autant pour lui, petit être insignifiant qu'il était.

-Ce n'est pas grave, cela m'ira puis je ne porte pas que des robes, la plupart du temps, c'est pour le travail, il m'arrive parfois même si c'est rare de mettre un pantalon. ria-t-il doucement.

Il repartit dans la salle de bain avec le tas d'habit et regarda les tailles de ceux-ci, il trouva enfin le pantalon le moins large, il le mit et celui-ci lui alla à ravir. Il se regarda dans un miroir et se trouva bien beau dans ce tissu. Il prit un des T-shirt et pu constater qu'ils étaient de grande valeur alors il ne valait mieux pas les tacher tout à l'heure. Il l'enfila mais celui-ci était bien trop large pour lui. Tant pis se disait-il. Il plia les vêtements alors et les posa sur une étagère. Il parti en direction de la salle à manger, le junkie l'ayant appeler pour dîner.

-Excusez-moi de prendre de votre temps.

Il s'assied et regarda le plat avec envie, il avait vraiment faim et son ventre se tordait à la vue de ce plat appétissant.

-Ça m'a l'air bien délicieux!