La cuite du siècle... [BOYA]

Alors là, avec un tel discours, Kanon avait tout gagné. Pour sur qu'il allait le laisser tranquille ! Il allait même... ne plus vouloir le voir ahah.
Lui balançant les clés de l'appartement, il détourna son regard du siens et laissa la porte de la chambre dégagée pour qu'il puisse se lever.

"... casse toi."

Il ne voulait plus le voir. Pas après ce qu'il s'était passé. Pour sur qu'il avait mal, en même temps ça se voyait. Il avait beau tenter de ne plus pleurer, ça ne marchait qu'à moitié, et sa voix tremblait alors...
Mais il était bien content d'être en repos, au moins il ne le verrait pas ce soir, il aurait la paix.

Pas de soucis! Il partait! Kanon avait finalement trouvé ses fringues mais voulant absolument s'enfuir, il enfila simplement son pantalon et sortit, de toutes façons ses clés étaient dans son pantalon donc il put rejoindre son appartement à l'étage. Maintenant qu'il savait qui était Boya, l'idée de le voir au Maboroshi devenait insupportable! Et puis... Aussi... Pourquoi il se sentait tellement coupable? Ce n'était pas de sa faute! Pourtant, l'image de Boya en larme... Il n'arrivait pas à s'en défaire.
Pire encore, sans s'en rendre compte, il avait gardé le journal de son cadet. Après avoir prit un bain et des médoc pour se calmer, il avait finit sur son canapé, relisant le carnet encore et encore...

Pour une fois qu'il était en repos... il avait eu le droit de passer une journée tout simplement abominable. Jamais il ne s'était senti aussi triste depuis la disparition de Kogarashi... Quoi que là, il se maudissait même d'avoir ouvert sa bouche. S'il avait su que ça ferait aussi mal... jamais il n'aurait fait ça. Jamais il n'aurait été jusqu'à... pleurer devant lui...
Journée difficile, soirée... difficile... avec un peu d'alcool pour agrémenter le tout... Enfermé chez lui, devant sa baie vitrée à pleurer avec sa bouteille à la main. Quelle triste vue...

Kanon n'avait rien fait de sa journée, et il avait... Encore séché le boulot ce soir. Miyavi allait finir par débarquer et en faire de la purée! Mais il ne pouvait pas aller travailler. Il avait mal à la tête, il avait l'esprit fatigué, embrouillé, et il essayait de faire un choix concernant Boya.
Après avoir sniffé un peu de coke, il se sentit plus léger, mais la nuit était déjà retombée. Le brun qui s'était rhabillé, descendit et se retrouva devant l'appartement de Boya. Il sonna, et attendit. Ici, il fallait une clé pour entrer, une protection que Kanon adorait mais là... Il ne savait même pas ce qu'il faisait ici! Si Boya ne lui ouvrait pas, il ferait demi tour. Tant pis. Il ne lui expliquerait pas.

Lui qui pensait passer une soirée tranquille... finit par entendre du bruit à sa porte. Oui, car vu son état, c'était juste du bruit, pas quelqu'un qui tape. Mais quand on insiste un peu... ça finit par le faire réagir. Du coup, il laissa son énième bouteille vide rejoindre le sol avant de se lever pour ouvrir la porte.
Et quelle ne fut pas sa surprise en tombant nez à nez avec ce cher Kanon... là, il se demandait vraiment ce qu'il pouvait faire là. D'ailleurs, il suffisait de voir la tête qu'il fit en le voyant pour ça.
Grimaçant légèrement avant de rire, il finit par s'écarter pour le laisser passer.

"Que me vaut la visite du bel host~?"

Retournant dans son salon, il attrapa son paquet de cigarettes pour en prendre une et se l'allumer, se laissant tomber dans le fauteuil. Il finit par relever ses beaux yeux vers ceux de Kanon, attendant une réponse clair et constructive. Surtout clair vu son état en fait...
Mais vu comment ça c'était fini entre eux, il avait droit de se demander ce qu'il faisait chez lui après tout. Parce qu'il n'avait toujours pas tilté sur le fait qu'ils habitaient... au même endroit...

La porte s'ouvrit enfin sur le cynisme de Boya. Kanon entra, allant s'asseoir sur le canapé, regardant son cadet en silence.

"J'le crois pas... J'allais venir te parler sérieusement et t'es bourré...!"

Ok lui était sous coke mais ça ne faisait que lui remonter un peu le morale, il restait lui même, et il avait été prêt à expliquer les choses à Boya! Finalement, l'autre s'était juste bourré la gueule. Ce n'était pas la peine de lui raconter quoi que ce soit.
et puis Kanon se trouva stupide d'être venu. Il se trouvait totalement débile. Il ne voulait plus penser à tout ça et sous prétexte d'une mec dont il ne se souvenait même pas il changeait d'avis?

Le laissant s'installer en face de lui, il ne dit rien pendant un moment, finissant sa bière en fumant sa cigarette. Après tout, s'il était venu le voir, c'est surement qu'il avait quelque chose à lui dire, et pas l'inverse. Lui avait tenté de lui parler ce matin mais ça n'avait rien donné alors...
Ce ne fut que lorsqu'il l'entendit qu'il sourit légèrement avant de se reprendre.

"Je suis bourré mais parfaitement conscient de ce que tu dis, alors fait un peu attention."

Eh oui, lui il tenait très bien l'alcool. D'ailleurs, même ça ça le rendait triste, parce qu 'il fallait qu'il se descende des tas de bouteilles avant de se sentir un peu partir. Là... il s'était juste un peu consolé, rien d'autre. Alors s'il voulait le parler, il pouvait le faire sans soucis. Et puis, ça s'entendant dans sa voix qu'il était loin d'être totalement bourré. Juste... juste très agacé...

"Je t'écoute alors."

Kanon aussi tenait très bien l'alcool c'est pourquoi la cuite d'hier était aussi énorme! Il avait abusé, heureusement que Boya l'avait retrouvé. Voilà, il lui parlerait parce qu'il lui devait la vie. Kanon allait mourir jeune, ça, il le savait, d'ici cinq ans... Mais il 'navait pas eut dans l'idée de mourir avant, donc, voilà, ce serait sa manière de le remercier.

Le brun reposa le carnet sur la table. Il avait l'impression de le connaître par coeur.

"Que ce soit claire... Je ne suis pas Kogarashi. Ce n'est pas que je ne le suis plus. Je ne le suis pas. Alors, à mes yeux, je n'ai rien à te dire. Je ne te connais pas."

Il se massa le crâne. "Je ne sais pas pourquoi, mais ne serait-ce que pour l'ambiance au boulot... Il vaut mieux que tu saches..." Même si en parler allait lui faire du mal. d'ailleurs, il prenait sur lui mais, ses mains tremblaient un peu.

"On m'a enlevé. C'est pour ça que j'ai disparu... J'ai été kidnappé..."

Pour ambiance au boulot... oui, c'est la première chose qu'avait entendu réellement Boya. Il avait l'impression qu'il venait le voir juste pour être sur que ça irait quand ils se croiseraient au travail. Si c'était vraiment juste pour ça, il pouvait rentrer chez lui, ça c'est sur ! Mais visiblement, c'était autre chose.
Encore une fois, il ne réagi que plus tard. C'est pour ça qu'il ne releva sa première remarque qu'après. Comment est ce qu'il pouvait dire qu'il n'était plus... c'était tout bonnement n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi.

"On ne devient pas quelqu'un d'autre. T'as fais quoi pour vouloir l'oublier à ce point hein ?"

Mais il se maudit bien vite pour ce qu'il venait de dire... surtout vu la dernière phrase... Boya eu l'impression de se prendre un véritable coup de massue derrière la tête...

"Tu... quoi..? Mais.... c'est pas possible c'est... c'était quand..?"

Il n'avait pas envie de l'oublier, il l'avait oublié. Il se souvenait d'une chose: son réveil. Cette nuit ou sans prévenir, son cerveau avait fonctionné à nouveau, après 4 mois à l'état de légume dans sa chambre. Avant, la seule chose dont il se souvenait d'avant, c'était cette cave... Ce sol froid... La douleur, le sang, l'obscurité. Le reste, il ne savait plus. Boya continua de cracher son venin jusqu'à ce que Kanon ne... lâche la bombe, dirons nous. L'host détourna son regard, fixant la fenêtre.

"Je ne sais pas... Je rentrais chez moi je crois..."

Pour le quand et bien, à partir du moment où il avait disparu de la vie de Boya sans doute? de ce qu'il avait lu dans ce cahier... Il venait le voir une fois par semaine au minimum non? Kanon n'avait pas envie d'en dire plus. Il était déjà livide rien que par ce qu'il avait déjà avoué.

Oui c'est vrai, il aurait du se douter qu'il avait disparu à partir du moment où il ne l'avait plus vu. A partir du moment où la place près de lui en cours demeurait vide. Atrocement vide même, comme son coeur déjà à cette époque là. Il se souvenait que la seule chose qui lui était venu à l'esprit au début... était qu'il aurait du lui dire plus tôt qu'il l'aimait. Jamais il n'aurait pensé qu'il s'était fait enlever... pas lui en tout cas...

"Je suis vraiment désolé..."

S'efforçant de se reprendre, il se leva tout de même pour s'installer près de lui, attrapant son visage entre ses doigts pour le forcer à le regarder dans les yeux. Il s'en voulait tellement de tout ce qu'il avait pu lui dire. Il avait fait des pieds et des mains pour le retrouver et maintenant que c'était fait, il avait passé plus de temps à lui casser du sucre sur le dos qu'à réellement tenter de comprendre pourquoi il agissait comme ça avec lui...

"Et tu... as tout oublié...?"

C'était la seule chose qui lui venait à l'esprit...

Il était désolé... De quoi? Kanon n'en avait parlé à personne, l'affaire avait été étouffée des médiats, tout avait été fait pour que personne ne sache! Même Miyavi l'ignorait. Alors normal que Boya ait cru que Kanon l'avait simplement abandonné. Même si le brun ne se souvenait pas du tout de la nature de sa relation avec l'autre... De ce qu'il avait lu, ils étaient vraiment proche.
Son regard noir profond rencontra contre lui celui de son cadet... Qui lui demanda si il avait tout oublié. Le brun dégagea sa main, gentiment cependant.

"Mes premiers souvenirs... remontent à... à l'endroit où... on m'a emmené."

Il ne voulait pas en parler; Tout son corps refusait d'en parler, ça faisait trop mal. Mais il avait ce besoin anormal de se justifier!

"D'accord..."

Restant un instant sans rien dire, il se rappelait sans cesse tout ce qu'il avait pu lui mettre dans la tête. C'est vrai que s'il avait su plus tôt, jamais il n'aurait fait ça... Mais il est bête, on ne peut pas tout faire dans la vie...
En attendant, il voyait que de son coté Kanon tentait de se justifier, et il n'était pas vraiment pour. Surtout que ça avait l'air de lui faire plus de mal qu'autre chose, et ce n'était pas le but.

"Ne te force pas à parler de tout ça je... suis content de te savoir en vie..."

Dans le fond, c'était la chose la plus importante. Lorsqu'il était plus jeune, il s'était juré de le retrouver en vie. C'était tout ce qu'il voulait. Si maintenant il avait oublié une partie... tant pis, des souvenirs, on s'en fabrique de nouveaux, il mettrait ses sentiments à part.

Ouf, Boya ne lui demanda pas d'en dire plus. Tant mieux, ses mains tremblaient encore et en dire plus ne lui aurait pas fait plaisir du tout. C'était déjà assez incroyable qu'il en dise autant hein! Kanon passa une main dans ses cheveux en soupirant.

"Bref. Tu sais. Je vais remonter maintenant."

C'était le mieux après tout. Il n'avait pas grand chose de plus à dire à ce sujet et maintenant c'était lui qui serait le plus mal à l'aise en présence de Boya! Alors si il pouvait fuir tout de suite... Bah il dirait pas non! Et puis d'un autre côté, il avait envie d'en savoir plus sur sa relation avec Boya, avant, mais euh... Comme il considérait qu'il n'était pas Kogarashi, ça n'aurait aucun sens pas vrai?

En l'entendant, Boya releva les yeux. Il n'avait même pas envie qu'il parte finalement, c'était plus fort que lui...

"J'ai encore un carton plein de journaux... si tu veux savoir pour nous..."

Il avait bien lu le dernier, il avait le droit de lire le reste. Le dernier était le pire de tous, le plus triste et le plus perdu. Les autres étaient plus... mignons on va dire. Le journal d'un adolescent amoureux qui n'ose rien dire et qui s'efforce de rester avec un autre quand même.
Enfin...

"Je ne te force pas bien sur, c'est seulement si tu le veux. Ils sont dans mon placard et ils ne me servent pas donc..."

Donc autant que ça serve, voilà ce qu'il voulait dire par là ! Et puis, si ça pouvait lui permettre de lui rapeller quelques souvenirs, ou même de se faire une idée sur leur relation, Kogarashi ou pas...

Boya lui proposa de lire les autres cahier, il en avait plein d'autre. Ah mais il ne savait pas si il avait envie de les lire! Oui et non. Ah pourquoi il fallait que les choses deviennent compliquées comme ça! Il soupira, reportant son regard sur Boya à nouveau.

"Je les veux bien... Mais je ne promet pas de les lire."

Ca lui demanderait encore trop de force. Il y avait deux ans, il était encore à l'hôpital. Mais tout ça, Boya ne le savait pas. Pourtant, sans rien savoir vraiment, il lui avait apparemment pardonné. Et il voulait bien lui ouvrir son coeur avec une facilité effrayante.
Kanon ne croyait en pas grand chose et cet amour que Boya portait à son ancien lui le mettait mal à l'aise.

Boya ne demandait pas l'impossible non plus. Juste qu'il fasse ce qu'il avait envie. Effectivement il l'avait déjà pardonné, mais plus parce qu'il avait besoin de se raccrocher à quelque chose...

"Attend moi là..."

Il n'attendit pas plus longtemps pour retourner dans sa chambre et ouvrir son placard, en sortant un gros cartons. Sortir tout ça... faisait remonter en lui des tas de mauvais souvenirs, c'était atroce pour le beau jeune homme. Mais ce n'était pas pour lui, mais pour Kanon qu'il le faisait alors c'était différent.
Revenant avec le cartons, il le posa à ses pieds sans rien dire pendant un moment.

"Tient, fais en ce que tu veux."

Il lui donna le carton et ouvrit la porte d'entrée pour l'aider sans rien ajouter de plus. Pourquoi faire de toute façon ? Encore rajouter une couche et lui faire du mal en remuant le couteau dans la plaie ? Il l'avait bien assez fait sans le savoir, ça suffisait amplement.

Il le laissa partir et referma la porte derrière lui sans un mot, préférant filer au lit pour arrêter de penser à tout ça.

[END]