C'est très intéressant... [HIZUMI]

Alors pour une bonne nouvelle, c’était une sacrée bonne nouvelle voyez-vous ? Miyavi ne connaissait pas Rui… Mais il ne l’avait jamais porté dans son cœur. Marchant à l’instinct, lorsque quelqu’un ne lui plaisait pas, il n’essayait même pas de le connaître. Et il n’aimait pas Rui. Il avait tenu les affaires du Maboroshi bien loin de ce petit chef blondinet qu’il n’avait pourtant jamais rencontré. Soit ! La nouvelle était lâchée, Rui s’était donné la mort. Miyavi avait été un peu dépourvu par la suite des évènements : figurez-vous que des Rebelles lui avaient demandés de bosser dans son host club ! Qu’il avait même quelques clients rebelles maintenant. Totalement improbable.

Soit, ce soir, il buvait un verre tranquillement dans un bar prêt de son club. Un mojito bien sucrée le tout en se penchant sur ses comptes dans un coin tranquille. Mais son esprit était un peu ailleurs, et il n’avançait pas vraiment.

Il était là, assis sur son lit, à regarder le vide devant lui. Il restait là pendant un bon moment, avant de se lever, commençant à sortir de sa chambre. Et alors qu'il traversait le couloir, quelqu'un s'approcha de lui, lui parlant doucement. Hizumi leva les yeux vers lui, puis baissa la tête vers son propre corps... nu. Ah oui... S'il voulait sortir de sa chambre, il valait mieux qu'il s'habille. Le serviteur le mena dans la chambre, dans ce manoir que lui avait légué Rui, et l'habilla. On lui apporta également quelques doses de drogue, qu'il ingurgita, ainsi que ses médicaments. Les deux mélangés avaient un effet assez reposant sur lui, on ne savait pas comment. Peut-être qu'on avait fait des recherches ou quelque chose du genre. En tout cas, cette fois, il pouvait sortir, et était plus éveillé qu'en temps normal.
Ses pas le firent errer dans la ville, les gens s'inclinant sur son passage ou bien traçant leur chemin. Regardant partout autour de lui, il trouva une enseigne plutôt attirante, et alors, il entra dans cet endroit. Il alla à une table, non loin d'un homme qui semblait bien occupé, et un serveur s'approcha, demandant ce qu'il voulait boire. Hizumi leva la tête, le fixant pendant de longues secondes, puis il la baissa.

« Whis…ky. »

Puis le serveur partit, et Hizumi attrapa les petites choses qui étaient sur la table, et se mit à les empiler, fixant ces objets.

Miyavi se rassurait de voir que ses comptes étaient plutôt bons. Comme d'habitude en fait. Mais il était encore un peu trop tête en l'air pour y réfléchir vraiment. Il se frotta la tête en soupirant, relevant le nez de ses papiers et regardant autour de lui pour essayer de penser à autre chose.
Ses yeux onyx se posèrent alors sur un mec un peu bizarre, qui empilait des trucs sur la table. Ah, mais il avait déjà vu sa tête quelque part à celui-là. N'était-ce pas le nouveau chef de l'Opium Industrie? Devrait-il donc l'ignorer comme il avait ignoré Rui toutes ces années?

"Jolie pyramide."

Souligna-t-il en s'adossant mieux à la banquette, croisant les bras. Il était curieux en fait. Quel genre de personne était le nouveau? Et puis, il n'était pas obligé de décliner son identité, au pire.
Dans cette situation, il pouvait bien faire la discutions à Hizumi.

Hizumi, qui était totalement plongé dans ce qu'il faisait, sursauta en entendant une voix, ce qui fit tomber tout son assemblage. Il resta à fixer les petits objets maintenant éparpillés sur la table, l'air vague et perdu, un peu triste aussi. Il finit par relever la tête, vers la voix qui avait surgit, et plongea son regard dans celui de l'autre homme, le fixant à son tour comme il avait fixé le serveur quelques instants plus tôt. Il resta une nouvelle fois quelques secondes à le regarder.

« Miyavi. »

Il avait réussi à mettre cette tête sur un nom, Rui lui ayant montré des photos et donné des informations sur les « têtes importantes » de son pays. Et Miyavi... Que faisait-il déjà ? Ah oui. Il était propriétaire d'un Host Club s'il se souvenait bien. Un nom qui faisait penser à une marque de cigarettes... Mais lequel ? Non, Hizumi n'arrivait pas du tout à s'en souvenir. Et déjà, le fait qu'il ai réussi à trouver autant en si peu de temps était un exploit pour un autiste comme lui.

« Un... ... Host Club. »

Et alors qu'il allait parler à nouveau, il détourna la tête et recommença à empiler les petits objets.

Son nom sortit de la bouche d'Hizumi comme si de rien était. Miyavi pour ça part se mordit la lèvre inférieure avant de faire un petit sourire de gamin fautif.

"Je suis découvert..."

Bah, il avait eut une chance sur deux. Soit Hizumi s'était renseigné sur tous les grands noms du pays, soit non. Et là, il l'avait fait. Miyavi aurait du s'en douter. Quand on a le club le plus fréquenté de la ville, on ne passe pas inaperçue... Dommage!
Hizumu avait un drôle de comportement. Miyavi en avait un peu entendu parler mais ça l'intriguait. Il ferma son carnet et vint s'asseoir en face de l'autre, commençant à empiler à nouveau les objets.

"Et vous êtes Hizumi n'est ce pas? Enchanté."

Découvert ? Oui, on pouvait dire ça comme ça, mais ce n'était pas lui qui avait décidé de lui-même de rencontrer ces personnes ou même de se renseigner sur eux. Ce n'était pas lui, il n'en était pas capable, et puis il avait passé toute son enfance dans un hôpital psychiatrique. Ce qui ne l'avait pas aidé à connaître le monde extérieur. Il stoppa sa main qui allait empiler un nouvel objet au-dessus de la colonne qu'il avait déjà commencé à former et qui comporter quatre « briques ».

« Oui. »

C'était bien son prénom.

« Hizumi. Ikeda. »

Et il tourna lentement sa tête vers ce Miyavi, l'observant à nouveau, sa main restant immobile au-dessus de la colonne. Il l'observa intensément, détaillant chaque trait de son visage, comme s'il l'imprimait dans son esprit.
Le serveur arriva, déposant le whisky à côté d'Hizumi, un peu plus loin de la colonne, avant de repartir en disant juste que monsieur était servi. Mais Hizumi ne prêta pas attention ni au serveur ni au verre, son regard toujours fixé sur Miyavi.

Miyavi se fit stopper mais il n'insista pas, passant la main dans ses cheveux et de l'autre jouant avec les glaçon de son cocktail. Hizumi Ikeda. Ce dernier le fixait maintenant de manière assez insistante, loin de perturber le jeune patron qui le laissait faire,
Il but de sa boisson avant de relever les yeux pour les plonger dans celui de... son nouveau chef? Ils devaient avoir environ le même âge. Miyavi s'était attendu à quelqu'un de plus... Sur de lui. Ce garçon avait l'air plus paumé qu'autre chose pourtant.

"Qu'est ce que vous faites pas ici? Vous veniez me dire bonjour?"

Bah, son club était juste à côté. Mais Miyavi doutait fortement que ce soit le cas. Pourquoi faire? Le Maboroshi n'avait aucun rapport avec le reste de la communauté Junkie, marchant en autocratie.

Lui dire bonjour ? Tiens d'ailleurs, pourquoi était-il venu ici ? Il n'en savait strictement rien en fait. Quoi que si, il savait. Il se souvenait de sa raison.

« L'enseigne. »

Il parlait de celle du bar dans lequel ils étaient en ce moment. Il l'avait trouvé très joli, bien faite, attirante, alors il était venu ici. Dans un bar, on boit de l'alcool, on fume, on fait quelque chose. Et cet alcool lui avait apparu comme ce qu'il fallait faire, alors c'est pourquoi il en avait commandé.

« Elle est jolie. »

Même très, pour qu'il vienne dans cet endroit pour s'asseoir, se mêlant à la foule qu'il déteste pourtant. Bien qu'il se soit installé dans un coin reculé, à l'écart des autres. Il avait peur des gens, il avait vu bien trop de personnes horribles dans son enfance, malgré la famille dans laquelle il vivait et le fait qu'il aurait du être habitué à tout ça. Mais sa mère n'était pas comme ça. Peut-être avait-elle été une rebelle, ce qui expliquerait pourquoi elle était si douce avec lui, contrairement à son père qui n'était qu'abjection.

« Très... jolie. »

"C'est vrai!"

L'enseigne d'ici était très jolie.
A n’en pas douter c’était ce qui avait attiré l’autre. Plus il le regardait, plus il avait la sensation de faire face à un genre de… De petit animal. Petit animal perdu qui suivait son instinct bêtement. Attiré par la lumière, le vocabulaire limité.
Pourquoi est-ce qu’il était héritier de Rui dans ce cas ? Est-ce qu’il parvenait à gérer l’entreprise correctement ? Il ne fallait pas se fier aux apparences, d’accord, mais là…

« J’avoue que je suis surprit. Vous n’avez pas l’air d’être le genre à travailler dans un bureau. »

Drôle de personnage, vraiment ! Miyavi était carrément déstabilisé, même si son attitude calme et détachée ne le montrait pas vraiment.

Non c’est vrai. Hizumi n’est pas du tout le genre de personne à travailler dans un bureau. En même temps, que pourrait-il faire dans un bureau ? Et d’ailleurs, pourquoi Rui l’avait-il choisi lui ? Il était peut-être le seul qui était encore vivant dans sa famille… Il n’en savait rien à vrai dire, il avait été coupé des siens depuis la mort de sa mère.

« Je sais pas. »

Il n’avait jamais travaillé avant de se retrouver propulsé ici.
Il tendit son bras et attrapa le verre de whisky. Tiens, il y avait des glaçons dedans. Hizumi en attrapa un et le suçota du bout des lèvres. C'était bon, et il finit par le prendre en bouche avant de le croquer, de l'eau sortant lentement de ses lèvres, mais il s'en fichait. Hizumi regarda Miyavi, le glaçon dans la joue, ce qui formait une grosse bosse.
Il replongea ses doigts dans le whisky et attrapa l'autre et deuxième glaçon, le tendant au propriétaire du bar au nom bizarre.

C'était bien ce que Miyavi pensait. Ce mec était un peu ... Pas attardé... Ailleurs. Non, il n'avait pas l'air totalement stupide. Il avait l'air de vivre dans un monde différent.
Miyavi le détaillait alors qu'il jouait avec son glaçon, sa tête tenant dans sa main , accoudé à la table. Alors qu'il allait lui essuyer le coin des lèvres, Hizumi lui tendit le deuxième glaçon. Le patron arqua un sourcil avant de le prendre, regardant distraitement au travers en continuant de détailler Hizumi.

"Je suis quelqu'un de plutôt curieux."

Dit-il avant de lécher le glaçon et le laisser retomber dans son propre verre.

"Pas vous? Moi, beaucoup trop!" Il lui sourit. "Et si on allait se promener après?"

Ici, il y avait trop de bruit. Trop de gens.
Hizumi lui rappelait un peu sa propre personne... Mais beaucoup plus jeune. Avant le décès de son père. Où, renfermé dans son monde, le jeune patron ne voyait rien comme les autres, à cause de son intelligence trop développée. Il détestait le bruit et les gens à cette époque. Aujourd'hui, il avait juste apprit à... être différent.

Hizumi continua de fixer Miyavi, le regardant faire. Il allait manger ce glaçon ou pas ? A vrai dire, il s’en fichait complètement, il était juste curieux, tout comme cet homme qui était à côté de lui disait l’être. Mais curieux de quoi ? Bof, peu importe. Il s’en fichait totalement à vrai dire. Lui ? S’il était curieux ? Bien sûr. Il se posait des questions sur tout. Alors, Hizumi hocha lentement la tête, en signe de oui, répondant à la question du patron du Host Club.
Et voilà qu’il lui proposait maintenant de se promener, après avoir laissé tomber le glaçon dans son verre. Oui, mais se promener où ? Dans les rues juste ? Ou bien ailleurs, dans un endroit particulier ? Il replongea son attention sur son verre, et finit par hocher la tête à nouveau, en signe de oui encore une fois. Après tout, quoi qu’il arrive, il sera loin de la foule. Alors autant en profiter. Il finit son verre d’une traite, le buvant sans reprendre sa respiration. Hizumi renversa son verre, mais il n’y avait plus rien du tout. Alors il le posa et se leva, allant payer, avant d’aller à la porte. Là, il regarda Miyavi droit dans les yeux, attendant que celui-ci ouvre la marche.

Hizumi lui dit qu'il était curieux lui aussi. Enfin, il ne le lui dit pas, il répondit juste en bougeant la tête, mais c'était suffisant! Le patron n'en demandait pas plus que ça. Ensuite, il demanda si Hizumi voulait aller se promener avec lui, et obtint un nouveau oui.
Du coup, il se leva à la suite de l'autre, ayant aussi terminé son verre, et sortit. Il avait déjà payé et même si ça n'avait pas été le cas, il connaissait très bien le patron ici. Le brun gardait contre lui son cahier de compte et avança en s'assurant qu'Hizumi le suivait. Il se dirigeait vers le sanctuaire de la liberté, comptant se poser au lac. A cette heure là, ça serait tranquille.

"Depuis que Rui n'est plus, on peut vraiment se promener l'esprit plus serein." Déclara-t-il en passant une main dans ses cheveux.

Il le suivait, sans rien dire, regardant juste ses pieds. A le voir comme ça, on ne se douterait pas un seul qu'il est l'héritier de Rui et le nouveau patron d'Opium Industrie. Et pourtant, c'était bien cet Hizumi qui menait cette entreprise... Et il y arrivait plutôt bien, car il suivait à la lettre les instructions de son cousin décédé. Qui lui manquait d'ailleurs, il a été le seul à s'occuper véritablement de lui pendant quelques années. Il continuait de marcher, et releva la tête quand Miyavi parla de Rui. Il n'était pas apprécié ? Pourtant, il était très gentil avec lui... C'était comme son grand frère, le seul sur qui il était sûr de pouvoir compter. Mais maintenant, il devait faire confiance à Naru, et c'était plus dur, car il ne le connaissait que très peu.

« Rui… était dur ? »

Ca ne l'étonnait pas tant que ça en fait. Vu tout ce qu'il lui avait raconté, il devait être ferme pour diriger son pays, et Hizumi le comprenait. Mais il doutait d'être à la hauteur. Et puis, pourquoi l'avait-il choisir lui plutôt qu'un autre ? Il était malade, il n'était pas le meilleur pour ce poste là. Mais bon, il avait sans doute ses raisons.

« Où... on va ? »

"Je ne l'ai jamais rencontré. Mais je n'aime pas trop l'autorité."

Répondit-il simplement. Rui aurait pu être un être adorable, en temps que supérieur à lui et capable de lui ordonner quelque chose, Miyavi ne l'aimait pas. Alors, il ne devrait pas aimer Hizumi non? Et bien, pour le moment, il cherchait juste à le connaître. A voir qui il était et comment il fonctionnait. Mais dès que l'autre aurait ne serait-ce qu'un semblant d'autorité sur lui, Miyavi risquait fort de s'en aller continuer sa petite vie au Maboroshi. Dans son petit pays qu'il régissait comme il le souhaitait.

"Tu ne te poses la question que maintenant?"

Ils arrivèrent enfin au parc et Miyavi avançait vers le lac.

"Franchement, si je n'étais pas nul en combat et non-violent, tu ne serais pas vraiment une cible difficile tu ne crois pas?" Notez qu'il a abandonné l'idée de vouvoyer Hizumi.

Il n'aimait pas l'autorité ? Pourtant, il était patron non ? C'était un peu contradictoire, à moins que chez lui, ça ne marchait que dans un seul sens.
Mais pourquoi devrait-il se poser la question avant ? Pourquoi se l'aurait-il posée ? Rui n'était pas comme avec les autres, ce qu'il était avec Hizumi alors. Il n'était pas un tendre non plus, mais il ne l'avait jamais frappé, il n'avait jamais haussé le ton avec lui.

« Rui… était gentil... avec moi. Il... patient. Très patient. »

A chaque fois qu'Hizumi avait eu une crise, il avait patiemment attendu, sans bouger, au risque de se prendre des coups. Et Hizumi, à chaque fois, parvenait à se calmer grâce à lui. Il se recroquevillait contre lui et s'agrippait à lui, comme un enfant à sa mère.
Une cible facile ?

« Non. »

Si jamais il cherchait à le brusquer, à le brutaliser, Hizumi répliquerait, et avec autant de violence que possible. Miyavi n'avait pas l'air de comprendre qu'Hizumi n'était pas comme lui, mais à vrai dire, lui-même ne s'en rendait pas compte.

"On a tous une face cachée..."

Miyavi savait bien qu'Hizumi n'était pas lui. Personne n'était Miyavi après tout. Et derrière ce drôle de comportement, il se demandait ce que cachait ce mec. Fallait en avoir pour prendre une telle place non? Et là Hizumi avait l'air d'un gamin autiste et pas d'un grand chef.

"Si tu le dis."

Il était bien confiant!
Miyavi le trouvait de plus en plus intriguant ce garçon. Mais pour le moment, il était occupé à s'installer au bord de l'eau, fermant les yeux en prenant une grande inspiration. L'air était frais mais ça faisait du bien.

"Je t'ai vexé?" Il tourna la tête pour regarder l'autre.

"T'as pas l'air du genre de garçon très violent, mais c'est peut être qu'une fausse image..."

On a tous une face cachée... Oui c'est vrai. Chacun porte en soi un côté yin, et un côté yang, ce qui permettait l'équilibre dans l'être. Peut-être que lui aussi était comme ça... Peut-être que son autisme était justement cet équilibre, sa violence qui compensait son asociabilité. C'était sans doute ça. Rui devait être comme ça lui aussi... Un grand chef par devant, cruel, sadique, mais par derrière, un homme généreux qui avait tout donné à l'un de ses cousins qui pourtant n'avait rien demandé.
Vexé ? Pas du tout. Il était comme il était, et il savait ce qu'il était. Il se connaissait plutôt bien maintenant.

« Non. »

Hizumi haussa un sourcil en l'écoutant. C'est vrai que comme ça, il n'avait pas l'air de faire du mal à une mouche. Mais comme on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort. Et lui, il était aussi violent qu'une tempête.

« Peut-être. »

Il s'installa non loin de Miyavi, lui aussi au bord de l'eau. Son regard se plongea dans cette étendue de liquide clair, fixant ce qu'il avait face à lui. Il était accroupi, les bras entourant ses jambes.

"C'est franchement pas évident de te faire la conversation!"

Souligna le jeune patron en s’assaillant en tailleur, ouvrant son carnet pour se relancer dans ses comptes. Hizumi parlait si peu qu'il pouvait bien faire deux choses en même temps. Mais le brun devait l'avouer, il était totalement perplexe. Il n'aurait pas cru qu'un tel homme deviendrait le chef. Succéder à Rui... Il n'aurait jamais pensé que ce serait une personne comme ça. Pas étonnant que l'apocalypse ait éclaté!
Même le chef rebelle devait être perplexe. La ville ne tiendrait pas longtemps ainsi...

"Rui était... Ton cousin c'est bien cela? Tu ne penses pas qu'il a fait une erreur en te donnant le pouvoir?"

Le suicide de Rui... Pourquoi?
Il en avait prlé avec Kanon qui avait passé une soirée avec le blond un peu avant sa mort. Son host l'avait décrit comme... changé, il lui avait arraché un sourire, même. Ne supportait-il pas de devenir meilleur?

Hizumi haussa un sourcil devant les paroles de Miyavi. Oui bon... Il n'était pas très causant déjà, mais ça s'expliquait, même s'il n'avait pas envie non plus. Son regard n'avait pas bougé de l'eau, la fixant toujours, sans dire un mot. Il se contentait de regarder les faibles remous, sans doute causés par les poissons.
Mais Miyavi lui posa une question, qui l'énerva. Il se jeta sur lui, et lui roua le torse de coups violents. Le problème avec les autistes, c'est qu'il ne faut pas les contrarier ni les brusquer... ils peuvent devenir vraiment violents sinon... Et Hizumi avait été éduqué comme n'importe qui, alors il n'était pas un faible petit maigrichon tout frêle. Il n'était pas non plus une armoire à glace, mais... c'était sans doute grâce à son cousin qu'il était comme ça aujourd'hui. Et s'il avait tout prévu depuis le début ? Non... impossible.

« Rui... intelligent ! Il... il... savait... ce qu'il faisait. Si... il m'a... fait ça... c'est qu'il... savait... pourquoi. »

Il adorait son cousin, alors il le défendrait corps et âme. En même temps, il l'avait recueilli et ne l'avait jamais laissé tomber, contrairement à son père.

Ah! Apparemment, il avait appuyé sur le bon bouton. Sauf que maintenant, Hizumi le frappait. S'il continuait comme ça, il allait lui détruire la cage thoracique. Heureusement, il se stoppa en parlant. Miyavi reprenait difficilement son souffle, toussant et crachant un peu de sang dans sa main posée sur sa bouche à ce moment là. Ca lui apprendrait à trop jouer avec le feu, pas vrai?

"On.. verra bien..."

Si Rui savait vraiment ce qu'il faisait. La suite leur apprendrait la vérité. Pour le moment, Rui semblait s'être trompé, c'était l'anarchie partout en ville. Mais Miyavi n'en dit rien, il tenait encore un peu à sa vie.
En tout cas, il avait réussit à pas mal faire parler Hizumi. Ce n'était pas donné à tous le monde. Même si en échange il avait dut se retrouver dans cette position inconfortable. Et puis il avait mal maintenant.

"T'es calmé?.. Tu pèses lourd... pousse toi."

Oui... On verra bien. Mais Hizumi était persuadé que Rui savait parfaitement ce qu'il faisait. Il s'était toujours posé la question de pourquoi lui ? Pourquoi un autiste à un poste aussi important ? C'était plutôt du suicide non ? Mais il devait l'avoir fait pour une bonne raison... Il ne pourra jamais lui demander, alors il se contentait de croire en lui.
Miyavi semblait quelqu'un de sûr de lui en tout cas, ou alors, il avait la langue bien pendue. Hizumi lui donna un dernier coup, et se releva, retournant exactement à sa place, dans exactement la même position. Au détail près. Et il fixa à nouveau l'eau.

« Confiance. En Rui. »

En même temps, il avait été chef de ce pays avant de se donner la mort, alors il n'était pas stupide. Non, il devait avoir une excellente raison. Mais si ce Miyavi était important, il avait du lui dire quelque chose à son sujet non ? Hizumi ferait mieux de regarder dans ses notes quand il rentrera.

Miyavi était sur de lui. Parfois un peu trop, bien évidemment. Il fallait dire que jusqu'ici, son intelligence ne lui avait jamais fait défaut. Il était un génie. A trois ans, il parlait déjà trois langues et apprenait ses tables de multiplication. L'esprit vif, le savoir de ses limites... Avec de tels capacités, il n'avait pourtant jamais cherché à prendre le pouvoir sur quoi ou qui que ce soit. La seule chose qu'il faisait, c'était de s'occuper du Maboroshi. Il lui avait fallut un an à peine pour en faire le club le plus fréquenté de la ville. Et le tout, sans jamais avoir affaire à Rui, et sans jamais connaître le moindre petit problème.

Lorsqu'Hizumi se releva, le brun se rassit, frottant son torse de sa main propre et regardant le sang qui séchait dans l'autre. Pouvait on vraiment prévoir ce que faisait Hizumi? Tout chez lui indiquait qu'il était autiste. Qu'il avait des troubles mentaux. Miyavi ne savait pas comment réagir face à ce drôle de personnage. Le brun toussa encore un peu.

"Confiance hein..." Ca le perdrait. Donner sa confiance, voilà la chose la plus stupide qu'un homme pouvait faire dans ce milieu. Même à un mort.

"Bon... Je n'ai plus grand chose à faire ici..." Il n'allait pas trainer pour rien, et il n'arracherait sans doute rien de plus intéressant à Hizumi.

Oui. Confiance. Hizumi avait une pleine confiance en Rui, qui pourtant n'était pas du tout quelqu'un de fiable, sauf pour certaines choses, mais noires et cruelles... Pourtant, il le considérait presque comme un père, plus que comme son cousin. Il l'avait receuilli, lui avait apporté tellement et ne l'avait pas abandonné lâchement malgré les nombreuses difficultés et les crises violentes.
Cependant, il ne dit rien. Apparemment, Miyavi ne semblait pas être d'accord sur le fait qu'on puisse faire confiance à quelqu'un, sinon, il ne l'aurait pas dit de cette manière. Il ne dit rien, tout comme il ne chercha pas à le retenir. Il n'avait pas à le faire selon lui, même si il en avait parfaitement le droit car l'autorité. Mais ce serait sans aucun doute inutile, car après tout, qu'est-ce qu'il pourrait bien lui faire faire, à rester là ? Rien du tout. Hizumi ne bougea pas non plus, même pas ses yeux, rien, pour montrer qu'il avait entendu.


- end