C'est très intéressant... [HIZUMI]

Il n'aimait pas l'autorité ? Pourtant, il était patron non ? C'était un peu contradictoire, à moins que chez lui, ça ne marchait que dans un seul sens.
Mais pourquoi devrait-il se poser la question avant ? Pourquoi se l'aurait-il posée ? Rui n'était pas comme avec les autres, ce qu'il était avec Hizumi alors. Il n'était pas un tendre non plus, mais il ne l'avait jamais frappé, il n'avait jamais haussé le ton avec lui.

« Rui… était gentil... avec moi. Il... patient. Très patient. »

A chaque fois qu'Hizumi avait eu une crise, il avait patiemment attendu, sans bouger, au risque de se prendre des coups. Et Hizumi, à chaque fois, parvenait à se calmer grâce à lui. Il se recroquevillait contre lui et s'agrippait à lui, comme un enfant à sa mère.
Une cible facile ?

« Non. »

Si jamais il cherchait à le brusquer, à le brutaliser, Hizumi répliquerait, et avec autant de violence que possible. Miyavi n'avait pas l'air de comprendre qu'Hizumi n'était pas comme lui, mais à vrai dire, lui-même ne s'en rendait pas compte.

"On a tous une face cachée..."

Miyavi savait bien qu'Hizumi n'était pas lui. Personne n'était Miyavi après tout. Et derrière ce drôle de comportement, il se demandait ce que cachait ce mec. Fallait en avoir pour prendre une telle place non? Et là Hizumi avait l'air d'un gamin autiste et pas d'un grand chef.

"Si tu le dis."

Il était bien confiant!
Miyavi le trouvait de plus en plus intriguant ce garçon. Mais pour le moment, il était occupé à s'installer au bord de l'eau, fermant les yeux en prenant une grande inspiration. L'air était frais mais ça faisait du bien.

"Je t'ai vexé?" Il tourna la tête pour regarder l'autre.

"T'as pas l'air du genre de garçon très violent, mais c'est peut être qu'une fausse image..."

On a tous une face cachée... Oui c'est vrai. Chacun porte en soi un côté yin, et un côté yang, ce qui permettait l'équilibre dans l'être. Peut-être que lui aussi était comme ça... Peut-être que son autisme était justement cet équilibre, sa violence qui compensait son asociabilité. C'était sans doute ça. Rui devait être comme ça lui aussi... Un grand chef par devant, cruel, sadique, mais par derrière, un homme généreux qui avait tout donné à l'un de ses cousins qui pourtant n'avait rien demandé.
Vexé ? Pas du tout. Il était comme il était, et il savait ce qu'il était. Il se connaissait plutôt bien maintenant.

« Non. »

Hizumi haussa un sourcil en l'écoutant. C'est vrai que comme ça, il n'avait pas l'air de faire du mal à une mouche. Mais comme on dit, il faut se méfier de l'eau qui dort. Et lui, il était aussi violent qu'une tempête.

« Peut-être. »

Il s'installa non loin de Miyavi, lui aussi au bord de l'eau. Son regard se plongea dans cette étendue de liquide clair, fixant ce qu'il avait face à lui. Il était accroupi, les bras entourant ses jambes.

"C'est franchement pas évident de te faire la conversation!"

Souligna le jeune patron en s’assaillant en tailleur, ouvrant son carnet pour se relancer dans ses comptes. Hizumi parlait si peu qu'il pouvait bien faire deux choses en même temps. Mais le brun devait l'avouer, il était totalement perplexe. Il n'aurait pas cru qu'un tel homme deviendrait le chef. Succéder à Rui... Il n'aurait jamais pensé que ce serait une personne comme ça. Pas étonnant que l'apocalypse ait éclaté!
Même le chef rebelle devait être perplexe. La ville ne tiendrait pas longtemps ainsi...

"Rui était... Ton cousin c'est bien cela? Tu ne penses pas qu'il a fait une erreur en te donnant le pouvoir?"

Le suicide de Rui... Pourquoi?
Il en avait prlé avec Kanon qui avait passé une soirée avec le blond un peu avant sa mort. Son host l'avait décrit comme... changé, il lui avait arraché un sourire, même. Ne supportait-il pas de devenir meilleur?

Hizumi haussa un sourcil devant les paroles de Miyavi. Oui bon... Il n'était pas très causant déjà, mais ça s'expliquait, même s'il n'avait pas envie non plus. Son regard n'avait pas bougé de l'eau, la fixant toujours, sans dire un mot. Il se contentait de regarder les faibles remous, sans doute causés par les poissons.
Mais Miyavi lui posa une question, qui l'énerva. Il se jeta sur lui, et lui roua le torse de coups violents. Le problème avec les autistes, c'est qu'il ne faut pas les contrarier ni les brusquer... ils peuvent devenir vraiment violents sinon... Et Hizumi avait été éduqué comme n'importe qui, alors il n'était pas un faible petit maigrichon tout frêle. Il n'était pas non plus une armoire à glace, mais... c'était sans doute grâce à son cousin qu'il était comme ça aujourd'hui. Et s'il avait tout prévu depuis le début ? Non... impossible.

« Rui... intelligent ! Il... il... savait... ce qu'il faisait. Si... il m'a... fait ça... c'est qu'il... savait... pourquoi. »

Il adorait son cousin, alors il le défendrait corps et âme. En même temps, il l'avait recueilli et ne l'avait jamais laissé tomber, contrairement à son père.

Ah! Apparemment, il avait appuyé sur le bon bouton. Sauf que maintenant, Hizumi le frappait. S'il continuait comme ça, il allait lui détruire la cage thoracique. Heureusement, il se stoppa en parlant. Miyavi reprenait difficilement son souffle, toussant et crachant un peu de sang dans sa main posée sur sa bouche à ce moment là. Ca lui apprendrait à trop jouer avec le feu, pas vrai?

"On.. verra bien..."

Si Rui savait vraiment ce qu'il faisait. La suite leur apprendrait la vérité. Pour le moment, Rui semblait s'être trompé, c'était l'anarchie partout en ville. Mais Miyavi n'en dit rien, il tenait encore un peu à sa vie.
En tout cas, il avait réussit à pas mal faire parler Hizumi. Ce n'était pas donné à tous le monde. Même si en échange il avait dut se retrouver dans cette position inconfortable. Et puis il avait mal maintenant.

"T'es calmé?.. Tu pèses lourd... pousse toi."

Oui... On verra bien. Mais Hizumi était persuadé que Rui savait parfaitement ce qu'il faisait. Il s'était toujours posé la question de pourquoi lui ? Pourquoi un autiste à un poste aussi important ? C'était plutôt du suicide non ? Mais il devait l'avoir fait pour une bonne raison... Il ne pourra jamais lui demander, alors il se contentait de croire en lui.
Miyavi semblait quelqu'un de sûr de lui en tout cas, ou alors, il avait la langue bien pendue. Hizumi lui donna un dernier coup, et se releva, retournant exactement à sa place, dans exactement la même position. Au détail près. Et il fixa à nouveau l'eau.

« Confiance. En Rui. »

En même temps, il avait été chef de ce pays avant de se donner la mort, alors il n'était pas stupide. Non, il devait avoir une excellente raison. Mais si ce Miyavi était important, il avait du lui dire quelque chose à son sujet non ? Hizumi ferait mieux de regarder dans ses notes quand il rentrera.

Miyavi était sur de lui. Parfois un peu trop, bien évidemment. Il fallait dire que jusqu'ici, son intelligence ne lui avait jamais fait défaut. Il était un génie. A trois ans, il parlait déjà trois langues et apprenait ses tables de multiplication. L'esprit vif, le savoir de ses limites... Avec de tels capacités, il n'avait pourtant jamais cherché à prendre le pouvoir sur quoi ou qui que ce soit. La seule chose qu'il faisait, c'était de s'occuper du Maboroshi. Il lui avait fallut un an à peine pour en faire le club le plus fréquenté de la ville. Et le tout, sans jamais avoir affaire à Rui, et sans jamais connaître le moindre petit problème.

Lorsqu'Hizumi se releva, le brun se rassit, frottant son torse de sa main propre et regardant le sang qui séchait dans l'autre. Pouvait on vraiment prévoir ce que faisait Hizumi? Tout chez lui indiquait qu'il était autiste. Qu'il avait des troubles mentaux. Miyavi ne savait pas comment réagir face à ce drôle de personnage. Le brun toussa encore un peu.

"Confiance hein..." Ca le perdrait. Donner sa confiance, voilà la chose la plus stupide qu'un homme pouvait faire dans ce milieu. Même à un mort.

"Bon... Je n'ai plus grand chose à faire ici..." Il n'allait pas trainer pour rien, et il n'arracherait sans doute rien de plus intéressant à Hizumi.

Oui. Confiance. Hizumi avait une pleine confiance en Rui, qui pourtant n'était pas du tout quelqu'un de fiable, sauf pour certaines choses, mais noires et cruelles... Pourtant, il le considérait presque comme un père, plus que comme son cousin. Il l'avait receuilli, lui avait apporté tellement et ne l'avait pas abandonné lâchement malgré les nombreuses difficultés et les crises violentes.
Cependant, il ne dit rien. Apparemment, Miyavi ne semblait pas être d'accord sur le fait qu'on puisse faire confiance à quelqu'un, sinon, il ne l'aurait pas dit de cette manière. Il ne dit rien, tout comme il ne chercha pas à le retenir. Il n'avait pas à le faire selon lui, même si il en avait parfaitement le droit car l'autorité. Mais ce serait sans aucun doute inutile, car après tout, qu'est-ce qu'il pourrait bien lui faire faire, à rester là ? Rien du tout. Hizumi ne bougea pas non plus, même pas ses yeux, rien, pour montrer qu'il avait entendu.


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