Tenez-bon , dans ce Pays anarchique. |
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| In a lucid dream [Shinya] | |
| | Auteur | Message |
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Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: In a lucid dream [Shinya] Lun 28 Fév - 20:26 | |
| Parce qu'elle était tellement sarcastique, cette vérité, elle sonnait tellement faux que ça le dérangeait, dans sa tête, comme si une mouche s'était incrustée dans ses tympans, tourbillonnant gaiement, vulgarisant ce bruit intolérable, le mettant mal à l'aise, le privant de son sang froid. C'était quoi déjà? Une banalité, rien qu’une futilité et voilà qu’il mettait sa vie en péril afin de faire taire cette saleté de voix qui le hantait depuis le matin. Parce qu’il était faible. Voila. Une grosse loque, au fond. C’est ce qu’on lui disait, depuis toujours. Tu sais pourquoi tu es si borné, si coincé est si imbu de ta personne ? Parce que t’es une loque, au fond, et tu le sais très bien. Tu en pisses dans ton lit le soir, de la peur d’être démasqué. Lâche. Il voulait se vomir dessus. Son cœur lui faisait mal, comme ça, en battant. Autant l’amputer, autant arrêter ce moteur de marcher. Mais, en bon lâche qu’il était, il n’était même pas capable de s’achever, de mettre un terme à ce supplice. Il préférait étouffer sa vérité sous le masque agressif qu’il portait et qui se mélangeait à sa peau. Il avait envie de se cracher dessus. Pourquoi ? Non mais pourquoi ? Rôder à une heure du matin comme un fugitif dans un terrain où il n’était pas sensé se trouver, supporter l’arôme de l’alcool et la présence de la race qu’il maudissait, subir la torture morale que lui imposait sa sotte impulsion et cette image qui le hantait. Il n’avait aucune excuse. Aucune. Il pouvait bien aller au diable, peu lui importait, tant il ne se croyait plus, et tant il n’avait plus aucune estime en soi. Braver l’hécatombe pour si peu. Si peu. De quoi s’arracher les cheveux. Il se comportait comme un peintre fou à la quête de sa muse. Son cerveau ressemblait à un pandémonium, au fond du placard d'une adolescente, tellement il était désordonné et incohérent. Le galimatias qui sortait des portes des bars lui faisait tourner la tête et il avait l’impression de se trouver en enfer. La lune se distinguait sur le tissu de velours qui enveloppait Land Of Decadence. Il faisait sale. Un rat s’est faufilé entre les pieds d’Aki et il failli trébucher sous l’effet de la surprise. Il s’arrêta net et émergea de ses ruminations pour voir où il était arrivé. Devant l’hostilité du coin, il se félicita de son bon sens de l’avoir conduit dans ce cul-de-sac. Il ne savait où chercher. Il ne savait même pas qu’est ce qu’il était venu chercher. Arrête de te foutre de ta gueule. Un vent glacé se glissa sous sa veste et chatouilla son torse essoufflé. Il se rendit compte que la nuit était tombée, et qu’il marchait depuis bientôt cinq heures d’affilée. Quand il était sorti de chez lui, l’idée était bien fixe dans sa mémoire. Inutile de se cacher qu’il avait faibli, que son cœur avait flanché Somehow et qu’il subissait les conséquences d’un caprice. Il était passé auprès de l’hôpital mais n’avait osé y mettre les pieds. Il avait l’impression qu’il prouvera sa lâcheté et son idiotie si jamais son caprice s’exécutera. Alors que son bon sens priait le hasard de ne pas croiser leurs chemins, une partie de lui – il ne savait laquelle, d’ailleurs s’il savait d’où venait cet appel il arrachera cette dent cariée de la racine – cherchait à l’aveuglette et d’une frénésie sulfurique ce visage qu’il avait laissé aux portes de l’hôpital hier. Il avait l’impression que toute une décennie était passée depuis, et il se senti vieux et courbatu. Il leva les yeux au ciel et cracha dans l’air. Sa salive lui revint illico-presto sur la figure - S’il savait. Mais il s’en foutait. Il s’était mis en tête depuis toujours qu’il ne ferait que ce dont il avait envie. Même si cette envie était saugrenue et dérisoire, même si cette envie mettait ses principes en fureur contre sa convoitise. Il s’en foutait. L’idée bien fixé dans le crâne, il se dirigea, l’esprit un peu apaisé maintenant que l’apocalyptique cohue du débat intérieur qu’il vivait s’étant apaisée, vers une porte qu’il poussa – laissant à l’âpre fragrance de la graisse humaine et de la bière empoisonner ses poumons. Puis, indifférent aux regards circonspect ou aguicheurs – vu l’heure – qu’on lui accordait, il s’assit, majestueux, dans le comptoir, et commanda un verre de Rhum que ses babines ne touchèrent. L’heureux breuvage dans la min, il s’accouda sur le comptoir et pivota un peu, histoire de voir où il se trouvait. Le tohu-bohu qui régnait en maître l’irrita légèrement, et la médiocrité des lieux lui était une insulte. Les personnes qui fréquentaient ce lieu étaient une dizaine de gros pavés tous effrités et que leurs visages ne semblent jamais avoir vu le printemps. Un homme s’assit à sa droite et mis sa main, qui se voulait discrète, sur sa cuisse, en appuyant légèrement avec ses doigts graisseux pour interpeller l’attention d’Aki. Ce dernier lui jeta un regard haineux, et, dégouté par la disgrâce de cette brute, il détourna de regard en grimaçant. Encore un à éliminer. Alors qu’il voulu passer, à l’action, son poing déjà rageusement fermé, son esprit, sa perspective, son initiative, ses pensées, son corps et son âme se figèrent quand ses yeux aperçurent sa muse. It’s the wrong time, for somedbody new, it’s a small crime, and i’ve got no excuse. | |
| | | Shinya
Messages : 58 Date d'inscription : 10/02/2011 Age : 29 Localisation : In my room
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Mar 1 Mar - 13:56 | |
| Depuis ce matin où il s’était réveillé en hôpital, Shinya n’avait cessé de méditer sur les faits du soir qui l’avait précédé. Il avait toujours détesté être en manque, mais ce qui est arrivé cette fois le poussait jusqu’à détester être un junkie. Pourquoi s’était-il évanoui juste au moment où il devait faire quelque chose ? Le destin avait toujours aimé lui faire cette fin dramatiquement tragique, rien que pour avoir cette impression de regarder un film américain romanesque chaque fois qu’il remettait en question ce qui lui arrivait. Il se sentait sale, dévalué, et extrêmement abaissé qu’il aille envie de se mettre à genoux et de s’assommer la tête contre le sol. Ce qui ne sera pas trop normal dans cet endroit où il pourrissait.
Shinya était fulminant de colère, car il était surtout un incapable, faible et pathétique, et ça le rendait vert de rage. Parce qu’il l’était, enragé, contre son corps en manque l’autre soir, contre sa seringue cassé, contre sa dose mal calculé, contre le sale type qui lui a craché dessus l’autre fois et contre le race des junkies. Il ne savait à qui s’en prendre, à qui en vouloir, à quoi et comment ; sa tête dessinait un brouillard tout flou qui criait haut et fort de temps à l’autre des c’est toi Shinya, c’est toi tout ça. Et puis comme une illumination il la vit, cette cause, brillant parmi un million d’autres, et il se senti débilement fière de savoir enfin, prêt à le reconnaitre, car c’était vrai, qu’il était enragé surtout contre lui-même.
Ses jambes croisées devant lui et les fesses bien calées sur une chaise qui trouvait son appartenance facilement dans ce bar infâme, sa clope l’avait relayé en se consumant d’elle-même alors qu’il était toujours égaré dans le temple de ses songes à se décider s’il valait vraiment la corde pour se pendre ou pas. Ce n’était pas si mal que ça, lui-même, il n’était pas si mal que ça, maintenant, il avait un boulot qu’il pouvait appeler normal, il avait un appartement –s’il se permettait de l’appeler de la sorte-, plus d’amant paranoïaque, plus de folie dans l’air, il était junkie, et vivant dans une ville de junkies, quoi de plus normal? Alors pourquoi se tourmenter les méninges à cause d’un sale type qui s’était prit à lui alors qu’il ne pouvait même plus bouger son plus petit orteil. C’était la faute de ce psychopathe, pas la sienne. Et ce que c’est dur de se convaincre d’une chose qu’on n’arrive pas à croire.
Dans son baragouin, les yeux perdues dans une nuée de fumée et se saleté, les oreilles assourdis par le vacarme de l’ambiance tardive, Shinya perçu deux pairs de quinquets braqués sur lui d’un air incroyablement ahuri. Sa mémoire mit un bon bout de temps pour reconnaitre les traits de ce visage fin et quand il arriva enfin à éclaircir l’image qu’il avait en tête cette dernière voulu s’exploser, tellement elle bouillait de fureur que sa main droite qui s’était mise à trembler –à défaut de contrôle sur son corps- lâcha la clope qu’il tenait auparavant coulisser par terre pour finir sous les pieds d’un gros surexcité qui passait à côté.
Après avoir reprit sa bonne maitrise de soi dont il se reconnut fière, il ferma cette même main qui avait abandonné quelques instants avant sa cigarette en un poing furieux jusqu’à faire blanchir les omoplates et se leva le plus calmement possible pour avancer de cette même cadence vers le comptoir où était un installé son agresseur pour s’arrêter de deux centimètres de lui. Après avoir longtemps réfléchi, il décida que le plus raisonnable sera de tourner les talons et déserté ce bar après avoir lancé un regard meurtrier au gars près de lui. Cependant, il n’avait jamais suit sa raison lui, alors dans un geste un peu impulsif, il laissa sa main exaspérée s’abattre sur la joue de l’homme dans une gifle qu’il voulait forte et douloureuse malgré sa faiblesse.
-J’avais dit : Ma seringue, espèce de salaud.
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| | | Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Mar 1 Mar - 20:42 | |
| Clac. La tête d’Aki pivota légèrement et quelques mèches volèrent pour lui voiler le visage. Ce n’était pas la force de la gifle qui lui fit perdre sa contenance, mais bien la brusquerie du geste. Dans sa joue la rude caresse de la paume de celui qui se tenait à une risible distance de lui le brulait, ses phalanges se tatouèrent sur son derme dès la seconde où la peau de cette main se heurta à sa joue.
La main qui se baladait sur sa cuise s’était retirée en constatant le dédain que lui offrit un Aki formellement et radicalement subjugué par la vision de l’objet de son caprice se mouvoir souplement entre des corps dressés comme les piliers de la débauche pour se rapprocher de lui.
Pour le gifler.
Alors c’était ça, sa récompense ? Son merci pour ton aide, je te revaudrai ça ? Il avait piétiné sa dignité, il n’avait fait fi des principes qu’il avait hérité de ses ancêtres. Il s’était moqué de sa condition et avait ouvert les bras à cette loque, le transportant à couilles rabattues sur ses bras, perdant son temps précieux et sacrifiant sa posture de rebelle pour adopter une plus douce et plus humaine attitude. Il l’avait aidé, il avait pensé à lui, il avait daigné se pencher et tâter son pou, il avait soulevé son corps convulsé par la drogue de la crasse et de la bile. Pour une gifle.
Fini en queue de poisson, Aki se senti pathétique. Il se senti enfant. Un enfant ayant construit un château de sable en croyant pouvoir y habiter. Dérision. Maintenant il pouvait se railler de cette voix qui ne cessait de le guider, et de lui cracher sa puérilité. Son cœur en prit un coup. Un bon. Blessé in petto, ses yeux aveuglés par le néant s’ouvrirent sur une véracité grotesque, celle qu’il fut la risée du destin.
Dire qu’il pédalait dans la semoule. Dire qu’il avait été dupé. Dire qu’il venait de recevoir une gifle efféminée de la part d’un Junky. Dire qu’il se faisait humilier en beauté devant une horde de sous-humains. Qu’il passait pour un trouillard.
Il senti soudain une rage folle crépiter son cœur et surchauffer sa raison. Il avait l’impression que la fumée sortait de ses oreilles. Toute cette attente vaine, cette perte de temps, cette déception et cette dégradation excitèrent son instinct meurtrier. Sa main resserra tellement sa prise sur le verre de Rhum qu’il éclata, enfonçant quelques débris trempés d’alcool dans la chaire fraîche de ses phalanges. Le contact de l’alcool avec les blessures provoquèrent un titillement qui énerva un Aki à l’apogée du courroux et prêt à exploser.
La réplique qui ne valait pas un pet de lapin acheva de l’enrager. Toute la haine qu’il avait ressenti pour ce visage troublé par ses émois refaisait surface comme un démon et se jouait de son sang froid. D’ailleurs, il n’en pouvait plus, son sang bouillait, calciné par la révolte de cette loque et l’insolence de ses dires. L’impertinence qui se laissait entendre dans ses paroles brillait dans son front pâle, Aki en fut presque surpris : du torchon humain il est passé à l’enfant turbulent réclamant son dû.
Eh bien non, Aki ne répliqua à sa demande, il se contenta d’ôter furieusement les débris de verre de sa main. Ses sourcils froncés, sa bouche crispée, il retardait le moment de l’action afin de ne pas trop brutaliser celui qu’il s’était stupidement borné de comparer à une muse. Une muse ? Un moins que rien, oui. Un raté, d’ailleurs, il ne devait pas trop laisser son imagination planer et constater objectivement qu’un être se trouvant dans un endroit pareil était forcément un sale chiffon.
Aki releva énergiquement son visage pour capter celui de son vis-à-vis. Une furie se lisait aisément entre ses paupières plissées d’énervement. Il cru entendre un gloussement derrière lui et n’en fut que plus outré. Sans plus attendre, il administra une bonne droite à cet être qui osait le défier du regard. Celui-ci chancela sous la force de ce coup brutal et failli tomber si Aki ne lui avait pris le bras. Il attendit qu’il se remette les idées en ordre et saisi sa mâchoire qu’il broya presque entre ses mains, fit approcher son visage chérubin du sien que la folie avait rendu diablement jovial et lui cracha :
- Ta seringue, tu te l’enfonces bien profond, enfoiré.
Puis il le lâcha, sa rage atténué, pour souffler et le laisser en faire autant. Des paires d’yeux curieux et indiscrets observaient leur échange sans retenue, des visages sales, baveux, poilus. Aki préféra refixer son attention sur son agresseur dont le visage était un délice à regarder.
Un délice ? Il arrêta un instant de penser, ses sens fixés sur ce visage incrédule qui semblait dépassé par les évènements, et le compara à un petit chien perdu dans le néant, une pendule mal placée qui ne se balançait plus.
- J’aurais dû te laisser crever.
Sa voix se fit tranchante, l’homme en face de lui releva vivement la tête et ses yeux s’ancrèrent dans ceux d’Aki, qu’à présent toute rage ou autres sentiments rancuniers et dévastateurs avait déserté, et qui fixait le gouffre froid et obscur où il chutait, chutait. Une chute libre.
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| | | Shinya
Messages : 58 Date d'inscription : 10/02/2011 Age : 29 Localisation : In my room
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Jeu 3 Mar - 0:11 | |
| Shinya eut un instant de blanc total, un vide lui voila les yeux et dans lequel son esprit avait totalement plongé , juste avant de revenir au monde des humains pour constater qu’il était entrain de perdre son équilibre. Il n’avait pas vu le coup venir, non pas ça, c’était imprévu, même s’il ne s’attendait pas à ce que son agresseur lui jette des fleurs ou même qu’il applaudisse après sa gifle, il pouvait toujours espérer. En réalité, Shinya n’avait pas pensé la fraction d’une seconde aux conséquences de son geste, impulsif comme il ne l’a jamais été, ses jambes s’étaient avancés d’elles mêmes vers cette touffe de cheveux bruns et sa main s’était occupé du reste. Mais maintenant qu’il avait reçu sa réponse, il pouvait mieux analyser la situation, et de son point de vue plutôt réfléchi, le type devant lui était un vrai salaud.
Une main agrippa son bras en empêchant son corps maintenant dénué de force de tomber en le maintenant debout et il sentit un fort vertige lui envelopper la vue en faisant tourner ce qu’il ne pouvait plus qualifier de joli décor en une spirale sans fin peint d'un blanc flou. Son cerveau s’arrêta un moment puis reprit service au contact de cette main froide sur sa mâchoire qui risquait d’être totalement fracassée d’ici peu. La seule chose qui vint à l'esprit de Shinya ressemblait à une injure qu’il fut incapable de définir. L’homme devant lui était incroyable. Mais pour qui se prenait il alors en agressant les plus faibles que lui ? Shinya se senti légèrement offensé en pensant cette phrase, cependant, il ne pouvait rien si le coup de son assaillant était tellement fort et enragé contre sa faible construction et son corps maigrichon.
L’enfoncer bien profond sa seringue ? Mais bien sûr, s’il ne la lui avait pas fracassée en mille morceaux sous ses putains de sales talons à la con, si elle n’était pas maintenant déjà comptée comme débris. C’est justement car Shinya connaissait la valeur, matérielle et morale, de ses objets qu’il les défendait aussi fort, pourtant le pire est que ce pourri gâté ne s’était pas limité à lui casser sa seringue et lui cracher dessus, mais il lui avait en plus, tout en constatant la faiblesse de sa gifle, donné une bonne droite qui avait failli lui casser la gueule, gueule qui était son seul gagne-pain depuis longtemps, et briser du même geste quelques os de son corps chétif.
Shinya fut sorti de ses songes une nouvelle fois par la froideur du carrelage contre son dos et il pouvait jurer que cette fraicheur avait submergé jusqu'à ses os, mais surtout il y avait ce morceau de métal qui lui collait au coin de l’épaule droite et qui faisait trembler son corps entier, à moins que ses tremblements ne furent fruit d'une toute autre émotion. La rage remontait doucement vers ses neurones alors qu’il réalisait un peu plus encore et avec chaque seconde passée ce qui venait de lui arriver. Il voulu bien se relever de son coin pour mieux montrer à ce sale con sa vraie valeur, cependant il reconnu que cela aboutirait à une bagarre futile comme il la savait perdue d’avance.
Il aurait de loin préféré être laissé crever de froid avec ses amis les rats que devoir fermer les yeux sur cette humiliation que ce fou furieux lui avait fait subir, et il s’attendait à quoi au juste ? À ce qu’il le remercie de l’avoir trainé dans un hôpital après lui avoir craché dessus ? Non mais ce que ce mec exigeait était tout à fait paradoxal aux lois de l’humanité, il ne pouvait quand même pas trainer le peu dignité qui lui restait dans la boue de la sorte, il avait quand même un tant soit peu d’amour propre que personne ne pouvait approcher et ce gars avait juste dépassé les bornes d’une bonne dizaine de kilomètres alors il pouvait bien s’attendre à ce qu’il lui fasse son sauvage.
Dans un instant d'inconscience égarée, ses yeux se posèrent indifféremment sur ce visage pâle bordé de cheveux bruns et il fut éperdument attiré par ces deux pairs d’yeux ténébreux ancrés aux siens d’une perplexité incompréhensible comme s’ils avaient perdus cette raison pour laquelle ils étaient enragés et Shinya fut pour autant fasciné par cette émotion qu’émanait ce visage non calmé malgré ce qu’il venait de cracher. Il ne savait pourquoi mais rien que ce regard indécis sombrant dans le sien était suffisant à faire parcourir un nouveau frisson assez fort pour qu’il puisse le sentir descendre du haut de sa nuque jusqu’au bas de son dos.
-Oui, t’aurais dû me laisser crever. Je le regrette moi-même, sois-en sûr.
Shinya était toujours renversé par terre et il dû faire un effort surhumain pour se relever sans revenir à sa place initiale, même s’il avait chancelé maintes fois en prenant appui sur le comptoir pour ne pas retomber dans son abîme. Après avoir reprit ses esprit, il lança un regard meurtrier qui fit éparpiller cette foule qui s’était attroupée à l’entente de n’importe quel son sortant de l’habituel brouhaha des ivres, puis tout en plaçant sa main sur la chaise de son attaqueur, juste là, tout près de sa cuisse, il emprisonna le regard de ce dernier dans le sien une nouvelle fois tout en approchant son visage de celui infiniment fin de ce dernier pour enfin s’arrêter à une distance loin d’être raisonnable et comme s’il empêchait l’oxygène de monter dans sa tête et d’aérer son cerveau, il recula deux centimètres exactement pour envoyer un joli crachât, tout comme celui qu’il avait reçu l’autre soir, sur la belle gueule de l’homme devant lui, qu’il avait à présent l’étrange envie de connaitre le nom.
-Maintenant, tu peux dire qu’on est quitte. Sans rancune ?
Sur ce, Shinya tourna les talons en marchant d’un pas léger vers sa table l’esprit soulagé. Sans rancune ni sentiments refoulés, il les lui avait tous craché dans la gueule. C’était plus facile quand les hommes communiquent instinctivement, comme un retour à leur nature animale.
Dernière édition par Shinya le Jeu 3 Mar - 22:12, édité 1 fois | |
| | | Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Jeu 3 Mar - 21:39 | |
| Le barman avait mis un 78 tours dans son phonographe usé et recouvert d’une substance brillante qui rappela à Aki la graisse de mouton. Un air qui lui était familier retentit, accompagné d’un léger crépitement. S’il avait fermé ses yeux, il se serait cru dans une autre dimension temporelle, l’époque de l’insouciance, ou il lui suffisait d’un bon feu et des disques de Jazz de son père pour se relaxer et planer dans les airs.
Take the A train. Voila, il avait enfin mis un nom, et toute une conception sur cette mélodie allègre et entrainante. Aki se senti transporté dans un train fêtard ou l’ivresse coulait des rires répandus de gentlemen en trois pièces et en dames en froufrous. Comme dans un Moulin Rouge. Enivré par l’odeur fictive sortie de cette atmosphère éthérée, transporté dans un monde parallèle, Aki laissait la musique jouer avec ses sens, lui arracher des frissons qui rampaient sur son échine comme des reptiles fielleux. Il sentait le venin glacé lui coaguler l’esprit. Il s’était épris d’un air malsain, d’une damnation.
Tout se confondit dans sa mémoire. Confus, il essayait de dégager le brouillard imposteur qui l’empêchait de capter le sens des choses. Il se senti aussi frustré que quand Adam fut renvoyé de l’Eden. Le foutu Barman avait arrêté net cet air entraînant pour le changer contre le tohu-bohu intolérable des ivrognes, ceux qui se saoulent à peine deux verres dans le bide, ceux que l’alcool rend odieux, pitoyables et turbulents. Ceux pour qui l’alcool est un aphrodisiaque, enfin.
Aki fut étonné en voyant son vis-à-vis s’étaler littéralement sur le sol, apparemment encore dans le cul, sa tête failli heurter une chaise dans sa chute fortuite et spectaculaire. Aki mis sa main sur sa bouche entrouverte sous l’effet de la surprise, et il failli éclater de rire en voyant le visage égaré et la mine -complètement dépassée par les événements- qu’affichait cette pauvre chose. Mais il se contint, Dieu sait pourquoi.
Aki, d’habitude impulsif, calculait à présent ses gestes avec cet être à la fois intolérable et désirable –quoiqu’il ne se l’avoua point- mais il s’amusait à voir comment ce jeune Junky faible et misanthrope se battait contre le sort qui lui a mis such a jerk au travers de son chemin, et comment se révoltait sa dignité blessée. Quel triste sort que d’être vulnérable.
En plus t’es un suicidaire ? Va, tu me désoles. Franchement, que foutait une personne telle que lui dans ce bas monde ? Pourquoi se battre contre les démons pour survivre dans l’infimité et la faiblesse ? Pour être piétiné par tout le monde et de vivre sous la semelle des plus forts ? Être négligé par les siens, se négliger soit même, tout ça pour des doses successives qui en prime ne lui donnent que le soulagement de ne pas tomber en manque. Non, il ne comprenait pas. Inconcevable, voila. Faussement dramatique.
Le sans-nom, ni personnalité parce que suicidaire, se releva tant bien que mal, ses bras frêles et son allure chétive ne lui permettaient pas de se mettre sur ses jambes normalement, il du recourir à toute une gymnastique et user de toute son énergie pour décoller du sol. Une fois sur ses pieds, il s’accouda sur la chaise d’Aki, l’effronté avait encore osé, et fit approcher son visage de celui d’Aki, le défiant du regard.
Un déclic se produisit dans la tête d’Aki. Il sentait le danger planer sur son crâne comme un nuage néfaste, un gaz toxique, son cœur s’affola et son sang se glaça. DANGER . DANGER. Il savait ce qu’il fallait faire. Il savait qu’il n’avait qu’à tendre les bras pour l’envoyer à mille lieux de là, il savait qu’il n’avait qu’à détourner sa tête pour ne plus supporter ce regard, pour ne plus se sentir emprisonné dans cette sphère narcotique. Mais il était trop tard.
Peut importe ce qu’il pouvait lire dans le rictus malsain de cet animal féerique, peut lui importait. Il était captif, ses mains étaient enchaînées et ses pieds avaient perdu toute énergie. Il était une statue. Le bar s’était évaporé, il flottait dans un néant angoissant, sinistre. La morosité alourdissait ses épaules et le submergeait de son arôme de grisaille.
Il l’avait vu, ce coup, il avait senti qu’il ne s’approchait pas pour rien, quand même -il faudrait être dupe ou complètement accro aux séries américaines pour croire à une fin heureuse. La salive qu’avait violemment éjecté son Junky tant haï se colla à la peau de son visage comme une sangsue, et le brûla.
Aki n’en revenait pas. Oui. Même s’il avait mille fois senti le coup venir, il n’en revenait pas. Il n’avait même pas levé la main pour essuyer le crachât, il ne s’était même pas rendu compte qu’il avait laissé échapper le Junky. Non. Il resta là, mais son esprit était complétement ailleurs.
Pourquoi agissait-il ainsi avec lui ? Normalement, normalement, il aurait du l’achever en le voyant le défier ainsi et avec tant d’hardiesse dans son âme de raté, il ne saisissait pas pourquoi il avait laissé cet être monter sur ses quatre chevaux et le rendre clou du spectacle dans cet ennuyeux bar. Pourri que soit cet homme. Pourri que soit tout ce monde de détraqués.
Il retourna vivement en sentant un mouvement auprès de lui, le barman lui tendait aimablement, apparemment, un Kleenex. Il le saisit sans méditer sur le geste et essuya posément le venin. Il se retourna, et, en constatant qu’il n’était plus là, balaya instinctivement les lieux du regard. Rien. Sentant les prémices de l’angoisse pointer le bout de leurs nez, il se hissa un peu sur sa chaise afin de surplomber les lieux et fit tourner sa tête dans tous les sens.
Ah. Sacristi. Comme son oncle, calamité à son âme, disait à chaque fois qu’il ne trouvait pas sa bière. En plus il fallait qu’il le surprenne entrain de le chercher. Aki, sans plus penser, fonça vers lui, les sourcils tellement froncés qu’il se senti comme un taureau. Sans rancune, mon œil oui.
Arrivé à l’autre bout de sa table, il y battit ses mains dans un geste emporté qui fit sursauter ce petit branleur.
- Sans rancune ? Tu me défie toi, on dirait. Quoique ses gestes et ses paroles eussent l’air violent, il ne sentait aucune rage. Mais bien une curieuse excitation dynamite qui l’échauffait.
- Je n’ai pas l’habitude de passer l’éponge, fit-il, le plus posément possible, mais je ferais exception. Dans le serment d’Aki vibrait déjà un regret, ce désagréable pressentiment qu’il s’acculait vers une impasse.
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| | | Shinya
Messages : 58 Date d'inscription : 10/02/2011 Age : 29 Localisation : In my room
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Sam 5 Mar - 1:02 | |
| Ses pas étaient plus légers comme il n’avait plus de fardeau à supporter sur le dos, d’habitude, il se sera limité à sa gifle pour repartir d’où il était venu, une haine qu’il savait grandissante envers cet être, apparemment autoritaire et arrogant, à réprimer dans son si petit cœur qui ne cédait qu’après durs efforts. Cependant, avec ce type là, il avait décider de faire autrement comme pour se prouver à lui-même qu’il n’était plus si lâche que cela, ou peut-être rien que parce que son instinct lui répétait son cesse cette créature indéfinissable valait la peine de lui cracher dessus en retour au lieu de la détester en silence.
Shinya a toujours été le genre de personnes qui évitaient les problèmes, il ne se prenait pas pour un lâche, pas toujours de toute façon, ou du moins il essayait de ne pas se prendre pour un lâche. Cependant, la réalité l’avait heurté toujours en plein visage comme pour s’assurer de bien lui ouvrir les quinquets, t’es abject, si tu ne peux rien faire face à cela admets-le au moins. Normalement, il se sera foutu de cette rencontre nocturne qui n’a fait que le rabaisser encore un peu plus, il se sera désintéressé de cet homme en le traitant mentalement de salaud, il aura fait ce qu’il savait faire le mieux : être cette créature banale qui n’a jamais servi à rien.
Sa table était sale, la vue de ses chaussures commençait à l’ennuyer et la dernière fois qu’il avait relevé les yeux ces derniers avaient retrouvés ceux de son agresseur entrain de le chercher d’un air égaré. Le cherchait-il pour quoi au juste ? Shinya avait toujours détesté qu’on lui colle de la sorte et selon ce que cet homme laissait paraitre, il ne lui vouait pas vraiment du grand amour ni même pas un brin de respect.
Toutefois, il n’avait jamais réussi à se duper lui-même, et ce sentiment d’allégresse, qui l’avait envahit quand il a découvert que ce gars -trop emporté à son goût- ne l’avait pas lâché facilement, était bien vrai pour qu’il fasse comme si de rien n’était. Ce soulagement de voir que le film n’était pas fini quand la scène avait prit fin avait quelque chose d’inhabituel, Shinya pouvait même revenir à se demander pourquoi avait-il préféré qu’il lui confesse sa vérité de sale type en lui crachant dessus au lieu de le mépriser de loin.
Sans rancune, mais pourquoi ? Ce n’était pas lui cela, il était encore plus lâche que ça.
Un claquement au dessus de sa tête le fut suffisant pour le réveiller de sa rêverie dans un sursaut. Mais quel salaud celui là. Shinya commençait déjà à regretter ce qu’il avait dis précédemment, même si une grande partie de lui fut plus que ravie de voir que l’homme ne s’était pas limité de le reluquer de loin. Faire exception ? Ce mec se foutait-il de sa gueule ? Une envie fulgurante le prit de lui crier que son arrogance lui tapait sur les nerfs, néanmoins il se reprit doucement en lui présentant un sourire majoritairement indifférent tout en prenant soin de plonger son regard entièrement dans le sien, histoire de se remonter un peu le moral tout en déconcentrant son vis-à-vis.
C’est toi qui fera passer l’éponge cette fois Shinya et non lui. Allé, marches y encore plus, ton orgueil odieux.
-Bien.
Shinya sentit un pincement de douleur au coin de son œil gauche et un peu en dessous d’elle et se rappela du coup de poing qu’il venait de recevoir il y’a à peine quelques minutes. Magnifique. Il porta une main moelleuse à son visage et tâta légèrement l’endroit endolori comme s’il voulait l’apaiser rien que pour le moment tout en laissant son regard vaguer quelques instants en oubliant l’existence près de lui, puis son illumination vint quand son il tomba sur le cendrier posé sur sa table et il sortit son paquet de clopes dans un geste instinctif pour s’en allumer une, après quoi il le tendit au brun devant lui dont l’hardiesse dépassait même la taille.
-T’en veux ? Ça pourra servir pour calmer tes impulsions…
Il se tût un instant pour palper de nouveau la partie meurtrie de son visage et s’empêcha de crier sa surprise à la douleur résulté par son geste las. Eventuellement, il le trouva convenable de terminer sa phrase.
-…Qui peuvent bien être dangereuses, si tu vois ce que je veux dire.
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| | | Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Sam 5 Mar - 14:45 | |
| Celui dont le nom lui échappait toujours tâtait à présent avec ses longs et fins doigts la petite bosse qui se formait sous son œil. Aki se senti terriblement coupable de lui avoir ainsi gonflé ce petit visage tout rose par les émotions. Et par l’alcool aussi. Il regrettait à présent son geste. Pourquoi lui avait-il rendu la pareille ? Et dix fois plus fort qui plus est. Il savait que le jeune homme l’avait giflé pour l’humiliation de la veille, il savait qu’il ne faisait que sauver sa dignité et atténuer un peu la honte de se voir faible et n’en pouvoir mais. Mais lui, éternel violent qu’il était, avait, au lieu de penser objectivement et de la prendre à la légère, agit égoïstement et en pensant à son statut avant de relativiser les choses. Maintenant, il pouvait mordre la poussière.
Ce qui est fait est fait. Il savait que son vis-à-vis l’estimait si peu, et qu’il le méprisait. Il l’avait cherché après tout. A cogner partout comme un Tarzan, à rabaisser les plus faibles et toujours enfoncer le doigt la ou ça fait le plus mal. D’habitude, il en serait fière, mais là, non. Il avait honte. Le remord l’avait assailli et voir que cette petite chose souffrait de la meurtrissure qu’il avait provoqué lui faisait quelque chose. Et cet air si flegmatique, cette réponse si placide, cette mauvaise foi que son visage laissait explicitement montrer fermaient totalement les portes devant quelconque tentative d’Aki pour arranger les choses. Il se senti repoussé, alors qu’il était près à avancer, à passer à autre chose, à se réconcilier enfin. Il ne savait pas ce qu’il voulait, il n’avait aucune idée de ce qui le poussait à agir de la sorte et à espérer que ce Junky réponde à ses avances, mais il n’acceptait pas un rejet.
Bien. Ce petit mot voulait bien dire des choses à Aki. Casse toi était le premier ordre qui se lisait entre les lettres. Offusqué, Aki ravala sa salive. C’était la deuxième fois que la désillusion le heurtait en plein fouet. Après lui avoir jeté cette réponse comme on jette un os à un chien, il détourna son regard, complètement désintéressé par lui, préférant scruter les alentours en rêvassant et en touchant sa joue blessée que de lui octroyer encore de l’importance. Aki encaissa le coup, et se fit violence à rester calme et ne pas lui casser la table sur la tête. Il senti que ses jambes tremblaient, que son sang était devenu lourd. Que son corps était pénible à porter. Il eu soudain cette envie, ce besoin imminent de s’assoir. N’ importe où. De retourner chez lui.
Il jeta un dernier regard à son Junky en se promettant d’oublier cet incident malencontreux et de ne surtout pas rêver de son visage pâli par le surplus de drogue quand il le vit entrain de sortir un paquet de cigarette et d’en saisir un tube pour se l’allumer. N’en pouvant plus, et sentant qu’il l’avait fait exprès pour l’éloigner, il fit un mouvement pour tourner les talons en grinçant les dents quand il entendit un :
-T’en veux ? Ça pourra servir pour calmer tes impulsions…
Aki se retourna et fit les yeux ronds. Il ne croyait quand même pas qu’il ne pouvait pas se contrôler, tiens. Qu’il n’aie crainte, Aki s’était promis de se couper la main avant de remettre la main sur lui. Il constata que son Junky souffrait encore de la blessure sur sa joue et qu’en effet elle commençait à bleuir. Aki se sentit comme un artiste damnant son chef d’œuvre.
Il n’en pouvait plus. Sans plus pender, il se jeta sur une chaise près de la table où sa loque était accoudée et attendait tranquillement qu’il accepte son offre. Ce fut la première fois qu’il se senti embarrassé d’être un clean.
- Garde ton poison pour toi. Je peux me contrôler.
Et, comme pour prouver ses dires, Aki leva ses mains, les paumes retournées vers son interlocuteur. Il transpirait. Le fumeur parut un instant surpris de la réponse franchement impolie, et remit posément son paquet dans son sac pour mieux apprécier sa cigarette. Aki eu un blanc, et se demanda pourquoi il s’était assis.
- Je …
Sa voix mourut avant même qu’un son ne parvienne à ses oreilles. Il avait ouvert la bouche sans s’en rendre compte, et, à présent qu’il avait capté l’attention du Junky, il ne savait que dire, et se senti triplement idiot. Ses sens maintenant le trahissaient, s’il avait laissé son cœur parler, il se serait ridiculisé devant cet être. Parce qu’il voulait s’excuser. S’excuser pour quoi ? Qu’avait-il fait après tout ? Quelle importance s’il regrettait ou pas ?
Il se débattait contre lui-même. Une partie de lui haïssait l’agressif qu’il était, cette même partie avait enfanté un intérêt profond pour cet être et s’acharnait contre sa haine afin de gagner son estime. Tandis que l’autre lui brûlait de ne pas pouvoir tabasser impitoyablement cet être qui le narguait presque sans ressentir de satané remords. Il se retrouvait tiraillé par deux envies paradoxales, perdu sur la pointe d’une vallée, près à tomber dans la confusion de ses sentiments. La source du chaos qui mettait en péril sa patience et sa raison était totalement ignorante du désordre qu’elle avait provoqué. Elle s’en foutait comme de sa première chaussette.
Percevant le crissement de la cigarette contre le cendrier, ses yeux se dirigèrent instinctivement vers le bruit, puis de la main qui écrasait le cylindre vers la personne elle-même. Encore lui.
- J’ai besoin de savoir ton nom.
Car il n’en pouvait plus. Il devait mettre un nom sur ce doux visage qui l’attirait au fur et à mesure que la soirée avançait, il donnerait tout pour que son inconnu n’en soit plus un. Aki ne se rendit compte qu’il le dévisageait un peu trop indiscrètement, que son esprit ne pouvait plus se rassasier du délice qu’est de démembrer et remembrer les traits délicats qu’il venait de tabasser. Il attendit la réponse, l’espoir lui illuminant son visage renfrogné.
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| | | Shinya
Messages : 58 Date d'inscription : 10/02/2011 Age : 29 Localisation : In my room
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Dim 6 Mar - 14:08 | |
| Garder son poison pour lui ? Car qu’était-il ? Un junkie non-fumeur lui? Shinya fut prit d’une forte envie de crier tant pis qu’il sentait déjà les mots au bout de sa langue prêt à naitre dans l’air chargé de ce bar, toutefois il se répéta qu’il avait dépassé l’enfance depuis une bonne dizaine d’années. Même s’il ne l’avait pas joui comme souhaité, il préféra s’abstenir de répliquer quelque chose qui pourra épicer encore plus ce plat déjà piment qu’il avait devant lui avec le risque qu’il finisse par les exploser tout les deux. Tant pis pour lui. Dans les tréfonds de Shinya.
Il essayait de la fuir, cette vérité dont la plus grande partie de lui en était convaincue, il essayait de lui échapper en évitant d’accorder de l’importance à son vis-à-vis, en rodant les yeux autour du bar, en lui montrant que sa présence n’était pas indispensable, en s’attardant sur le mauvais goût des clopes et sur le bien-être que lui faisaient les longues taffes, mais il ne pouvait le faire pour toujours. Il essayait dur d’esquiver ses propres conceptions qu’il en finissait le souffle saccadé, mais ses tentatives ne ranimaient que des fiascos accumulés. Il en était incapable. Pas si ce type restait planté là à ne rien faire, apparemment indécis entre parler ou passer directement à un autre coup de poing.
C’était entièrement de la faute de Shinya, d’être dupeless, et il le reconnaissait. Ce qu’il avait l’habitude de considérer comme qualité venait de lui montrer son côté revers ; et il voulut bien arrêter de penser quelques instants rien que pour jouir le Je solitaire que son vis-à-vis venait de lancer dans le néant avec incertitude mais ne pût faire taire ses pensées, ses neurones qui était en pédalage acharné sur leur bicyclettes. La raison de tous ses ennuis se résumait dans cette certitude qu’il avait de l’exaspération où cet homme était capable de le plonger, chose qui était absolument incohérente. Car pourquoi cet homme aura-t-il un quelconque pouvoir sur ses émotions ? Pourquoi est-ce qu’il était capable d’éveiller ces sentiments où il avait mit un temps fou pour faire taire dans leur somnolence ? Pourquoi avoir la faculté d’échauffer ce qui lui a prit des lustres à geler ? Shinya pouvait s’en tirer les cheveux d’irritation. Pourquoi cet homme avait-il une pareille influence sur lui jusqu’à lui faire perdre son imperturbable maitrise de soi?
Shinya mit fin à sa cigarette en l’écrasant contre le cendrier posé sur la table comme s’il essayait par ce simple geste d’éteindre la machination que faisait tourner sa tête au même temps. Ses oreilles se mirent en alerte à l’entente de la voix de l’homme, qui avait déjà prit place près de lui sans que Shinya ne lui rende la moindre attention, absorbé par son débat intérieur dans le but d’arrêter le défilement de ces songes, qui à présent s’étaient mis à côté d’une innocence sans pareil, après avoir entendu parler son voisin de table, comme si cette voix avait une certaine autorité sur eux.
Qu’avait-il à foutre de son nom ? Ils s’étaient bagarré –d’une certaine manière- et maintenant c’était fini, pourquoi alors lui demander son nom ? Pourquoi avait-il besoin de le savoir ? À quoi lui servira-t-il ? TADAM.
-Pourquoi ?
A la vue des yeux ronds que lui fit son interlocuteur, Shinya cru rater un battement de cœur. Peut-être qu’il l’enverra valser à l’autre bout du bar cette fois, car il ne savait à quoi s’attendre de la part de ce gars, précédemment manifesté comme un sauvage contre sa faible construction. Une moue ébahie prit possession de son visage tabassé sans qui n’atteigne la raison et il se trouva dans la muette obligation d’annoncer son nom. Chose qu’il fit le plus froidement possible, comme pour s’assurer à lui même qu’il avait tout under control.
-Je suis Shinya.
Un blanc trancha sa phrase, qu’il reprit d’une voix neutre, plus par formalité que par curiosité, même s’il pouvait réellement sentir l’existence de cette partie en lui qui réclamait avec insistance de connaitre le nom de son tyran.
-Toi ?
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| | | Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Dim 6 Mar - 20:53 | |
| Pourquoi ? Oui pourquoi tu veux savoir son nom alors que lui t’emmerde royalement ? Pourquoi tu lui colles maintenant comme une morve et le supplies presque de te dévoiler son prénom avec toute la candeur et toute l’humilité que tu caches dans tes tréfonds ? Pourquoi tu persistes à tirer encore les fils de cette rencontre inopportune et prolonger une semi conversation qui ne rime à rien ? Pourquoi. Explique-toi.
Aki fit semblant de ne pas avoir entendu sa question crue, torturé qu’il était par sa dignité qui hurlait sa rage contre cet être tellement indifférent. Il l’avait asphyxié, son honneur, il avait enfermé l’animal enragé qu’il était dans une cage et en avait avalé la clef. A suivre ses réflexions, on pourrait certifier son aliénation. Mais il ne manifesta rien de suspect.
Respirer.
Son interlocuteur sentit qu’il n’allait pas se justifier, car oui, il était libre enfin, libre de ne pas avouer son soudain intérêt pour cette personne qui ne lui avait inspiré qu’un dégoût profond, et que les vestiges de cette répulsion persistent encore et resteront éternellement dans son cœur. Il était libre de ne pas avouer son penchant presque masochiste pour un ennemi, il était libre enfin. De la boucler.
Vas- y, balance le, ton nom.
Shinya, donc, suite à la révélation de son nom, avait non seulement fait bondir le cœur d’Aki, sa voix résonnait encore dans les parois de ce muscle vide et sanglant, laissant une emprunte vive et brûlante qui le fit frémir. Il eut peur que Shinya ne se rende compte de l’agitation insensée qu’avait provoquée cette confidence, il eut peur qu’il ne perce son secret que lui-même était entrain de découvrir. Il eut peur que les battements effrénés de son cœur ne soient perceptibles comme le rythme fou d’un tambour qu’on mystifie. Il eut peur enfin, de se mettre à nu, devant lui.
Extase.
Ses crises émotives le fatiguaient. Son cœur l'énervait à cogner ainsi tellement fort et que ses oreilles bourdonnent au moindre fait et geste de Shinya. Shinya donc.
Shniya. Shinya. Shinya. Ça coulait dans ses veines. Ça lui grillait la peau.
- Aki.
Devant sa voix suave et mielleuse, la sienne avait l’air d’une pâtée, grossière et plate, sans écho. Elle ne faisait aucun effet. Comme le son de la radio. Quelle ironie. L’éphèbe qui lui faisait oublier jusqu’à même l’endroit où il se trouvait, en passant par l’odeur exécrable et la saleté des lieux, ne parut intéressé le moindre du monde. Il se foutait de sa gueule. Voila. Dupe qu’il était. Dire qu’il avait honnêtement répondu à sa question, dire que son envie de connaître son vis-à-vis était réciproque.
- Et puis ça te mènera à rien, de savoir mon nom.
Non. Dis-le. Nie-le.
- Donc évites de poser des questions sans intérêts.
Au fond de lui, Aki s’en voulait à mort. Il ne voulait surtout pas que ça foire encore une fois. Déjà qu’il ne semblait pas s’intéresser à lui, il ne manquait plus que le virer de là. Virer sa cuti. Mais ça ne passe jamais comme dans un conte de fées.
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| | | Shinya
Messages : 58 Date d'inscription : 10/02/2011 Age : 29 Localisation : In my room
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Dim 6 Mar - 23:12 | |
| Le sol était sale, la table, les chaises, le comptoir, les gens, lui-même pouvait facilement rentrer dans la masse. Depuis peu, il ne faisait que constater la saleté de cet endroit où il s’engouffrait chaque soir pour s’apaiser en écoutant l’atrocité qu’était le vacarme des poivrots, pour se détendre en plein ignominie, en essayant de se fondre car il savait qu’en réalité il faisait partie de ce décor infâme. Shinya avait presque carrément oublié les constats anormaux à l’époque, et toujours d’ailleurs, qu’il avait de ces endroits, de ce pays, de cette vie de débauche, cependant, dernièrement, une certaine nostalgie surgissait comme pour le rappeler qu’il n’avait pas toujours été aussi ignoble.
Aki. DADA. Non que Shinya s’attendait à nom extravagant jusqu’à lui couper le souffle mais ces trois lettres étaient si peu pour tant d’arrogance dans une seule personne. Cela semblait drôle même, cet HOMME en haut de son mètre quatre-vingt, qui se croyait maitre du monde avec sa grosse tête et ses gros muscles, sa main prête à bondir hors son corps à tout moment, sa langue qui ne savait rester rangée dans son coin, ses yeux sévères qui s’enrageaient à n’importe quelle parole et son orgueil immesurable, portait une consonne et deux voyelles pour nom, une syllabe et demi, même pas de quoi fatiguer sa bouche en le prononçant, de quoi dessécher sa gorge. Nada. Le nom d’un petit chat sauvage, inapprivoisé. C’était ça lui, Aki.
Aki ou pas, Shinya s’en foutait, et les répliques de ce premier ne faisaient qu’accroitre cette certitude. Car ledit Aki ne se limitait pas à pourrir tranquillement dans son coin mais en plus il sautillait, il miaulait et griffait ça et là. Shinya n’aimait pas les importuns, et celui là était un grand.
-T’as raison, je n’ai rien à foutre de ton nom.
Que voulait-il de lui ? That’s the question. Aki lui avait craché dessus, Shinya l’avait giflé, Aki avait prit sa revanche -un peu trop fort, mais il l’avait prit quand même-, Shinya lui a rendit son crachât et TADA. Pourquoi le cherchait-il ? Mais justement pourquoi toute cette histoire? Pourtant, Shinya avait bien insisté sur la partie SANS RANCUNE dans sa phrase, ne comprenait-il pas que c’était fini ? Que ça devenait gluant, toute cette histoire débile sans queue ni tête.
-Et puis à quoi ça te sert de connaitre le mien alors ? Ou bien m’enverras-tu un tueur à gages pour m’achever?
Calm down Shinya.
Il voulut bien s’arrêter, mais Aki lui tapait sur le système nerveux en entièreté qu’il ne pouvait que s’emporter dans la vague. Shinya était lassé de cette scène qu’il commençait à trouver répétitive, l’un commence l’autre répond, une querelle et basta. Il eut un instant de déception bâclé et s’alluma une nouvelle clope pour se calmer les nerfs, après tout, son voisin ne valait pas la peine. Il ne valait probablement même pas la peine qu’il gaspille sa salive à le répondre, néanmoins, la suite de sa répartie s’était faufilé hors sa bouche sans demander sa permission.
- Non, laisse-moi deviner. Tu peux le faire de toi-même, c’est ça ?
Trop tard. Le coup est parti tout seul.
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| | | Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Lun 7 Mar - 22:00 | |
| Dieu de Dieu. Déjà qu’Aki ne fut pas vraiment une âme généreuse, ni une personne patiente. Cette fumée nocive et gênante commençait à lui taper sur le système. Sérieux. En plus de la brûlure qu’elle provoquait dans ses narines quand elle s’incrustait dans sa voie nasale, elle l’empêchait de mieux scruter celui qui l’aspirait et la recrachait. Inlassablement. Il essaya de balayer ce champ brumeux et désagréable d’un mouvement de main, mais rien n’en fut, Shinya réduisait son effort à néant en expectorant un nouveau flot fumeux. Aki soupira, sa réserve de patience venait d’expirer, il se sentait à bout, malmené, pressé jusqu’à la dernière goûte. Les prémices d’un excès de zèle commençaient à lui allumer les boulons.
A dire vrai, ce n’est pas seulement la nicotine qui réveillait le démon en lui. Ni le bar, ni le chahut, ni l’ivresse, ni même son trouble émotionnel non avoué. Là, maintenant, il pourrait tolérer dix fois plus de crasse et d’odeur de drogue. Il y était un peu habitué après tout, mais ce qui l’irritait au plus haut point, ce qui le mettait hors de ses gonds, ce qui lui donnait à la fois envie de cogner, de pleurer, de s’enfuir, ce face à quoi il se trouvait incapable enfin. C’est lui. Cette loque, là, ce morceau de chaire empâtée sur des os saillants. Cette silhouette fluette et courbée par la mal nutrition. Cette bouille ravagée par le supplice de la drogue. Cet être flegmatique, faiblard et qui ne s’emportait que quand on le maltraitait.
Toi. Oui toi. Ouvre tes yeux. Regarde-moi. Dis moi ou ça fait le plus mal.
Aki choisit l’option de renverser sa tête un peu en arrière, pour éviter un tant soit peu cette substance intolérable. Il se demandait à quoi pouvaient bien ressembler les tréfonds de Shinya. Du charbon, sans doute.
Il en fut presque désolé. Il ne savait pas comment un Junky pouvait bien penser, ni comment il expliquait sa situation de dépendance, ni même s’il en était conscient. Il doutait même s’ils eussent des principes. Des sauvages. Vivant dans une jungle.
C’est ça. Des sauvages. Des animaux. Aki ne pouvait et ne pourrait jamais comprendre cette race, à son grand dam, il ne pourrait décrypter les codes qu'émettaient ce personnage qui le fascinait depuis peu, et pour cause : il était vide.
Le goût de la vérité est très amer, mon petit Aki. Tu réalises difficilement que tu n’as pas de goût, que tu t’es épris de la mauvaise personne, que tu t’entiches d’un néant creux dans lequel l’écho d’un nom résonne comme une clochette. Tu ouvres les yeux, et tu la vois : une coquille vide. Un corps à drogues. Un cendrier ou tu as écrasé ta main brûlante. Et tu as honte. Tu refoules ce sentiment avilissant, tu es méprisable. Tu te maudits, le maudis et tu te caches les yeux comme si tu n’étais pas tombé dans le panneau. Car tu le trouves beau. Parfaitement. Beau.
- Tu vois, quand tu résonnes. En effet, je n’ai besoin que de ma main droite pour d’écraser comme un vulgaire cafard.
Aki en fut désarmé. Au fur et à mesure qu’il prouvait son penchant pour lui, il ne pouvait s’empêcher d’être déplaisant. Cru. Sa langue pendue n’en manquait pas une. En entendant ses propres paroles, il se trouva odieux et orgueilleux. Un dindon.
Tant pis. Il était trop tard pour arranger les choses. De toute façon, qui s’en foutait ? En tout cas pas lui, pas ce Shinya. Pas ce bloc de glace que même la cigarette ne peut dégeler. Son ego en avait pris pour son compte, il ne pouvait que faire ceci : patauger dans la flaque d’eau trouble ou il monologuait avec son reflet.
- Alors si t’es encore en vie, là, à sucer ta putain de clope, c’est seulement parce que moi j’en ai fait de la sorte. Alors estime-toi heureux.
Croisant les bras, il le toisa, de haut, en bon arrogant que son image laissait voir, et qu’il était vraiment. Il ne pouvait changer sa nature. Il était un sale type. Une vipère, oui. Et alors ? Croisant ses longues jambes serrés dans un jean, il s’esclaffa, dans un mouvement d’humeur, plus pour se moquer de lui, de cette conversation risible, et du comique de la vie. Car s’était triste.
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| | | Shinya
Messages : 58 Date d'inscription : 10/02/2011 Age : 29 Localisation : In my room
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Mer 9 Mar - 23:46 | |
| Shinya ne pu qu’avec difficulté retenir son rire de justesse, car il était drôle, son vis-à-vis. The big Aki avec son air ‘vous êtes tous inférieurs’ et sa fierté de coq lui donnait une véritable envie de lui rire au nez, sa manière de se replacer sur sa chaise et de croiser les bras, sa voix hautaine et son regard dédaigneux, tous ce qui le construisait faisait penser un roi déchu qui se cramponnait toujours à son trône, à un moustique qui se croyait la reine des abeilles. Tout ce qu’il savait était cracher, battre, déranger, s’imposer et offenser les autres. Un vrai gentleman. De toute façon, il savait qu’ils n’existaient pas, les gentlemans. Ou du moins, pas dans Land of Decandence.
Shinya trouvait que toute cette histoire avait dépassé la durée bien déterminée pour elle et cela était de plus en plus insupportable. La clope entre ses longs maigres doigts prenait ce goût plus aigre qu’envoutant, la chaise sous ses fesses devenait abominablement dure qu’il le trouvait douloureux de rester dans une même position, même l’atmosphère dans ce bar où il s’est toujours détendu semblait incroyablement lourde. C’était comme si cet Aki avait entouré sa gorge de ses deux mains jointes afin de lui bloquer la respiration jusqu’à ce qu’il aille envie de gratter son intérieur.
"Tu vois, quand tu résonnes. En effet, je n’ai besoin que de ma main droite pour d’écraser comme un vulgaire cafard."
Et ça voulait dire quoi au juste ? Qu’il était une grande chaussure prête à s’abattre sur le pauvre corps en défaut de force de Shinya? Qu’il avait la vie de Shinya entre ses deux grandes mains ? Que le petit Shinya n’était qu’un misérable esclave sur cette planète à la merci de son maitre ? Qu’il était capable de l’écraser comme un vulgaire cafard ?
"Alors si t’es encore en vie, là, à sucer ta putain de clope, c’est seulement parce que moi j’en ai fait de la sorte. Alors estime-toi heureux."
Comme s’il ne lui manquait que cette couche à rajouter.
Que voulait-il faire de lui ? Qu’était-il capable de faire de lui après tout ? Quand cette rage qui lui brûlait l’intérieur sera calmée, que restera-t-il de lui ? Shinya en avait marre. De toute cette histoire qui ne faisait que lui taper sur les nerfs un peu plus avec chaque instant qui s’écoulait comme si elle avait pour but de faire exploser sa patience, qui était bien grande, mais qui parvenait à ses limites apparemment. Elle était lassante, cette connerie pour laquelle ils se chamaillaient, et ça lui donnait le sentiment de redevenir le gamin enfoiré qu’il croyait être.
Shinya éteignit de nouveau sa clope mollement dans le cendrier et se releva pour se diriger directement d’un pas légèrement énervé jusqu’à devant Aki. Ce type le mettait carrément hors sa tête et là il n’en pouvait plus. Il pouvait faire ce qu’il voulait de lui, Shinya ne trouvait plus grande importance pour cela. Il voulait le butter ? C’était ça ? Et bah qu’il le fasse, Shinya s’en foutait, ce sera plus simple et de cette façon ils iraient droit au but.
-Et bien voilà, écrase-moi.
Shinya se sentait un peu hors son corps à le regarder debout se révoltant contre son bourreau de cet air effronté qui n’était pas le sien et cette hardiesse qui ne faisait pas partie de ses habitudes non plus. Ses sens n’étaient plus en marche et seule cette colère qui avait pris contrôle de sa tête dominait chacun de ses gestes et chaque parole annoncée. Cependant, il ne su choisir entre déception et surprise comme adjectif pour décrire ce sentiment qui l’a envahi quand il avait conçu ces deux pairs de yeux ébahis se noyer de nouveau dans les siens. Même pas capable de le faire.
-Tu m’emmerdes.
Voilà, Aki avait décroché la timbale et le poing rongé par la colère de Shinya vint s’abattre sur la table jusqu’à la faire trembler de cette force qu’il ne se connaissait pas. Ses yeux lançaient des éclairs et il ne pouvait toucher l’essence de cette raison qui lui causait tant d’énervement, alors ne pouvant plus supporter sa présence dans cet abri de saleté devant cet homme odieux, ses pieds se frayèrent d’elles-mêmes un chemin jusqu’à se retrouver hors ce bar puant l’alcool. Car il en avait besoin, l’oxygène.
Gasp for a breath.
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| | | Aki
Messages : 67 Date d'inscription : 21/02/2011 Age : 30
| Sujet: Re: In a lucid dream [Shinya] Jeu 10 Mar - 20:25 | |
| Aki avait l’impression qu’il assistait à une pièce comique ratée. Parfaitement. Il avait ce mauvais pressentiment qu’il se trouvait au beau milieu d’une foule qui pointait un doigt moqueur sur sa gueule et lui explosait dessus. Il entendrait presque le rire moquer et strident. Il l’avait le désagrément de se sentir comme une bête de foire. Un bouc émissaire. Et qui tirait les fils du jeu ? Qui le manipulait selon son envie et sans même bouger le petit orteil ? Là il aurait pu croire à une blague de mauvais goût. Il y aurait jeté un regard dédaigneux et aurait terminé pacifiquement son chemin. Mais voilà, la situation ou il se trouvait est un fait, ce n’est ni un cauchemar, ni une mauvaise blague. Tirez les rideaux. Allumez la lumière. Il eut un blanc. Une fraction de seconde, le laps restreint de temps ou l’aiguille tremblote une fois. Rien qu’une. On s’est joué de lui. Rectification : Il s’est joué de lui. Lui et sa belle gueule. Et son flegme. Et sa misanthropie. Et ses clopes à la con. Non. Non non non. Aki ne pouvait se le permettre. Il ne pouvait l’accepter. Cela dépassait son imagination, les dimensions de cette mythomanie dépassaient celles étroites de son carré logique. Son esprit ne pouvait concevoir qu’alors qu’il le menaçait de l’écraser avec sa semelle, il avait déjà été, et spectaculairement, aplati. Comprimé. Par un regard. Love was just a glance away. Aki s’écœurait. Il avait envie de se vomir dessus. Quel gâchis. Non mais quelle déception. Vingt cinq longues années à battre sa coulpe, à maudire ces âmes grises et damner ceux qui ont saccagé les siens. Tous ces sentiments refoulés, cette haine, cette solitude mélangé à un repentir intransigeant. Il était un volcan en éruption, provoqué par le bourdonnement de cette mouche qui maintenant le bravait avec ses grands yeux froids, cette mouche qui s’amusait à lacérer son cœur et le décomposer en une kyrielle de petits bouts de chair dansant et s’affolant dans sa cage thoracique. Il en avait marre. Il voulu lui demander de la boucler, de dégager de son chemin, de le laisser terminer sa vie comme il l’avait commencé : Dans ce trou noir de haine, entouré par les dalles monstrueusement infinies de la solitude. Il ne pipa mot. Même pas quand il le vit se lever, quand il remarqua sa taille mince contourner la table pour venir l’affronter, les mains sur les hanches, la langue amère et le dégoût dans les yeux. Il n’avait rien fait d’autre que d’afficher de grands yeux totalement absorbés dans la contemplation de cette silhouette menue et fragile. Il s’étonnait, se maudissait, s’énervait et affolait quand il constatait comment son cœur, son âme et son esprit réagissait face à ce Junky. Sa conscience s’en trouvait désarmée, elle avait abandonné toute tentative d’opposition à cette attraction morbide et doloriste. Le coup n’était amorti par aucune conception logique, aucun idéaux profanant ce malheur. Aki tombait-il malade ? Maladivement amoureux ? Amoureusement malade ? Ce face à quoi Aki avait bayé aux corneilles était un défi. Ecrase-moi n’était pas tombé sur les oreilles d’un sourd. Mais presque. Parce qu’Aki, quoique conscient de la bravade lancée impudemment à la machine destructrice qu’il était, était non incapable de le faire. Non. Il était ligoté. Et cela revenait au même. Incapable. Impuissant. C’était injuste. De réaliser que du haut de ses 1.75m de muscles et de puissance, il n’avait pu fermer la gueule du cafard qui maintenant réalisait sans doute sa position supérieure. Il menait les reines. Soit. Je t’emmerde. Merci. Je m’emmerde moi aussi. Je te haïs, me haïs et j’emmerde le monde autant que lui m’emmerde. J’aimerais t’y voie à ma place, petit prétentieux. Un cri, non, un hurlement retentit du fond du bar. Aki se réveilla de sa torpeur. Il venait d’émerger de la flaque d’eau ou il suffoquait, se noyait et re-noyait. Il n’était plus la. Le junkie, là, Shinya. Le brun. Le petit. La loque. Il était parti. Aki balaya le coin d’un regard sombre. Sombrement affolé. Une lueur aliénée y brillait et lui pointait les crocs. Il avait sorti ses griffes. Il allait à la chasse. Rien. Le bar était vide. Vide de sa présence. De son odeur, de ses yeux magnifiquement bridés. De sa peau qui brillait sous l’éclairage terne. Et sa bouche fendue et pulpeuse. Son agneau. Sa proie. Il failli crier son nom. Il voulait le revoir. Encore une fois, l’insatiable. Il voulait le voir, seulement le voir, il ne le touchera pas, promis. Ok, il lui dirait probablement ses quatre vérités, peut être qu’il corrigera sa langue pendue. Qu’il exécutera son vœux et l’écrasera, en magnifique petit cafard qu’il était. Ah non, pas de coups. Se redressant, soudainement vigoureux et plein d’entrain, il se dirigea en se léchant les babines vers la sortie en bousculant sans vergogne les ventres pendues des obstacles qui le tenaient presque captif, loin de sa chèvre adorée. Une fois dehors, il respira l’air frais qu’il détestait encore en début de soirée, comparé à l’odeur de sueur et de pue qui étouffait le bar, l’air dehors avait le goût de la délivrance. Un mirage se dirigeait vers le fond de la rue. Aki le vit, son étranger, il se dandinait, se pavanait comme une sonate mélancolique. Le mirage. Son coeur bondit à la vue de son rêve lucideEt puis rien. Le noir. And ever since that night, we’ve been together. Lovers at first sight, in love forever. It turned up so right. For strangers in the night. ~ END ~ | |
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