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 Devil Side [Shinya]

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Aki

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MessageSujet: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeDim 13 Mar - 22:09

Vite. Plus vite. Tu longes l’allée d’un pas leste en dandinant légèrement tes hanches aux courbes délicieusement minces. La pénombre voile ta silhouette leste d’une brume ténébreuse, te donnant un air mystérieux, presque irréel. Car tu es irréel. Tu ne peux pas être toi, non ? Le toi arrogant, au visage souffreteux et à la peau satine. La lune a oublié de t’illuminer, tellement tu es petit et insignifiant. Pour cet astre gourmand, tu n’existes pas. Ton sac pend sur ton épaule finement croquée, il se balance et se heurte à tes cuisses molles et fatiguées. Tu presses le pas alors que tu es de plus en plus las. En manque ? Au détour de la ruelle, tu te retournes, comme alerté d’un danger qui plane sur toi et que tu attends qu’il s’abatte. Parce que tu ne peux pas fuir, tu le sais très bien. Je suis ton mauvais sort.

Un silence lourd. Insalubre. Morbide. Une lune pâlotte flotte dans la noirceur des ténèbres. Une allée engloutie dans l’antre du diable, ou la chaleur a un désagréable arrière-goût de froid. L’austérité des immeubles dressés pour barrer toute échappatoire de ce gîte obscur plantait une appréhension barbare dans son cœur. Il sentait l’ombre du béton peser sur lui. Lourd. La brume l’empêcher de voir clair et aucun réverbère ne marchait. L’air lui arrivait difficilement aux poumons.
Il ne ressentait pas la chaleur de la vie.
Car c’était la route de la mort. Highway to hell.
Autrement dit : Land of Decadence.

Il avait perdu toute notion de temps. Il avait l’impression de n’avoir pas vu le soleil depuis des lustres. Le tictac des aiguilles n’avait cessé de marteler son esprit, en écho aux battements effrénés de son cœur malmené. Il était comme suspendu dans des dimensions temporelles parallèles, entre deux mondes. Pendu par le cou. Oublié dans le vide. Éparpillé un peu partout, démembré en une kyrielle d’anatomies le représentant en plus petit. Son esprit était dispersé entre les deux murs qui lui dissimulaient la lumière du jour.

Il ne sentait plus ses jambes. Ni aucun membre de son corps. Il était aveugle, sourd. Une chose posée sur un corps qui bouge indépendamment de lui. Un corps qui avance. Inlassable. Chaque pas effaçait la trace du précédent, et l’approchait encore plus de son dessin. Il ne parvenait à entendre l’écho de la semelle contre le bitume. Le son est avalé par l’opacité. Englouti.

Il se rendit compte que ses pas étaient accélérés, que sa respiration était entrecoupé et qu’il suait à grosses goutes. Ses oreilles bourdonnaient, comme s’il venait de se réveiller. Il arrivait presque à l’aboutissement de la ruelle. Le terme de son supplice. Il en soupira de soulagement.
Un petit rayon lunaire parvint à éclairer un tant soit peu le trajet qui s’étendait face à lui.
Il le vit.

Aki posa sa main sur sa bouche, alerté par le mouvement de ses lèvres et la grande inspiration qu’il avait pris qu’il s’apprêtait à crier son nom. Non. Il devrait attendre un peu. Voir ou tout cela le mènerait.
Calculateur ? Pas vraiment. Il n’osait pas. Oserait-il ?

Maybe.

La couleur de sa silhouette était un mélange de gris clair et foncé. Il distinguait le mouvement répétitif de sa chevelure caressée par le vent frais, la bandoulière du sac qui dodelinait.
Je suis ton sort. Assume-le.

Arrivé à la grande route, Aki eut l’impression qu’il émergeait de nouveau. Cette fois ci, le son du moteur morne des voitures lui parvenait, ainsi que les bribes de conversations dans des coins obscurs. Cette nouvelle atmosphère l’a distrait de sa cible qui s’était tourné à droite. Heureusement alerté par l’éloignement du son des pas, il se retourna et reprit sa course.
C’est là qu’il se rendit compte de son état d’agitation extrême.

Un nerf dans son temps battait bruyamment. Il parvenait à entendre le bruit du sang qui coulait vivement dans ses veines. Il tendit le bras. Des sillons bleus et violets marquaient sa peau blanche, gonflés par la chaleur. Il haletait, sa bouche entrouverte laissait entrer puis sortir de l’air à une vitesse hallucinante. Ses cheveux se collaient à sa nuque et son cou. Sa poitrine était en feu. Il avait la chair de poule.
Assume ton sort.

Il ralentit un peu pour reprendre son souffle, car s’il continuait comme ça, il avait le pressentiment qu’il allait tourner de l’œil. Ses jambes tremblaient. Il appuya ses mains sur ses genoux, se courba et respira un grand coup. Puis se releva.
Il n’avait plus qu’à avancer. Maintenant qu’il était sur la bonne voie.
Son Junkie avait ralentit, probablement arrivé à son domicile, au recoin de la ruelle il pivota soudain, scruta de ses grands yeux clairs l’allée opaque.

Aki sentit son regard se poser sur lui. Le transpercer le part en part.

Il eut un moment ou le temps s’arrêta. Ou les grains du sablier se bloquèrent. Ou l’eau gela. Ou les chats abandonnèrent leurs proie, levaient leurs yeux limpides vers le ciel qui abritait à la fois le paradis et l’enfer. Pour lancer un miaulement rauque, plaintif. Plus un cri d’un martyrisé, d’une bête qu’on égorge.
Une impitoyable calamité. Celle d’être impuissant. Toujours en contraste avec son idéologie.
Aki avait voulu une chose : s’enfuir.

Mais il ne put.

Ne t’approche pas.

Trop tard. Le bruit sourd de ses pas bondissait dans l’air comme une roche jetée sur un lac. Un heurt confiant. Hardi.

Arrête.

Trop tard. Il a été découvert, et c’est tant mieux. Car il vaut mieux tout régler avant que cela ne dégénère, là, au fond.

Ne le regarde surtout pas. Retourne-toi. Fuis-le, ton sort.

- Je n’accepte pas qu’on me nargue, on dirait que tu ne l’as pas encore compris. Je peux te détruire, je ne l’ai pas fais. Je t’emmerde ? Eh bien, tant qu’à faire, ton excès de zèle, tu te le gardes sous ta petite couette. Non mais tu te prends pour qui ?

Ses yeux clairs affichaient une outrance presque grossière, Aki avait l’impression de voir dans son regard celui d’une drama queen. Cette manifestation de colère, ou de répulsion, le réjoui, et il ne put s’empêcher de lui afficher un sourire mesquin.

- Je te l’ai déjà dis pourtant : tu fais pitié. A toujours fuir. Assume tes actes, petit.

Des ondes maléfiques s’échangeaient entre les deux corps embrasés chacun par des sentiments distincts : car tandis que les paroles acerbes d’Aki gonflaient son vis-à-vis, le grand gaillard souffrait d’un excès terrible d’excitation. Il ressentait un plaisir morbide à rabaisser son petit agneau, et la proximité de son corps chétif et las le faisait … bander.

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Shinya

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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeMer 16 Mar - 14:08

Ce que c’était bon, de respirer. L’air, l’oxygène, le vent, le froid, n’importe quoi. Shinya sentit le nœud dans sa gorge se défaire, la vie lui revenait, ce gaz au symbole O regagnait sa pauvre cervelle, le ventilait, lui faisait goûter de sa fraiche volupté. Il pouvait le sentir, entrer par son nez pour ce passage jusqu’à ses poumons avant d’être attribué au reste des membres de son corps. Ses enjambées se succédaient hâtivement sur le sol et il pouvait entendre le son de ses chaussures claquer à la rencontre du carrelage, Shinya essayait de reprendre son souffle tout en accélérant ses pas. En accélérant ses pas. Mais pourquoi faire ? Il était dehors maintenant, il n’y avait plus personne, plus d’Aki, plus de conneries, plus de lourde atmosphère, plus d'ivrognes, plus rien.

Shinya était seul et il venait de la réaliser, cette solitude hautaine. La ruelle sombre, vide et sale lui donnait un sentiment de déjà-vu, déjà vécu. La scène qui a provoqué sa malheureuse rencontre avec l’importun qu’il tentait fuir à présent lui donna des hauts-le cœur. Pathétique que tu es. Imbécile qu’il est. Fuir ? Il était entrain de fuir sans se rendre compte ? Sans faire attention à ce détail qui faisait toute l’histoire ? Il en avait marre, c’est pour ça qu’il était parti. Et dire que je te croyais capable de mentir mieux que ça Shinya. Quoi alors ? Que lui arrivait-il ? Pourquoi n’en pouvait-il déjà plus ?

Le parcours de la venelle avait semblé interminable, éternel, comme dans ces jeux vidéo de course de voitures où plus on avançait plus la route s’étendait et une impression de tourner dans un cercle vicieux s’emparait de Shinya. Ses mains s’accrochaient désespéramment à son sac comme s’il était le tapis d’Aladin qui le fera voler haut dans le ciel, loin d’Aki, de ce bar, des junkies, de Land Of Decandance. Et si on revient à la réalité quelques instants ? D’accord. La lumière n’avait pas encore daigné de se présenter et aucun réverbère n’acceptait de s’allumer rien que pour tâcher un tant soit peu son parcours vers l’échappatoire. La seule source d’éclat était restée loin derrière lui, cette chose qu’on ne pourra qualifier de lampadaire pour la simple raison qu’elle ne l’était pas, comme si le fait de s’allumer et s’éteindre quatre-vingt-dix-neuf fois par seconde lui avait amputé ce titre.

Enfin. Il voulut sautiller joie, oh jamais il n’avait aussi jubilé de voir un sale couple se prendre férocement par la bouche contre un mur, jamais il n’avait soupiré à l’entente des klaxons de voitures dans leur compétition du plus assourdissant, jamais il n’a été aussi soulagé à apercevoir les lumières de cette ville agitée lui agresser les yeux. Machinalement, Shinya ralenti ses pas et reprit sa respiration normale, ses mains lâchèrent un peu la prise de son sac et ses épaules se détendirent. Plus de danger.

Maintenant qu’il n’avait plus quoi craindre, il pouvait penser aux autres choses qui lui auraient occupé la tête en temps normal. Il se sentait libre de penser au client à qui il devait délivrer deux paquets d’armes le lendemain et se demanda s’il fallait faire un détour au super marché pour apporter des bières et de la bouffe, songea à aller chercher son dealer et se payer de la came puisqu’il n’en avait plus, peut-être aussi aller voir son boss, qui sait. L’important est qu’il s’était débarrassé de ce crétin qui cherchait à s’impressionner lui-même par son hardiesse et sa masse musculaire.

Ou pas d’ailleurs.

Non qu’il était maniaque et qu’il soupçonnait n’importe quoi et n’importe qui, même si dans pareil situation, ça valait la peine finalement, mais il l’avait sût, à la seconde même, que ce qu’il venait de qualifier de bon débarras était toujours derrière lui, juste là à le suivre, ses pas emboitant ses propres et il en était effaré. Un point d’interrogation aussi grand que le système solaire se dessinait dans sa tête : Pourquoi le cherchait-il ? Non mais c’était absolument meaningless, le plus irrationnel du monde.

Shinya recommençait à perdre le contrôle qu’il n’avait pas encore entièrement repris sur son corps, ses mains se fermaient dans des poings énervés alors qu’il essayait de garder le rythme de sa marche aussi calme qu’il l’était. Il pouvait sentir le sang lui battre aux tempes, un marteau dans sa tête et un nœud dans son ventre. Dégueulasse.

Et comme un miracle sans provenance, le pauvre immeuble où il logeait se présenta, cet appartement aussi sale que les rues de la ville le regardait d’en haut en attendant son arrivé, maintenant il pouvait s’en débarrasser pour de bon, il était chez lui, il n’avait pas à lui parler ni même à le regarder, il était sauf.

Cependant, Shinya ne le put pas, il ne put traverser l’entrée comme si de rien n’était, il ne put fermer les yeux sur cela, il ne put ignorer cette présence derrière lui. Alors il s’arrêta doucement et se tourna, le regard vide criant barre-toi.

Il ne s’était pas barré, il s’était approché. Ses paroles retentissait encore dans l’air, de cette façon tu-m’as-bien-entendu-petit-morveux-je-suis-le-maitre. Bien que t’aies fait preuve de bravoure Shinya, maintenant, tu n’as qu’aller jusqu’au bout.

Pause.

Avant de se mettre hors lui, de commencer à crier comme une bête de foire, de détester ledit Aki encore plus et de lui montrer son mépris réciproque ; Shinya prit deux secondes pour faire quelque chose qui commençait à lui manquer : PENSER. Voilà, c’était un plan détaillé de ce qu’il alla faire, là maintenant, devant ce fou qui ne l’avait pas lâché de toute la soirée, ce qu’on pouvait résumer dans trois mots : Laisse-toi aller, autrement dit : Arrête de penser.

-Bon écoutes mon grand, ton pouvoir destructive de me réduire en néant et tes cinquante kilos de muscles, je m’en fou royalement. J’ai passé toute la soirée à supporter tes miaulements de petit chat en manque d’attention, là, j’en ai ma claque. Je ne me crois rien, vois-tu ? Car je ne suis rien justement, je ne suis RIEN. Et ta putain de gueule tu la ferme et t’attend que je termine. Pourquoi est-ce que tu me cherches ? Que veux-tu de moi ? Je pense qu’on avait pourtant mis les choses au clair. Ta conviction d’être maitre du monde et supérieur à toute cette ville me désintéresse comme pas deux, je t’avais offert l’occasion de me butter, peu m’en chaut, t’auras pu satisfaire tes désirs de psychopathe, pourquoi ne l’as-tu pas fait ? Pourquoi me suis-tu en continuant à dire n’importe quoi ? Tes paroles sont tellement incompréhensibles qu’elles ne m’atteignent même pas. Et là, j’en peux plus, tu me tape sur le système comme personne ne l’a jamais fait, alors je te résume le tout dans deux mots : Si t’as des réponses à me donner, je suis prenant, si t’en as pas, dégage. Fou moi la paix.

B O O M.
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Aki

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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeJeu 17 Mar - 22:44

Dans sa poitrine, un tendon céda. Le jet du sang brûlant lui calcina chaque paroi de son corps engourdi par la fatigue. Un projectile se braqua sur lui. Cette lumière désagréable l’aveuglait. Même sans mettre sa main au feu, il savait que son cœur ne battait plus, que ce muscle était en panne. La liqueur visqueuse et brûlante coulait toujours, il la sentait atteindre ses ongles et sortir de son corps, goûte par goûte. La profusion de son trouble provoquait une marre noirâtre et sulfurique au niveau de ses pieds. Il se senti menacé. Comme un petit malfrat pris en pleine action. Il se sentait dévisagé. Défiguré par la stupeur, à moins que ce ne soit de l’angoisse, il sentit, en allongeant le bras, la caresse dure du mur vers lequel il s’était acculé. Maintenant, sur de sa défaite, et conscient d’avoir joué une mauvaise carte, il fallait faire diversion. Tenter le diable. On ne badine pas avec l’amour.

Les pensées lascives, le corps tendu et le poil dressé, il attendit la prophétie. Il aurait du fermer les oreilles. Fuir. Changer de cap.
Devenir sourd.
Il aurait du fermer sa gueule, oui.

Une lampe craqua même sous l’austérité de son discours. Comme ça, elle éclata dans un bruit chaotique, brisant le silence lourd, pénible qui suivit l’accusation, ce verdict roide et intransigeant. Ses débris furent aspirés par les ténèbres illico presto. Et le noir remplaça la faible pénombre à travers laquelle chacun d’eux pouvait dévisager l’autre. Aki en fut presque soulagé.
Parce qu’il savait ce que son visage, miroir de son émoi, laissait voir. La peur.
C’est quoi ? c’est la prospective de sa perte. Une défaite crue, comme un glaive tranchant un roc, net.
Le dépérissement du mythe. L’évanouissement de la lumière. Et de sa présence.

La peur faisait craquer un à un les os de sa cage thoracique. Son cœur gonflait, puis dégonflait. Puis regonflait. Une nébulosité malsaine lui cachait sa muse. Qu’avait-il bien pu faire pour mériter un tel calvaire ? Devoir lutter contre son égo, tenter avec maladresse de dissimuler son affection, s’enticher de quelqu’un pour qui vous n’êtes qu’un parasite. Un élément perturbateur.

Même ses paroles ne l’avaient pas atteint. Quelle déception. Il n’avait su lire qu’entre chaque pique d’Aki se cachait un appel au rapprochement, une supplique à plus d’attention. Une salive amère coula le long de l’œsophage d’Aki. Maintenant que la bombe à éclaté, autant en finir une bonne fois pour toute.

Sans même s’en rendre compte, Aki s’était rapproché de son vis-à-vis et lui avait saisi le bras. Le contact de leur peau le grisa. Ses yeux, maintenant accoutumés au noir, parvenaient à distinguer tant bien que mal les traits angéliques du blasé. Il en devenait affamé.

- Je n’ai aucune réponse à te donner puisque je ne vois aucune question, aucun élément mal éclairé dans toute cette parodie. Vrai, je t’ai suivi, parce que je le veux, mes pieds m’ont mis à tes trousses. Je ne savais pas que mon geste innocent ai été pris pour du harcèlement.

Aki avait appuyé sur son bras, laissant la marque de ses doigts dans sa peau brillante et humide. Il sentait dans ce corps quelque chose qui manquait, un ternissement propre aux dépendants d’une substance étrangère pour leur redonner la vie. Quitte à parler aux murs, les Junkies en manque ne mâchouillaient pas, puisqu’ils n’écoutent même pas.

- Tu veux savoir la raison de tout ça ? Pourquoi je te suis et je t’emmerde ? Et bien je ne sais pas. Voila je ne sais rien à part le fait que oui je le fais et oui je recommencerai et oui je le regrette déjà. Parce qu’être rabaissé de la sorte, personne n’y adhérera, et surtout pas moi. Je t’avais dit que puisque je ne t’ai pas supprimé, je ne suis pas prêt à le faire alors arrête de gesticuler.

Mais Shinya n’écoutait déjà plus, il avait détourné la tête et son regard errait dans le vide. Il se peut que son esprit soit entrain de déguster à l’avance sa dose vespérale d’héroïne. Aki le secoua encore, peu souciant de son état de manque. Il le contempla encore un peu, un sourire narquois flottait sur ses lèvres percées. Il n’était rien donc ? Rien qu’une foutrement belle gueule, oui.

- Je vais être franc avec toi. Je ne saisi pas pourquoi mais ce matin, figure toi, ton image m’est revenue à la mémoire, comme ça, un claquement de doigts et cette foutue image refuse de s’évaporer. Tu crois que c’était pour moi la fête d’éplucher les rues à ta recherche en ne sachant même pas pourquoi tant de mal ? C’est déjà le bordel dans ma tête en plus il fallait que t’en rajoute du poivre avec ta petite baffe, comme si j’ai sué sang et eau pour récolter une gifle en plein public. Une gifle, tu te rends compte que j’ai passé la nuit d’hier à courir à tes petits soins alors que tu écumais ta vie sur un goudron, ta tête prête à être écrasée par la première voiture ? Et puis pourquoi je m’acharne à t’expliquer alors que tu ne penses qu’avec ta came à la con !

Frustré, furieux d’en avoir trop dit, Aki le repoussa sans ménagements vers le mur et ne se soucia que peu du heurt de son corps squelettique aux briques givrés. Il se détourna en marmonnant dans sa barbe. Voila comment ce Junky le gratifiait pour tant de temps perdu à se coller à lui. Ça va lui apprendre à fantasmer sur la mauvaise personne.
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Shinya

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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeJeu 7 Avr - 1:47

Qu’était-ce ? Cette merde où il s’était embarqué ? Cette foutaise on s’est très bien foutu de sa gueule ? Cette mauvaise blague dont la durée a été dépassée depuis un bon bout de temps ? Shinya voulut bien faire l’étonné, bouger ses membre, ouvrir sa bouche en O d’ébahissement à l’égard de ses propres propos, porter une main à sa bouche comme s’il en avait trop dit, car c’était vrai. Qu’il avait trop dit. Il avait trop parlé et il le savait, il avait montré plus qu’il ne voulait à son vis-à-vis, plus qu’il ne pensait devoir lui montrer. Il avait perdu contrôle et il regrettait jusqu’à s’en mordre les doigts, il regrettait déjà avant de voir l’effet de sa réponse sur Aki, il regrettait sans incliner la tête ou baisser les yeux, il regrettait dans son antre d’enfant solitaire qui a fini en monstre après qu’il l’avait nourri pour tant d’années de haine et de désagréments refoulés, il regrettait surtout comment il avait faibli en donnant l’opportunité à ce monstre de se rebeller contre son maitre. Il regrettait de pas s’être mordu la langue jusqu’à ce qu’elle saigne pour quelle ne puisse jamais sortir de telles horreurs à des inconnus, pour quelle n’aie jamais plus encore l’idée de transmettre directement sa pensée, pour que son sang jaillisse et que son misérable prétendu sauveur puisse voir à quel point il avait tord de le ramasser cette nuit là.

Comment s’était-il transformé d’agressé en agresseur, d’importuné en importun et de bon en mauvais il n’en savait rien, ce qu’il savait bien maintenant est qu’il n’était plus le pauvre mais celui à qui on a forcé le pouvoir, car il n’en voulait pas, de ce règne qui ne lui a jamais appartenu, il n’en avait rien à foutre. La seule chose qu’il cherchait était de rejoindre son lit sans plus penser à cette scène où il était, à toute sa soirée d’ailleurs. Il voulu s’imaginer quelques instants que ce n’était pas vrai, qu’il ne faisait que rêver peut être, que son réveil alla sonner pour le rappeler à l’ordre, que le téléphone alla vibrer afin qu’il reçoive les adresses de ses clients pour la journée, il le désirait tellement fort qu’il en avait fermé les yeux en espérant qu’on les rouvrant il sera couché dans son lit les draps défaits et baignés de sueur à cause de son cauchemar. Mais non, rien n’avait changé quand il les avait ouvert, le seul détail qui marque Shinya fut que la lumière –déjà assez basse- avait peut être ternit un peu plus, mais il préférait tout renvoyer jusqu’aux impressions sans queue ni tête, et fautives d’ailleurs, qu’il avait de tout et de rien. Car si, il était toujours là, devant son appartement incapable de franchir son entrée, son sac en main et ses yeux fixés sur son interlocuteur qui ne semblait même pas s’apercevoir de son état d’horreur, peut être ne s’était il même pas rendu compte qu’il avait fermé et rouvert les yeux, peut être ne faisait il que calculer la profondeur de l’abysse où ces paroles irréfléchies l’avaient jetés, ne sachant pas que même leur émetteur s’étonnait encore plus de cette hardiesse qui lui a valu une pluie de remords.

Aki n’avait pas encore émit le traitre mot, ses yeux restaient toujours braqués sur Shinya comme s’il s’agissait d’un extra-terrestre, comme s’il venait de découvrir qu’il était vraiment capable d’articuler plus de quatre mots à la suite, comme s’il lui avait craché tout son énervement dans la gueule. Ce qui est arrivé, en effet. Shinya lui avait arraché ce trône duquel il s’amusait à l’abaisser pour cracher dessus et le lui rendre, mais ce à quoi il ne s’attendait pas est que son propriétaire n’en veuille plus, qu’il le lui jette en plein figure comme il faisait maintenant avec son regard ébahi et sa mine fatiguée de débattre.

Mais non, pas ce coup là, pitié, nom d’une pute, de la pute que je suis, nom de ma seringue défunte, ne me regarde pas de la sorte, ne me jette pas la balle, ne me rend pas le seul concerné, ne me pointe pas du doigt car on sait tous que c’est toi qui a commencé. Non mais arrête, ne feigne pas l’innocence, ne t’étonne pas, ne la ferme pas, ne fait pas la victime et ne me colle pas ton crime, ne me colle pas ta culpabilité car je ne la supporte pas, je n’en sais quoi faire et je suis incapable de vivre avec. Car si là maintenant je suis incapable de bouger les pieds et te laisser derrière tel le chiot que j’étais il y a à peine deux jours, je ne peux pas te cracher dessus encore plus et j’attends que tu le fasses à ma place, j’attends que tu fasses ton dérangé de merde pour que je puisse me libérer les pieds de ce cul-de-sac ou tu nous as fourré tout les deux, j’attends que tu me montres que tu n’es qu’un sale type et que j’avais raison de te mépriser.

Aki s’approchait de lui et Shinya ne savait s’il devait s’estimer verni ou malheureux, s’il ne devait pas finalement se tourner et courir jusqu’à son lit crasseux pour s’y fourrer et ne plus sortir la tête des draps, car c’est ce qu’il était lui, un lâche incapable de prendre la responsabilité de ses propres propos, craignant à tout instant d’avoir trop dit, d’avoir oppressé l’autre, d’avoir été injuste. Et c’était quoi justement cette merdre qui le poussait à se noyer dans les principes jusqu’au cou ? Qu’avait-il de moins pour ne pas être un junkie comme tout autre se foutant de qui meurt et qui vive ? Pourquoi ne pas se battre les couilles de cet importun qui l’a longtemps dérangé ? Il n’en savait rien non plus, car en réalité il ne savait rien de rien et n’avait jamais rien su. Rien d’autre que détester être confronté à la réalité, aux conséquences de ses actes, au résultat de son gâchis.

Mais non, il ne s’était pas approché de lui pour satisfaire ces demandes taciturnes que pourtant son esprit avait hurlé si fort, aussi fort qu’il croyait que sa tête alla en exploser, son autre récit n’était pas aussi audible à son interlocuteur que le premier. Ou peut être que si, que ses pensées avaient traversé sa tête pour arriver à celle de l’autre, que ses yeux l’avait trahis dans une supplique muette, qu’Aki avait pu entendre le vacarme dans son cerveau pour s’amuser à l’affliger encore plus, à le contrarier, à mieux lui montrer cette faute qu’il ne reconnaissait pas avoir commit, à s’assurer qu’il lui avait bien celé cette culpabilité qui n’était pas sienne. Pour qu’il les regrette, les trois plombs qu’il avait pété dans sa vie entière étaient mal tombés. Mais qui pourra avoir le cul plus bordé de nouilles que ça ?

Car ce qu’Aki était entrain de faire n’avait rien de différent à une torture, rien de plus douloureux ni moins intolérable qu’un supplice muet accompagné de cette peur de l’inconnu qui lui bouffait les entrailles telle une mitrailleuse perçant tout sur son chemin. Ce qu’Aki lui annonçait ne faisait qu’exacerber encore plus la force des remords qui lui pleuvait dessus. Et même dans tout ça, en regrettant comme jamais il ne l’avait fait, réduit en fourmis il pouvait toujours toucher ce qui le poussait à penser qu’on se moquait de lui, cette pointe d’ironie dans la voix de l’autre qui lui donnait l’ardente envie de lui faire tourner la tête d’une bonne gifle. L’autre qui est devenu soudainement innocent alors qu’à peine un quart d’heure auparavant il lui imprimait des griffes en plein visage.

Shinya se sentait déchiré en deux parties égales, l’une hurlant son horreur de ce qu’il venait de faire et l’autre s’acharnant à trouver encore quoi reprocher à son vis-à-vis. Il était incapable de bouger car il ne savait quoi faire, courir se cacher ou continuer à cracher ? Sa langue s’était incompréhensiblement nouée et sa gorge avait séché d’un seul coup, les mots l’avaient lâché.
Il aura pu rester une éternité là, à regarder Aki lui crier en plein gueule qu’il était là entrain de protester, de lui exprimer son désappointement, de martyriser cette partie de lui qui regrettait ce sa bouche avait fait volé. Il aura pu rester pour encore des heures à le voir lui prendre la main, lui tirer le bras et même agiter les siens devant lui s’il l’avait fait, des lustres auraient pu s’écouler sans qu’il ne bouge le petit doigt, le petit orteil coincé dans ses putains de chaussures dont il ne ressentait même plus la douleur qu’ils lui provoquait d’habitude à cause de trop rester debout.

La mer aura pu déborder derrière lui, la terre aura pu s’ouvrir sous ses pieds, le ciel aura pu se casser sur tête et même les murs auraient pu tomber devant lui, il n’aura pu faire plus que ce qu’il était entrain de faire en ce moment. Rien. Et le pire est qu’il le savait, Shinya savait que même si le monde fût écroulé autour d’eux il n’aura pu faire quoi que ce soir, car il ne le pouvait pas, car c’était en dehors de ses capacités, supérieur à ses forces -qui étaient déjà assez timides à en parler. Et peut être si Aki n’en avait eu marre il n’aura jamais bougé de là lui, pas d’un pouce, s’il n’avait pas senti l’heurt de son dos contre le mur, le claquement de ses os contre les briques froides, il n’aurait rien fait. Si cette douleur dans les muscles ne l’avait pas parvenue il aura pu s’éterniser à sa place sans songer la fraction d’une seconde à ce qui l’entourait. Mais ce qui était fait est fait et seule la vision du brun s’éloignant de lui fut capable de l’arracher à sa torpeur, faisant actionner ses membres d’un mécanisme, jusqu’à maintenant inconnu pour lui surtout à cause de sa vitesse, afin d’arrêter le fugitif.

D’ailleurs, ce n’était pas lui qui avait agi, c’était l’instinct qui avait reprit ses droits et qui avait ordonné à ses deux parties de merde de s’écarter pour lui faire place, pour accueillir le grand maitre, l’origine de la nature humaine, celui qui avait causé sa chute aux enfers. C’était cette chose même qui avait prit l’initiative, qui a su surplomber son corps après un long sommeil comme celui de La belle au bois dormant. C’était cette pulsion qui s’est accroché au poignet d’Aki pour le tirer vers lui, pour lui stopper cette marche qui le laissait coupable et victime au même temps. C’était elle aussi qui avait prit la parole et toute la suite des actions qu’il effectua, car elle avait tout simplement prit possession de son corps et de sa tête, elle avait prit possession de lui et il ne pouvait plus revenir dans ce gouffre de châtiments qu’était penser.

-Att… Attend…

Il l’avait lâché, un seul mot au bout de souffle comme s’il avait passé des heures à courir, sa main tenant fermement le poignet d’Aki comme pour l’empêcher à échapper de son emprise.

-Je… tu…

Et même son instinct, sa pulsion était incapable de formuler une phrase raisonnable loin de bredouillements incompréhensibles, c’est là que Shinya reconnu qu’il l’avait laissé tomber, son grand maitre. Et il était seul maintenant, avec sa pensée et son cerveau surchauffé. Cependant en voyant Aki reprendre son chemin en se dégageant de sa main un nerf dans sa tête fut touché, comme un signal d’alarme qui le prévint qu’on lui avait passait dessus, qu’il venait de faire une banalité, qu’il avait plongé dans une mer de banalités. Et ce fut plus par colère que par raison qu’il reprit avec force cette main qui avait juste repoussé la sienne pour obliger l’homme à se tourner entièrement vers lui.

-Arrête.

Sa voix fut plus ferme qu’il l’aura voulu, mais tant pis se répéta-il. Qu’on en finisse avec toute cette histoire une bonne fois pour toutes, une énième fois pour toutes. Maintenant qu’il avait reprit le contrôle, Shinya s’assura comme pour se convaincre lui-même qu’il pouvait agir plus calmement, sans fautes ni conneries, sans gestes instinctifs et sans paroles spontanées.

-Tu veux quoi au juste ? Que je sois reconnaissant ou que je m’excuse ?

Un silence de plomb s’installa et Shinya reprit quand il s’assura que rien d’autre que le souffle du vent ne viendra comme réponse à sa question.

-Eh bien, je suis désolé de te décevoir mais je ne m’excuserai pas pour ce que je n’ai pas fait, tu l’as cherché et tu l’as eu. D’ailleurs qui a dit que je suis désolé ? Que suis-je entrain de foutre ? Non, je ne suis pas désolé, je suis ravi, ravi pour que tu puisses enfin voir ce que je suis, un ingrat te diras-tu qui ne sais rien faire. Et t’as tord, malgré la merde que je te lance et que je me lance à moi-même, je te suis reconnaissant pour ce que t’as fait, même si je n’arrive pas à me convaincre moi-même de ça, je te suis reconnaissant pour m’avoir ramassé de là bas où je trainais comme un rat d’égouts. Content ? C’est ça ce que tu veux ? Que je te remercie en me rabaissant pour te satisfaire ?

Shinya eut une pause, comme pour s’assurer qu’il voulait que tout cela finisse là maintenant, sans plus penser aux conséquences qui allaient suivre alors qu’il se disait le contraire il y a même pas dix minutes.

-Ben le voilà, ton mea culpa ou ton remerciement ou n’importe ce que c’est, je m’en fiche royalement comme de ce trou de cul où nous vivons tous assemblés. Je te souhaite une bonne nuit.

Et surtout à moi.

Shinya venait de baisser les bras et il refusait absolument de penser la fraction d’une seconde de plus à son acte, la fatigue ayant revenu d’un seul coup, son mal au dos à cause de son choc contre le mur commençait à se réclamer et ses jambes ne lui tenaient le corps debout qu’avec une énorme peine. Sans un autre regard, il se détourna et partit dans la direction de son immeuble se soulageant de pouvoir enfin rejoindre son lit.


Dernière édition par Shinya le Sam 9 Avr - 13:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeJeu 7 Avr - 21:58

- Oui, j’aurais voulu que tu te rabaisses. J’avoue. Cela ne me sera pas satisfaisant, mais excitant.

Toute cette ribambelle de rebuffades, parce qu’il savait que tout est faux, bégayés avec une mauvaise foi et une mal assurance outrageants, toute cette pagaille d’accusations mélo dramatiques mêlés à des excuses mal articulées brûlait tout sur son chemin : oreilles, nerfs, mécanique du cœur. L’odeur de la chair carbonisée l’étouffait autant que ferait une main serrant son cou. Aussi essayait-il de reporter son attention à la caresse, ou plutôt aux vestiges que laissa la pression des longs doigts fins autour de son poignet, la brûlure que provoqua le contact de sa paume froide quand elle frotta sa peau en saisissant sa main avec une brusquerie et une assurance qu’il ne connaissait à cette frêle créature.

Shinya avait, en l’espace de quelque secondes, démontré l’effet qu’il faisait sur la pauvre personne que devenait Aki devant sa présence : Son cœur avait été emprisonné, son âme claustrée dans le trou noir de cette attirance mêlant la fétidité malsaine et la magie de l’amour pur et dur. Trou qui ressemblait plutôt à un purgatoire ou il se repentait ses péchés et ou il subissait ses vices.

Son air contrit ne fut dévoilé au grand jour, parce qu’il ne faisait pas jour, et que le soleil ne s’empressait pas de percer l’horizon et d’éclairer un monde dissolu. L’exécution de son cœur allait avoir lieu, le projet de la dissension de ce muscle verrait le jour cette nuit, devant son tortionnaire, le responsable de son tourment. N’avait-il pas honte de rejeter cette demande taciturne, comme ça, comme on jetterait un os pour éloigner un chien ? Aussi agaçant et insensible soit-il, il lui avait tourné le dos et avait fermé à verrous la porte de son cœur, le laissant tel un torchon sale faire le paillasson au seuil de sa porte. Pouah. C’était le comble du pathétisme puant la tragédie grecque. C’était un remake faux et mal joué de Roméo et Juliette. Une sonate mal récréée. C’était pire que l’amour dramatique, que l’amour perdu ou l’amour interdit. C’était un amour raté.

La niaiserie de ses pensées lui faisait honte. Pire, ils lui faisaient défaut. Au fur et à mesure que cette histoire avançait, vers un fond obscur et illogique, son imagination se nourrissait d’une floraison d’idées aussi candides que stupides, il ne manquait plus qu’un plongeon dans un songe éveillé où il se prendrait pour un prince charmant en quête de sa petite fleure qu’il cueillerait aux champs. Quelle grossièreté, quel prosaïsme pour un type comme lui. Mais d’où avait-il nourri une telle pulsion pour l’amour ? D’où tenait-il cet manie de s’enticher si profondément et si passionnément d’une histoire qui n’a même pas commencé ? Merde à la fin ! Ou est le comique dans tout ça ? Ne cherche pas trop, Aki, c’est toi ta propre blague. Maintenant mis au courant, que te reste-il à faire ? Te creuser un trou six pieds sous terre ? Niaiseries. Foutaises. Il devait arracher cette mauvaise toile que cet élan de passion avait tissée comme une sale araignée, il devait l’aplatir. Il devait changer complètement le courant de ses pensées, à commencer par oublier la perspective d’arrêter sa muse et de renouer le lien qui venait de se faire briser, d’éviter de penser à ramper à ses pieds devant une kyrielle de refus obstinés. De rebrousser chemin et oublier cette sale histoire. De se blottir dans ses draps. Ses bras.

Ses draps. Et dormir. Sans rêver de son visage chérubin, sans retracer les courbes de son corps aux proportions parfaites en l’imaginant tout près de lui, soumis et docile. Sans laisser libre cours à ses pulsions masculines et son corps en manque de s’imaginer l’inimaginable, et sans conceptions, sans arrière-pensées, sauvagement se masturber, comme un homme des bois, perspective primitive, péché originel.

Ne surtout pas s’abandonner à cette fraude, maintenant dévoilée. S’il avait reçu la moindre approbation à ses tentatives, il se serait jeté dans la gueule du loup sans raisonner une seule seconde, l’intuition l’emportait. Mais maintenant arrêté en plein élan, il pouvait sauver la face et éviter un plongeon dans la mer noire du vice et des discordances. Il ne devait pas oublier que l’être qui se tortillait devant lui et qui s’amusait à lui répéter ses impulsions suicidaires était un inférieur, un junkie, une rose fanée, un jour oublié. Il ne devait pas se laisser berner par les apparences ni se laisser emporter par une fougue fugace et temporaire qui une fois partie le laissera face à la situation fâcheuse de trouver l’air qu’il respirait souillé par ce que laissait sortir la machine sale qui servait de poumon à ce Junkie.

Shinya, que la répartie avait sans doute sidéré, ne bougeait plus, son corps était suspendu dans l’espace, paralysé par une réplique. Si une phrase l’avait rendue impotent, qu’est ce que son corps était capable de faire devant un acte physique ? Se laisserait-il aller ? Ne brayait-il pas sur tous les toits qu’il voulait mourir, ou qu’il méritait la mort ? A un être tel que lui, bonjour subjectivité et sentimentalité, une mort digne devait être accordé. T’en chargeras-tu ?

Il pouvait le faire, au nom de son pseudo amour, il pouvait le sacrifier pour son salut, l’exporter vers l’immortalité où son âme, délivrée d’un corps dépendant et souillé de tous les vices, profitera d’une liberté inconditionnelle, et il l’en remerciera. Mais lui, dans tout ça, vivra-il l’éternel supplice d’avoir sacrifié un potentiel bonheur qu’il n’a même pas gouté, et qu’il s’entichait à imaginer, de plus en plus impatient d’y plonger, pourra-il détruire avec ses mains son rêve et réduire cette perspective à la fois alléchante que repoussante, celle de se laisser emporter par la vague de la passion, en cendres. N’avait-il pas le droit de déraper un peu de la ligne droite et intransigeante de la bienséance ? Que le monde aille se faire voir.

Ce n’était pas cette nuit qu’il allait prendre cette gorge blanche comme les plumes d’un cygne entre ses mains et la serrer jusqu’à ce que les veines violacées en ressurgissent, ce n’est pas cette nuit qu’il allait commettre un acte de bravoure, car il n’était pas le héros de son temps, il préférerait vivre avec les débris que d’immoler son songe muet.

Une autre perspective aurait été plus aguichante : celle de voler, comme on volerait un bonbon, ce corps exquis et l’emporter là ou les limites sont bannies, là ou les barrières n’existent pas, là ou la flamme ne brûle pas.

Il se trouvait devant un cul-de-sac. Il n’avait plus trop le choix entre ses mains, la balle était dans le camp adverse, son bourreau avait choisi de l’ignorer. La bataille était finie.
Il n’avait plus le choix.

Fermant les yeux, il se fit la violence d’endurer ses instants décisifs sans perdre la face, sans flancher, sans commettre de meurtre. Il aurait espéré un empêchement, un divertissement, qu’une pluie de poissons leur tombe dessus. Pourvu qu’il ne lui ferma pas la porte au nez.

Sauf que si, le destin l’avait choisi comme bouc émissaire, le sort s’amusait à lui concocter les plus malsains des surprises – la dernière fut cet engouement morbide pour ce Junkie qui le méprisait. A quoi servirait-il de lever les yeux au ciel et d’implorer qu’on garnit d’une sympathie loufoque son cœur insensible ? Aki n’avait plus d’espoir.

Parce qu’il était brisé, comme un roc qu’on avait assailli de coup de marteau. Ses os lui faisaient atrocement mal et sa peau le brûlait. Il rêvait d’un sceau de glace ou il mourrait en paix, givré et paralysé. Toutes ses émotions le rendaient inconnu à lui-même, il pouvait se voir aux fonds des prunelles de son interlocuteur et y discerner une autre personne. L’interpeller et lui dire : toi, tu es l’imposteur. Il ne se reconnaissait plus. D’ailleurs s’était-il jamais connu ? Sa vraie personne serait-elle celle ci ou l’autre, cet enfant renfermé et enfermé ? Cette boule de rancune qui avait attendu quinze années pour exploser ?

Pourtant, Shinya lui avait répété sans cesse et depuis le début qu’il se foutait ouvertement de lui, quoiqu’il puisse faire, rien ne changera son avis, comme rien n’a changé les sentiments qu’éprouvait secrètement Aki pour lui. Deux entêtés s’amusant chacun à désespérer l’autre, ne remarquant plus qu’ils touchaient tous deux le fond de la démoralisation.

Alors qu’il voulait l’implorer de rester, de l’écouter, alors que son cœur lui hurlait de se confesser, d’étaler tout ce qu’il trainait de sentiments et d’absence de sentiments et qu’advienne que pourra, le seul son qui sorti de sa bouche fut un soupir lent et long, un soupir d’une âme rendue, d’un cœur perdu, d’un prisonnier que la sanction d’encastrement à vie venait de s’abattre sur lui comme un coup de massue et l’assommer.

L’assommer. Assommer.

Tout ce qui s’enchaîna suite à un élan de désespoir qui affola les derniers boulons raisonnables d’Aki se déroula dans la confusion la plus totale. Entre le moment ou Shinya s’apprêtait à refermer la porte et celui ou il se retrouva sauvagement propulsé vers l’arrière et accueilli dans les bras froids et durs du carrelage de sa demeure le temps n’avait osé faire bouger sa frêle pendule, les aiguilles ayant à peine frissonné. La vision troublée par un découragement emporté, l’esprit nageant dans une sphère corrosive, son visage n’était plus celui qui se reflétait au fonds des prunelles maintenant angoissées de Shinya. Car maintenant, il se reconnaissait, il s’était retrouvé et une certaine sérénité renforçait son action d’une assurance et d’une présence d’esprit inquiétants. Fini le trouble, fini les remords. Fini le lèche-cul.

Car y avait-il meilleure arme que la force ? Existait-il meilleur remède contre l’entêtement enfantin et puéril qu’une bonne correction ? Montrer qui mène le jeu était une chose facile, car avec la force Aki se dupait plus qu’il ne dupait quiconque. Il savait qu’il avait perdu les pédales, au fond de lui le désespoir était imprimé en lettres rouge sur son cœur ensanglanté, ravagé, meurtri. Le désespoir faisait fuir la raison, il avait suffit d’un geste pour qu’il craqua.

L’entrée se trouvait très mal éclairé par la lune, Shinya qui nageait dans l’incompréhension avait oublié de se remettre sur ses deux pieds, Aki le surplombait, dressé comme une hache à la porte, empêchant la grosse moitié de la lumière d’entrée. De là, personne ne pouvait discerner son visage, figure sur laquelle le désespoir en personne avait peint une mimique entre l’horreur et la folie, ses cheveux blonds dressés en l’air et ses bras d’où sortait des muscles gonflés frémissaient d’une nouvelle adrénaline qui menaçait de le mener à sa perte.

Et c’est ainsi, la bouche entrouverte, l’esprit désorienté, la main brusque, il se jeta sur son bourreau en réclamant sa liberté.

Car comme le dit-on toujours, on ne naît pas roi, on le devient.

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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeSam 9 Avr - 14:02

‘Cela ne me sera pas satisfaisant, mais excitant.’

Shinya s’arrêta net à l’entente de la réplique, ses jambes se figèrent à leur place refusant d’esquisser un traitre pas en avant, ses bras se suspendirent dans le vide et les paupières bien ouvertes ses yeux s’immobilisèrent à regarder quelque chose qu’il ne saisissait plus car justement c’était le néant qui l’avait entouré, comme si la terre venait de fendre sous ses pieds, d’un seul coup, il avait perdu l’équilibre, tombé, en bas, où on l’avait accueilli d’un flot de baffes. Bienvenu à toi, énième misérable.

Et lui qui osait regretter, qui s’est placé en position de bourreau de sa propre volonté alors qu’il était le condamné à mort, lui qui s’est fait croire qu’il s’était abandonné à la suavité du délit, l’exquisité du vice. Lui pauvre piteux, il se faisait autant pitié que son vis-à-vis la lui faisait, il se sentait tellement banal comme quelqu’un qui vient d’émerger de l’eau pour découvrir qu’elle avait refroidi, comme quelqu’un qui vient de se réveiller pour constater qu’on l’avait abandonné. Comme quelqu’un qui vient de réaliser qu’on l’avait dupé. Qu’il était dupe. Mais tant mieux s’efforça-t-il à penser, tant mieux c’était ce qu’il voulait dès le début, car c’était lui qui l’a imploré silencieusement de continuer à se comporter comme un salaud. Il préférait la situation comme ça, en étant la victime, le pauvre, le con, du moins de cette façon il n’avait plus de culpabilité à faire face, il n’avait plus de remords simplement parce qu’il savait qu’Aki ne valait pas la peine, parce qu’il savait qu’Aki était aussi immonde qu’il s’est imaginé, qu’il s’est imposé à croire. Parce qu’il savait que dans sa position de lâche, il valait mieux être offensé et mépriser en silence que d’être méprisé en silence et d’offenser les autres. Parce que maintenant Aki venait de mériter tout son mépris, tout ce qu’il hésitait à lui offrir depuis leur première rencontre venait de se présenter devant lui tel la reine Elisabeth devant l’Angleterre. Shinya était pitoyablement soulagé car éventuellement il n’avait pas fait mauvais choix en dédaignant son dit sauveur.

Et puis quoi après ? Devait-il revenir pour lui donner droit à une autre gifle ? Pour lui cracher dessus une nouvelle fois ? Pour s’assurer qu’il lui avait démontré comme sa présence l’insupportait ? Car c’était vrai d’ailleurs, cette présence derrière lui et qui lui a collé pour toute la soirée l’insupportait incroyablement, lui procurant un mélange de peur et de colère qu’il ne se connaissait pas en temps normal, lui faisant perdre contrôle de lui-même, lui contraignant de ressentir ce dédain envers un autre qu’il ne connaissait que pour quelques heures. Shinya voulut bouger, lui crier haut et fort ses quartes vérités, son horreur de ce qu’il lui faisait subir, son dégoût de ce qu’il l’avait poussé à faire et à dire. Cependant, rien de cela ne se produisit, Shinya resta inerte dans sa place, à réfléchir à ce qu’il pourra faire, comment pourra-t-il échapper, comment arrêter de penser à tout cela, peut-être comment disparaitre.

Il avait l’impression d’être tombé dans le panneau, qu’il s’était prit les pieds au piège bien dressé d’Aki et il se détestait pour cela, il se détestait et détestait Aki pour cette capacité qu’il avait de jouer de ses nerfs, de l’enrager ou de le culpabiliser à son aise, il détestait le fait qu’il n’était plus un grand bloc de glace mais plusieurs petits glaçons entrain de fondre, ici maintenant, sur terre, comme si une le soleil s’était un peu plus rapproché de la terre pour qu’il puisse s’énerver, s’arrêter à un ou deux mots prononcés avec arrogance, s’immobiliser le corps à cause d’un triple idiot qui ne valait même pas la peine qu’il se retourne. Et lui, pauvre con, il avait déploré ses propos, rien que deux trois phrases sorties d’affilés dans un instant de rage, il les avait regretté et avait perdu l’équilibre, le contrôle de son corps, la raison même.

Mais qu’arrivait-il par le bon dieu, comment est-ce que ses quelques méninges sont tombés en panne à cause d’une dispute anodine, comment s’est il retrouvé pire qu’une jeune fille dans sa préadolescence ? Lui qui avait longtemps tenu les traitements de ses clients, le rabais des uns, l’arrogance des autres, lui qui ne s’était jamais plaint de l’abjection de leurs récits, de leurs conneries qu’ils lançaient à tout va. Il était maintenant incapable de se débrouiller face au crétin qui faisait tout pour éclater sa petite cervelle de ses idioties, de ses paroles hautaines et débiles, de son arrogance plus banale que lui-même. Mais quelle horreur. Shinya en avait même honte, de rester coincé sans raison à contempler sa déchéance dans les vices d’un autre, à voir que sa géhenne était le paradis d’un déséquilibré. A dieu ne plaise.

Voilà, il n’avait plus rien à faire dehors à cette heure, il était fatigué, énervé et fiable, ses pensées n’étaient plus vraiment ce qu’il aura pu qualifier de cohérentes, il pouvait dire n’importe quoi et aller n’importe où, sa conscience faiblissait de plus en plus et une envie âpre de fumer s’emparait de lui. Reconnaissant une énième et dernière fois qu’il n’avait plus rien à foutre, ses pieds se mirent en marche de nouveau et il hâta le pas chez lui, ne plus pouvant attendre de se retrouver claustré dans son lit sous ses draps, la seule vision de son lit le poussant à avancer dans des tentatives d’oublier ce qui venait d’arriver, en vain. Maintenant branle toi de mon ombre rabaissé petit con, car je ne suis plus là moi. Enfin arrivé chez lui, il fit entrer avec une certaine difficulté la clé, qu’il avait mit du temps à trouver, dans la serrure et ouvrit finalement cette porte satanée avec dans sa tête une image du contenu de son appartement résumé dans un lit et un paquet de clopes.

Shinya eut un long soupir fatigué mais empreint de bien-être, comme pour signifier qu’il s’était finalement délivré de toute connerie, juste avant de se trouver l’instant d’après, alors qu’il s’apprêtait à fermer la porte, le dos violemment prostré contre le carrelage à regarder les mains d’Aki lui tenant les épaules de part et d’autre, comme s’il voulait l’immobiliser pour ne pas bouger d’un pouce, chose qu’il ne comptait pas faire de toute façon. Il émit un gémissement plaintif à peine audible pour ensuite exprimer la seule pensée qui a pu lui traverser l’esprit sur le champ.

- Espèce de brute, mais calme-toi un peu ! Tu comptes me casser le dos avant l’aube ou quoi ?

La bouche de Shinya ne pu s’empêcher de s’ouvrir grand en réalisant ce qui venait d’arriver. Il resta immobile, les yeux figés sur un point imaginaire ne pouvant plus aligner le fil de ses pensées, le dos toujours bien calé au mur et l’esprit surplombé d’incompréhension, il ne prit même pas la peine de chercher les yeux d’Aki les devinant déjà animés par la folie.

C’était alors cela ? Mais c’était quoi déjà ? Cela quoi ? Que voulait-il de lui ? Pourquoi le tenait-il le dos au mur à l’entrée de son appartement à LUI ? Qu’était-il entrain de faire en fin de compte ? A présent, Aki l’avait lâché reculant de quelques mètres et Shinya n’avait toujours pas envie de le regarder, remonter ses yeux pour rencontrer ceux détraqués d’Aki, il n’avait pas à le voir pour le deviner, il en était même déjà sur. Il y avait précisément deux probabilités : la première était qu’Aki ne s’était encore remit et qu’il cherchait à le battre pour se refroidir les nerfs, peut être le butter même qui sait, et la deuxième était qu’il était là pour le violer et que c’était justement la raison pour laquelle il lui avait tourné autour toute la soirée.

Shinya avait toujours préféré s’attendre au pire, chose qu’il faisait à présent, le corps toujours projeté au mur. Sa crinière rousse lui chatouillait le cou et en étant pas d’humeur il voulu bien prendre un ciseau et l’assassiner pour de bon. Mais tu perds les pédales ma parole. Il attendait que son agresseur parle, fasse quelque chose, qu’il commence sa tâche, mais rien, il restait à sa place et Shinya ne pouvait juger s’il le regardait à lui ou bien à autre chose, l’obscurité choyant tout l’appartement, les seules lueurs ayant réussies à se faufiler étaient imprimées par terre.

Il avait envie de pleurer, de se blottir dans son lit sous ses draps et pleurer tout les larmes de son corps, sans raison. Parce qu’il fallait que ça arrive de temps en temps, peut être même par fatigue, par désespoir, par colère ou par haine envers lui-même et envers cette brute. Il voulut courir et ne s’arrêter qu’après être arrivé, comme si là bas personne ne pourra l’atteindre, comme si en se glissant sous les couvertures il alla pénétrer au pays des merveilles ou plus jamais on ne le retrouvera, comme s’il pourra arrêter de penser une fois arrivé à sa destination.

Toutefois, il fallait savoir non seulement avouer sa réalité mais encore faut l’assumer, l’admettre et accepter de vivre avec, tout ce que Shinya n’a jamais su faire, ce qu’il n’a jamais pu faire. Lui, qui a passé sa vie entière de trou en trou à se cacher la tête de toute vérité telle une autruche ne savant quoi faire de son trop long cou. Et là il voyait ce qui alla arriver, il le prédisait car c’était prévisible, il comprit qu’il lui fallait se préparer à une bonne partie de jambes en l’air. Alors plus par lassitude que par autre chose il se laissa glisser contre le mur en prenant soin de relâcher ses épaules tendues, puis en émettant un soupir à fendre le cœur, annonça sans ménagement ce qui trônait dans sa tête.

-Quoi maintenant ? Que feras-tu ? Me violer ? Alors, c’est ça ce que tu cherchais ? T’auras du me le dire dès début de la soirée, on en aurait déjà fini au temps qu’il est.

Shinya se sentait incroyablement petit, petit telle une fourmi qu’on pouvait marcher dessus sans voir, petit comme une miette, petit comme un microbe et il voulu en pleurer. Ses mains se glissèrent mollement dans sa veste pour sortir ses cigarettes et en allumer une qu’il fuma tranquillement en renversant la tête en arrière pour mieux s’enivrer de cette satisfaction du manque de nicotine qu’il avait. Puis sans raison, comme ça, venu de l’inconnu, il eut un rire sarcastique et tellement aigre qu’il ne reconnu pas sa propre voix, sa gorge se noua dans une douleur sans pareil et ses yeux firent violence pour ne pas éclater, la fatigue qui lui rongeait les membres était beaucoup plus qu’une raison pour qu’il se laisse tomber là maintenant. Cependant il préféra de ravaler ses sanglots en espérant que l’aboutissement de cette histoire ne tarde pas trop, que ce soit dans son lit ou même par terre, il avait juste envie de dormir et n’ouvrir les yeux qu’après qu’on ait inventé des voitures volantes ou que la vie sur mars devienne réalité.

-Je suis désolé de te décevoir, et c’est vrai cette fois, je te l’assure. Je suis désolé de ne pas être la petite pucelle à qui tu volera cette première fois, désolé de ne pas être à l’hauteur de tes espérances. Je suis désolé mais je m’en fou royalement de ce que tu va foutre maintenant car ce n’est pas à marie vierge que t’as affaire mais bel et bien à une pute. Et ça m’est égal. Je te le dis tout court, va te faire foutre et surtout, arrête d’être aussi violent car tu me fais mal mais je te préviens que ça ne durera pas l’éternité.

Il y eut un long silence imposé par divinité se répéta-il, par divinité. Il n’eut même pas l’envie de continuer son discours, même pas le courage, même pas les mots car il n’avait plus rien à dire et ce silence lui agressait les oreilles, il lui résultait des maux de tête et lui tapait sur les nerfs. Décidé à en finir au plus vite, Shinya éteignit sa clope par terre comme s’il ne s’agissait plus de son propre appartement et s’adressa à Aki sans savoir quoi lui dire, car s’il n’avait rien à foutre ici il pouvait bien se barrer rapidement.

-Quoi ? Je t’offre une bière en attendant ? Un verre de thé peut-être?
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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeLun 11 Avr - 0:27

Il serrait tellement fort les fins épaules de Shinya que ses doigts en tremblaient. Il ne pouvait plus dompter sa folie, une étrange lueur qui germait en lui lui avait procuré cette poussée d’adrénaline et sa frustration intense fit le reste. Son corps parcouru de spasmes avait senti la proximité de celui qui le faisait bander. Ni une ni deux il avança brutalement dans un bond brusque, comme saisi d’un haut-le-corps, sa tête failli cogner celle de son captif. La seconde suivante il se trouve, encore haletant, à l’autre bout du couloir, comme aspiré par la force du raisonnement dans un dernier élan de lucidité. Il se raccrocha piteusement au mur, doublement, triplement frustré de n’y être pas allé jusqu’au bout.

Il avait failli le faire. Putain de conscience. Il avait failli. Toucher se peau avec ses lèvres, humer son odeur ou se mélangeaient transpiration et eau de Cologne, puis fermer les yeux…
Merde. Ça bougeait, en lui. Quelque chose se mouvait, gonflait, gonflait, sa respiration s’accélérait encore, ses yeux errant dans le vide d’un instant de folie refusaient de redescendre sur terre et mesurer les conséquences de son acte. Pourquoi n’était il pas allé jusqu’au bout ? Parce que. Nom d’un chien, à quoi t’attends-tu ? Une invitation ?

Il fallait voir les choses en face. Chose qu’Aki refusait obstinément. Il désirait une chose qui ne lui était pas accordée. Il bramait le diable. Il se laissait emporter. Il se comportait n’importe comment, mais jamais sainement. Il avait failli lui avouer son engouement, maintenant, le nœud s’était resserré quand il a laissé son autre coté s’emparer des choses. C’était d’une complication.

Aki passa une main tremblante sur sa bouche pâteuse. Son regard écarquillé se dirigea vers l’agressé qui, pour changer, ne faisait rien. Le vide, le trou béant qui constituait non seulement la personnalité de son vis-à-vis mais le nombril autour duquel tournait sa vie ne l’avait jamais aussi énervé que maintenant. Si un objet dur était à sa portée, là, maintenant, il l’aurait assommé avec. Son impassibilité lui était une raillerie qui le piquait, l’écorchait, le lésait au fur et à mesure qu’il se frottait à lui. Il regretta de ne pas y être allé jusqu’au bout. Mais c’était trop tard à présent, car on ne baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Son élan machiavélique avait refroidi, laissant une marque vive comme celle du fer rouge sur son cœur qui refusait de s’apaiser. Un état de trouble l’enveloppait et il avait l’impression que ses jambes ne le portaient plus, d’ailleurs était-il debout ou par terre, il ne put le distinguer. Toute son attention était portée sur la réaction, ou plutôt la non-réaction de sa victime.
Contrecoup qui le sidéra.

Car, dans toutes les perspectives, dans tous les cas qu’il s’était imaginé, s’il avait imaginé une réaction, celle si était pour lui le comble de la provocation. A la fois souhaité et méprisé, une incitation, une bravade qui lui ouvrait la porte d’un paradis artificiel.
Se prosterner. Se soumettre. Accepter son sort avec cette aisance d’esprit et ce flegme, y être habitué. Et surtout, le mêler à la foule.



Aki se tourna, face contre le mur, agrippant de ses mains son crane qui cuisait. Son regard troublé errait nerveusement de gauche à droite, puis de droite à gauche, il poussait des gémissements, haletait comme un chien, se courbait puis se redressait, ouvrait grand sa bouche mais se ravisait de crier. Au bord de la folie, ou de l’asphyxie, ne tolérant plus la situation, ne pouvant répondre à l’invitation de cette proie facile, il dansait comme un indien autour d’un gros point d’interrogation. A l’aide, voulait-il crier, du fond de l’océan ou il se noyait, coulait puis se relevait pour prendre une bouffée d’air sale, répugnant. A l’aide, mais qui le pêchera-t-il ? On se retournait pour voir qui miaulait comme un chaton perdu dans les ténèbres, on se rendait compte que le chaton était froissé, qu’il avait le poil hérissé et qu’il n’inspirait que répulsion, ils s’en raillaient et continuaient leur chemins, insouciants, impitoyables. Des humains sanguinaires. Il avait l’impression que des fourmis pullulaient dans sa tête, le faisant plonger dans un enchevêtrement confusément noire. Cela fourmillait, bougeait, bourdonnait, des vermines parasitaires qui lui sortaient de ses narines dilatées, jaillissaient dans un flot de marrée noire et fouettaient e carrelage, le mur, sa peau en l’égratignant, en y griffant mille hachures lucifériennes.

- Tais-toi !
Son cœur se tordait comme un muscle crampé, chaque parole froidement récitée par Shinya lui faisait l’effet d’une main brusque essorant son cœur, l’aplatissant comme une mouche au fond de sa cage thoracique. Violer. Pute. Violer une pute. Voila ce qu’il voulait lui faire rentrer dans le crane, voila ce qu’il avait essayé de faire, dans un laps temporel ou un désespoir fou l’avait submergé. Il avait voulu prendre par la force une pute à qui il aurait suffit un mot pour lui faire écarter les jambes. Quelle dérision, vous ne trouvez pas, monsieur le sort ? Et puis je vous emmerde, monsieur Aki, c’est vous la coqueluche, la risée de sa race.

Shniya, paresseusement avachi au sol, attendait sa délivrance, l’air de rien, clope à la main, sa vie se résumait à un seul mot : pute, à vous d’imaginer le reste. Car il n’était pas l’infiltré épris d’un Junky, il n’était pas fou, il n’avait pas un sac de secrets qu’il trainait derrière lui. Il optait toujours pour éclaircir sa vie, pour faciliter les choses. Il avait clairement exprimé son point de vue alors qu’Aki se morfondait toujours dans son coin, mâchant ses mots, se tarant, noyé dans la confusion de ses émotions, enterré sous une mine de plomb. Aki le renfermé et Shinya la pantin de service. Pourquoi ce mot sonnait-il faux ? Pourquoi refusait-il d’admettre ce qu’il venait de lui révéler ? Pourquoi une crise de nerfs sur son passe temps ? Pourquoi ne pouvait-il pas se l’imaginer comme tel ? Parce qu’il avait trop surestimé. Trop. Il l’avait mis au pinacle de sa vie et se prosternait devant lui tel un Dieu. Il était Junky après tout, et blablabla. Cette nomination commune était un leitmotiv, un mot par ci, un phrase par là et en revenait au même point : sa nature. Un junky, dire que ce mot là lui ouvrait l’horizon de la débauche, un code d’accès au vice, une pancarte accrochée à la porte de sa vie, un alias de son nom. Shinya le Junky signifie Shinya la pute, Shinya la loque, le moins que rien, ça expliquait tout. Ça lui permettait de lui cracher dessus, de le frapper, de le traquer, de le baiser sans le payer. Parce qu’il était Junky. Et que tout était permis. Liberté d’expression sexuelle : je te veux, point.

Il avait consenti à son appel muet. Sans violence, s’il vous plaît.

Il avait prédit son désir lubrique, il avait perçu dans son geste un acte charnel, dans son entêtement à l’aborder une envie concupiscente. Il veut du sexe, s’était-il dit, donnons-lui ce plaisir. La putasserie est le plus vieux métier du monde. Ou est le mal à vouloir venir en aide à ceux qui veulent se soulager ? Il est là le mal, personne ne le voit mais il est là, caché dans cet accord tacite entre la terre et le ciel à abriter le vice au creux de leur bras et bercer l’humanité qui se déshumanise.
- TAIS-TOI !

Parce qu’il ne savait pas ce qu’il disait. Il n’était pas conscient, non. Aki préférait croire à une folle litanie, à un mensonge, à une ivresse, à un manque. Sa volonté se dissimulait derrière sa non-volonté. Parce qu’avant toute chose, il ne voulait pas ça. Il refusait de réduire leur histoire au donnant-donnant. Je te donne mon corps tu me donnes la paix. Je te soulage de ton envie tu me soulages de ta présence, marché conclus ? NON. Marché non conclus, coupez, arrêtez, rembobinez, effacez le passage précédent, effacez tout, qu’on recommence avec un autre départ, dans un autre lieu, dans une autre ère, au Jardin d’Eden, qu’on soit nus de toute fraude, de tout mensonge, de tout secret.
Mais Shinya n’était pas du même avis, lui préférait ce système là, le système du vil, du marché obscur. Il ne lui laissa pas le loisir d’imaginer une autre forme à leur rencontre, car il ne savait pas l’importante forme qu’elle prenait dans l’esprit d’Aki. Il ne savait rien, le pauvre, il ne discernait que le caractère sexuel dans les arrière-pensées, il ne se rendait compte que d’une queue qui gonfle, d’un regard qui caresse, du poil qui se hérisse. Il ne savait pas que le cœur avait son histoire, sa mécanique, son fonctionnement, et qu’il pouvait haïr comme il pouvait s’éprendre. Il préférait languir, s’impatienter, se relâcher à même le sol, ne faisant fi à la porte restée ouverte, se moquant de sa position très, très rabaissée. Le discernait au moins ? Sa réplique sarcastique fit tourner Aki. Dans le noir il distingua sa forme recroquevillée comme une chenille, ses doigts qui chatouillaient le sol, ses fines jambes repliées, son corps mince et recourbé qui se traçait dans la nuit en toute sa morbidité. Un appel au vice.

- Tu ne sais pas ce que tu dis …

A quoi tu joues? Pourquoi lui repasses-tu les questions dont tu es le principal concerné ? Il n’y a personne d’autre que toi ne sachant ce qu’il raconte. Allé ponds tes œufs, petite poule. Joue aux boulimiques, vide ta sacoche.

Cette fois, Aki se boucherait les trous des oreilles. Sa conscience lui avait joué assez de sales tours. Il n’allait plus se laisser cerner par la raison, il allait se rapprocher, doucement, tranquillement, desserrant sa tête de ses mains et les envoyant balader de cache coté de son corps las. Et mollement, il allait rejoindre son hôte qui attendait probablement l’ultimatum. Ici ou au lit ? Avec apéritif ? Direct au vif du sujet ? Se glissant à son tour vers la terre, mère qui les portaient, morts ou vifs, témoin de leurs petits jeux, porteuse de l’instruction et de la destruction, il se laissa choir jusqu’à ce que son visage ruisselant dans les vestiges de la crise de nerfs soit à niveau de son vis-à-vis. Ce dernier lui offrait son profil, refusant de se tourner pour défier son sort. Il avait préféré se laisser emporter par la vague sans mesurer les conséquences, puisqu’il ne savait pas la conséquence. Aki sentait qu’il avait le cœur au bord des lèvres, vomir son cœur sur la personne qui a provoqué l’hécatombe. Exploser. Bruler vif. Tyranniser. Écorcher. Secouer. Crier ouvre les yeux. Ouvre les yeux et regarde-moi me noyer. Regarde mes yeux, le sang qui y coagule, l’appel qui y meurt, le nom qui s’y lit. Dis-moi que tu as les yeux ouverts. Dis-moi que tu n’es pas aveugle. Que tu n’es pas comme les autres.

- Dis le moi … s’il te plaît. Je veux savoir que tu le sais. Que tu ne dis ça que pour mieux m’enfoncer. Que ce n’est pas pour une carcasse que je subis mille morts. Regarde-moi. Tu me fais mal.

Entre le dit et le non dit, un fin miroir fend cet espace, l’épaisseur d’une paupière qui scinde la voie entre le rêve et la réalité. Des deux, qui rêvait ? Qui divaguait ? Qui s’embarquait vers l’autre rive ? L’épaisseur d’une paupière qui refermait l’œil de Shinya, l’empêchait de voir au-delà des apparences. Le rêve taciturne ou le cœur d’Aki se leurrait, ne pouvant émerger, ou il se brisait et se recollait, inlassablement.

Il s’agrippait à son regard dur et froid, il implorait pitié, il voulait dire : assez, de grâce.
- Tu ne peux pas être ça … tu ne crois quand même pas … son balbutiement mourrait au fond de la gorge, quasiment inaudible, terriblement incohérent, … je ne voulais pas … il avança sa main pour toucher la joue blafarde de sa pute, ses doigts tremblants se posèrent avec une crainte religieuse sur cette parcelle de peau sacrée.

Il eut un instant ou le silence pesa sur leurs esprits en sursis, l’attente était un supplice, la tension l’empêchait de respirer.

- Shinya, je suis …

Un ogre. Un sale type. Un marginalisé. Une brute muette. Ta victime, tue moi.

- … Désolé.
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Shinya

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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeLun 18 Avr - 22:59

Shinya ne savait quoi faire, à quoi s’attendre, qu’allait-il lui arriver ? Il était dans son appartement assit par terre à attendre que son agresseur ne manifeste un signe de vie. Il voulu ardemment se relever pour le chasser dehors, le pousser de toute ses forces et lui crier qu’il le détestait comme il n’avait détesté personne, ce qui pouvait être prit pour un exploit d’un certain ongle vu que jamais personne n’a pu éveiller en lui une telle rage rien que pendant deux soirées. Deux soirées pas plus, et déjà cette brute était parvenue non seulement à lui courir sur l’haricot mais aussi à lui faire perdre sa raison et à consumer ses nerfs comme on brule les allumettes. Ses mains s’enflammaient déjà à l’idée de le jeter hors de chez lui et des frissons lui couraient le long du dos ne savait-il si par excitation ou par colère.

Or, sa vie aura été beaucoup moins intéressante s’il n’y avait pas des mais partout, des cependant, des néanmoins, des toutefois et toute autre sorte d’expression d’opposition pouvait facilement trouver son appartenance à son monde loin d’être aussi ordonné qu’il se le croyait. Car en dépit de tout ce qui lui assaillait la tête, Shinya ne pouvait accomplir le moindre geste, il restait là, presque allongé à mater à tour de rôle le sol puis le plafond ne sachant se décider lequel lui aura un plus grand intérêt. Et puis de toute façon il le savait, que sa force physique n’était pas un élément spécialement flatteur dans son organisme, il savait qu’il pouvait tout être sauf un bon adversaire au niveau de la violence, déjà sa maigreur ne lui était pas de grande aide, il y avait cette aura apathique qui l’entourait jusqu’à faire disparaitre ses autres sens. Il n’y avait tout simplement pas question qu’il tente de régler les affaires par la force, surtout que son hôte n’en manquait pas et n’hésitait pas le moins du monde à le lui témoigner.

Quoi qu’il en soit, il n’avait jamais envisagé d’essayer cela comme solution car ça ne valait même pas cette peine se répétait-il. Rien ne vaut la peine, rien ne la vaudra, rien ne l’a jamais valu. Jamais rien. Il a toujours été entouré du néant dans sa planète solitaire complètement en dehors du système solaire à se morfondre pourquoi et comment avant qu’on ne vienne s’en prendre lui une belle soirée sous les rayons de la lune, qui lui parvenaient par miracle.

Et puis quoi maintenant ?

Pourquoi se taire ? Pourquoi ne voulait-il pas entendre la réalité ? Pourquoi refusait-il sa déception ? Pourtant, pour la majorité des pervers qui peuplaient Land of decadence, cela représentait plutôt quelque chose d’ « excitant » pouvait-il deviner dans leurs regards pleins de désir posés sur son corps et tellement écœurants jusqu’à lui faire vomir ses tripes et ses boyaux. De voir quelqu’un se rabaisser jusqu’à se clamer pute avec la fierté d’un coq alors qu’il ne cherchait qu’à trouver le premier trou ou se fourrer la tête de honte ou la première fenêtre pour se jeter de peine. Cela les excitait, et cela devait l’exciter lui aussi car il l’avait déjà dis, il lui avait déjà confessé qu’il prenait du plaisir à le voir s’humilier alors qu’il en profite tant qu’ils y étaient, qu’il fasse vite et qu’il le soulage de sa présence.

Aki s’était approché, il s’était laissé tomber sur le sol et Shinya pouvait sentir sa présence tout près de la sienne, son souffle sur sa joue et de loin son torse se relever puis s’abaisser, il pouvait entendre sa respiration et même les battements de son cœur s’il ne poussait le bouchon trop loin. Mais il s’en foutait de toute manière. La seule chose qu’il voulait était de le repousser, le reverser en arrière et le percuter au sol, le bousculer loin de lui jusqu’à ne plus le sentir, ni son souffle ni son toucher qu’il savait fruit de son imagination, et surtout pas sa voix.

-Quoi ? Te dire quoi ?

Irrité, voilà ce que c’était. Ce qu’il était. Irrité parce que les choses n’allaient plus comme il l’avait planifié, parce que ses desseins venaient de tomber à l’eau à cause d’un imprévu, d’une banalité. Il était irrité car ce n’était pas à cette réaction qu’il s’attendait, ce n’était pas ces phrases qu’il prévoyait venir, ce n’était pas ce ton qu’il s’attendait entendre. Car ce n’était pas à cet Aki qu’il savait faire face. Lui, il voulait détester et mépriser, il voulait voir plus de preuves comme quoi il avait raison dès le tout début, il voulait s’assurer de ne pas avoir fait le mauvais choix, de ne pas avoir commit une erreur. Il voulait nourrir sa haine jusqu’à la faire déborder par sa bouche, jusqu’à résulter l’explosion de son cœur, jusqu’à perdre ses sens de nouveaux, jusqu’à l’oubli.

Ce à quoi Aki ne lui donnait pas un coup de main.

-Non, je ne te fais pas mal, je t’énerve. Et je le sais.

Arrêtez. Oui arrêtez, moi je m’oppose, j’ai des objections, vous devez arrêtez, cela ne se déroulera pas de la sorte. Mais arrêtez nom d’un chien. Arrêtez !

C’était affreux en soi de se découvrir fautif, mais ce qu’il subissait là n’était pas cela vu qu’il ne savait s’il l’était ou pas, fautif. Vu qu’il n’arrivait plus à penser correctement, à coordonner raison et sentiments, à s’acharner sur lui alors qu’il pouvait voir sa dite faiblesse. Shinya ne pouvait continuer sa comédie alors qu’il venait de la lui gâcher, que l’acteur principal venait de se foutre de sa gueule et surtout du scénario, Aki venait d’arrêter le déroulement habituel des choses pour les lui donner une tournure qu’aucun d’eux ne pouvait en supporter les conséquences.

-Et je te déteste et je me déteste et tu me détestes et c’est comme ça que les choses sont alors ne cherche pas plus loin.

Qu’il la ferme et qu’il s’en aille, ce grand imbu de lui-même, qu’il dégage et qu’il foute le camp pour que Shinya puisse enfin libérer ce qui lui tourmentait les entrailles, qu’il puisse se soulager de cette aversion envers lui-même et envers son vis-à-vis, qu’il puisse reprendre le contrôle qu’il a perdu depuis toute à l’heure, qu’il puisse continuer à serrer les mains pour ne pas s’abattre de coups qu’il savait déjà incroyablement faibles sur Aki. Pour qu’il ne cesse pas de jouer son rôle comme il le faut alors qu’il n’était plus aussi indifférent qu’il s’efforçait à croire. Car même dans ce baragouin il pouvait discerner sa propre faiblesse, sa connerie indigne et son trouble grandissant.

-Non. Arrête. Tu n’es pas désolé, on le sait tous.

Shinya osa finalement relever la tête pour faire face à son bourreau, pour tenter d’arrêter ce jeu de façon ‘réelle’ éventuellement, peut être juste pour la relever, pour voir à quoi ressemblait Aki en prononçant ses plus grandes bêtises depuis leur première rencontre.
Chose qu’il regretta plus rapidement qu’il l’aura cru. Parce que malgré la pénombre, il pouvait décrypter ce regard braqué sur lui.

-Et puis pourquoi d’ailleurs ? Pourquoi es-tu désolé ?

Allé, assume le, c’est ton sort, t’as plus d’échappatoire.

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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeMar 19 Avr - 20:48

Il accusa le coup. Il avait raison. Il avait eu tord. Il se mordit la langue, ce pertinent bout de chair, ce rapporteur, ce traître. Il s’enfonça les incisives dans la chaire tendre de ce muscle mou, il voulait le trancher. Le manger. Des ciseaux, vite. La parcelle de peau que sa paume caressait était devenue rigide, comme une pierre. La dureté du regard de Shinya ravisa son geste, et il retira sa main de la sculpture de marbre reflétant l’implacabilité du cœur et la cruauté des sentiments. C’est vrai en plus, avait-il eu la stupide naïveté de croire à la réciprocité de ses envies ? Croyait-il qu’il était lui aussi convoité, désiré, qu’on attendait de lui autre chose que de ficher le camp ? Quel salaud, non mais quelle loque, quelle risible enfant, va, va jouer avec tes petits soldats, tu n’es pas fait pour ça, le monde, la vie, les humains t’ont rejeté au fond d’un puits ou tu ne verras jamais la lune, tu passes comme une ombre, sans fond ni formes, ta vilaine apparence et tes intentions viles font de toi un salaud qu’on méprise, qu’on jette six pieds sous terre, un déchet toxique qu’on enferme et qu’on oublie. Tu pourris dans ton coin tandis que le monde tourne, que le soleil apparaît et disparaît par intervalles, puis un beau jour, tu te crois rebelle, tu sèmes la zizanie et ne provoques que des problèmes, toi la pourriture, tu dis bonjour à la vie après avoir vécu dans la mort, tu traînes ton ombre déformée à la recherche d’une victime dont tu pourrira la vie, parce que tu ne veux pas sombrer tout seul, tu cherches à traîner avec toi toute la gent humaine, tu t’attaches, tu te ligotes à une main qui a eu le malheur de t’effleurer, tu te colles à un visage qui à oublié que tu n’étais qu’un déchet démentiel, tu dévastes tel un typhon le bon fonctionnement du monde et tu oses, tu oses maintenant croire que tu peut être pardonné, pire, accepté. Va chier.

Non. Sa tête pivotait comme une pendule de droite à gauche, frénétiquement, ses paupières s’étaient refermées parce qu’il ne voulait pas entendre. Mais trop tard. Son système auditif avait avalé ces phrases, son cerveau les avait comprises, son cœur, se sentant concerné, battait, battait. Il battait tellement fort que son pouls se faisait bruyant, ça tambourinait maladroitement dans ses veines et dans ses tempes, une lumière rouge clignotait au fond de son regard emprisonné dans des parcelles de chair fermement closes, aussi rouge que la lave d’un volcan en éruption, elle l’affolait, cette lumière, elle l’aveuglait et ne lui laissait pas le loisir de penser, elle clignotait comme une alarme sans son, elle faisait un vacarme sourd, rien qu’avec son éclat agressif.

Il ne su pas comment, par quelle force il arriva à se hisser sur ses deux pattes arrières, à retrouver son équilibre après une chute libre du septième des cieux. Ses oreilles sifflaient. Il ouvrit les paupières. Rien que du noir. Ou était-il ? Au purgatoire. Pourquoi te trouves-tu au purgatoire ? Parce que je déteste. Je le déteste. C’est vrai en plus, tu sais, je te déteste et c’est le plus con dans toute cette histoire. Comment aimer tout en détestant ? Arrête. Tu ne l’aime pas. Tu. Ne. L’aime pas. Tu délires, t’as pété un câble, Tu ne trouves plus qui jeter dans le fossé, tu te tournes et te dit : le premier venu ira aux fraises. Voila. La plus stupide chose dans cette histoire ? Moi. Mais encore ? Moi.

On se déteste tous, entretuons nous. C’est vrai, pourquoi ne pas nous tuer ? Qu’a-t-on à perdre après tout ? La vie ? Saletés de foutaises. Je suis près à risquer ma vie, moi. Amène un couteau et tranches-moi la gorge. Vas-y. Go ahead. Tu me regardes, je te fais pitié?

- Tu crois que je ne le sais pas, que tu m’énerves, que je te déteste et vice-versa ? Tu crois que je ne galère pas entre l’envie de te casser la gueule et celle de ramper comme une sale loque à tes pieds ?

Sourire. Aki soupira, puis baissa sa tête lourde d’impies. Il ne reçut aucun écho à sa voix. Les murs avaient aspiré chaque syllabe, le vent avait emmené sa raison se cogner à la première dalle, tête première. Il venait de sortir de la léthargie d’une personne qui vient de se fracasser la tête.
Il mit la main sur ses cheveux, soudain conscient du mal de tête. S’était-il vraiment fracassé la tête ? Il se rappela de la lumière rouge, Ah quel beau temps, celui ou il ne savait pas de quelle couleur était le ciel, celui ou il ne connaissait personne à part son tendre père, celui ou il ressemblait à une cuvette. Rien qu’à y penser, il avait envie de se vomir dessus, pire, c’était une autodérision aussi pénible que pathétique. Anormalement jovial, il poursuivit avec sa voix pâle, une voix qu’on oublie vite.

- Je sais que je suis un sale type, mais toi, toi, tu t’y connais non ? Après tout, t’es une pute alors des types comme moi ça te fait pas froid dans le dos.

Ricanement. Le fou avait avalé une mouche.

- Et puis, et puis, je suis désolé de t’avoir fait croire que j’en ai après ta gratitude, et qu’en réalité tu m’avais paru dès le premier instant un bon coup à tirer. Je … Je sais que tu me trouves répugnant, mais que faire, je suis laid, c’est mon problème.

Haletant, il se tenait les cotes, S’entendre dire à voix haute ce qu’il tarait depuis toujours dans son esprit lui faisait l’effet d’un coup de pelle sur la tête. Il ne faisait que réaliser le déshonneur qui lui collait comme le pou, la laideur de son corps et l’ignominie de son âme. S’entendre affirmer sa bassesse à voix haute, et devant qui, le démolissait. Il se sentait tellement petit qu’il eu peur de se faire aspirer entre deux carreaux du carrelage. Misérable, il oscillait entre l’envie de s’enfuir, de se péter la cervelle, au fait, il ne savait plus ou il en était, s’il en avait trop dit ou pas assez, s’il méritait encore quelque chose, s’il n’était pas une dynamite prête à faire des ravages. Clignotant, le rouge de la lave qui lui coulait dans la cervelle lui servait de guide vers les terrains de la folie.

- T’es une pute ! T’es un sale chien de junkie ! Tu dois supporter les types de mon espèce, non ? NON ?

Si, si j’ai raison et tord à la fois car c’est vrai que t’es une pute c’est vrai que tu les supportes mais je sais pourquoi tu me rejettes pourquoi tu me méprises je suis un moins que rien je le sais c’est dans mes gènes dans mon anatomie est écrit le mot danger public j’ai les formes d’un sac poubelle plein de restes j’ai vécu dans des toilettes je dormais dans une décharge je suis l’enfant délaissé de la décharge et alors j’ai pas le droit d’avoir des envies j’ai pas le droit de me faire aimer ? Et puis merde, va au Diable, si je tire une balle, vas-tu t’évaporer ? Non, j’ai reçu ma quittance, je t’ai ouvert mon cœur, tu m’as ouvert la porte, tu m’as montré le chemin inverse, je sais ou est ma place, au seuil, comme un sac poubelle. C’est vrai que je mérite une raclée de t’avoir amadoué, je m’en mords les doigts, qu’est ce que je te hais.

Avachi sur la terre promise, il pleurait sans en avoir l’air, il déversait des larmes, juste là, sous sa peau, les gouttes salées soulaient, invisibles, tranchaient sa chaire froide et arrosaient son cœur. Il voulu se trainer vers la porte, ses jambes ne répondant plus à l’appel de son corps. Il n’avait plus la force de lutter. Trop de coup assénés rien qu’avec des mots, trop de non-dits, trop d’interrogations, trop de différence entre eux. Un gouffre bien profond était creusé, là, juste là, entre lui et Shinya, cette risible distance qui les séparait lui paraissait infiniment longue. Il tendit les bras, arriva à toucher la jambe du Junkie qui l’avait laissée s’étendre devant lui. Il l’attrapa, la contempla comme un objet rare, comme une nouvelle invention. Il voulu l’inspecter, minutieusement l’examiner, palper ce tissu de chaire douce et froide qui entourait l’os en formant un joli bâton à fine courbe bien ferme. Il bavait comme un chien devant son os.

- Pourquoi, murmura-t-il, entre deux hoquets, de sa voix non timbrée, commune, pourquoi tu me rejettes ? Tu me méprises, c’est pire que de la haine, tu sais, non tu n’en sais rien, on t’as jamais méprisé toi, tu ne peux pas compatir, ni comprendre, ça te réjoui de me voir rabaissé, déraisonnable, pitoyable, je parie que tu en jubile, là.

Aki avait tendu la main vers lui, la sculpture, de son index il pointa un point dans sa poitrine, et se demanda si son cœur marchait bien, s’il ressentait des émotions, s’il battait enfin, il aurait aimé l’entendre, rien que pour en être sur.

- Tu veux que je disparaisse. Très bien, je vais me retirer, sans réclamer mon dû, je vais te soulager de ma présence, je vais me retirer sous l’ombre, mais tu vois je n’ai plus de pieds, peux-tu me prêter les tiens ?

Il eut un rire amer. Il délirait complètement, le pauvre. Il savait qu’il racontait un salmigondis gratuit. Tout mais pas ça ...

- Tu as de si jolis jambes … Shinya ...

Il avait resserré inconsciemment sa prise sur la jambe qu’il tenait, si fort que la peau devint rouge. Il voulait l’arracher et l’engloutir, crue, sans même la sécher du sang qu’elle contenait.


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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeSam 21 Mai - 22:40

Shinya était las, mou et las, son corps ressemblait à un torchon imbibé d’eau et ses membres pendaient comme les cordons d’un soulier. Le noir qui choyait l’appartement commençait à fatiguer ses yeux et son incapacité de voir son interlocuteur éveillait doucettement les feux de sa rage qui n’attendait que cela. Il voulu tendre la main, toucher le sale type devant lui, le frapper peut être même, mais il n’en avait pas la force, il n’avait même pas la force nécessaire pour la mouvoir, sa fatigue reprenait ses droits naturels et son corps cédait de plus en plus aux délices du sommeil comme si le Morphée allait l’emporter aux pays des merveilles. Quand au besoin qui faisait que ses yeux restent ouverts, et bien cette chose était entrain de l’abandonner, sa tête essayait d’arrêter le fonctionnement normal des méninges, faire une pause, ne plus marcher, mode OFF.

L’atmosphère était lourde et l’odeur de ses draps flottait dans l’air comme si quelqu’un venait de lui jeter de l’opium dessus, comme s’il venait d’avaler un somnifère sans s’en rendre compte, tout simplement comme s’il avait sommeil la nuit. Chose qui ne lui est pas arrivé depuis belle lurette. La voix d’Aki était présente, il pouvait l’entendre, ce son dur qui s’est imposé par force dans ses oreilles, qui s’est ouvert un chemin jusqu’à sa tête, ce son qui ne voulait rien dire. Car justement il ne savait pas de quoi s’agissait-il, il ne pouvait écouter aucune parole, pas le traitre mot n’atteignait correctement son cerveau. Il pouvait l’entendre si, l’écouter non. Shinya ne savait ce qui arrivait là maintenant, ce que Aki racontait exactement, comme si on avait enveloppé son cerveau dans une sphère inatteignable. Les phrases lui arrivaient toutes déformées, comme retardées pas une force externe, une fois qu’elles l’atteignaient elles avaient déjà perdues leurs sens. Il ne lui restait qu’un seul mot raisonnable dans le néant de l’incompréhension.

Et lui pauvre sommeillant, pauvre con réveillé par ses cauchemars, il essayait de résister, il le trouvait inconvenable de dormir dans un tel instant, il repoussait l’idée de s’assoupir durant un moment fatal, même pas une petite pause, même pas dix minutes, même pas du tout. Alors il s’efforçait à se réveiller, à lutter contre sa fatigue et son désespoir, contre cette vague à l’âme qui prenait possession de son intérieur de plus en plus, il tentait de lutter contre l’anxiété et cette peut du futur qu’il venait de ressentir pour la première fois depuis son enfance, il voulait lutter, faire taire cette guerre dans ses entrailles et que lui seul en subissait les conséquences.

Pourquoi ? La première phrase qu’il aille comprit depuis la ribambelle des absurdités se trouva être une question auquel il ne pouvait répondre. Tout d’abord parce qu’il n’arrivait toujours pas à comprendre où son vis-à-vis voulait en venir avec ses devinettes dignes d’un magazine d’intellos, mais aussi parce qu’il n’avait pas la force de le faire, il n’avait pas la force de parler ni même de cligner les yeux d’incompréhension, geste qu’il savait que son interlocuteur sera incapable de déchiffrer vu qu’il est impossible de le discerner dans la pénombre. Shinya voulut bien demander de quoi, pourquoi lui aussi, pourquoi Aki agissait-il bizarrement, qu’était-il entrain de bredouiller et surtout qu’étaient-ils entrain de foutre justement.

Mais attendez une minute, qu’est-ce qu’on fou au juste ?

La main froide qui se posa sur sa jambe lui fit l’effet d’un seau d’eau glacée sur la tête et comme par miracle il reprit conscience de ce qui arrivait autour de lui. Cette même main qui maintenant essayait de tenir sa jambe entière, qui par cette occasion s’est dressé tel un chien qui s’apprête à aller chercher son os. Une poussé d’adrénaline lui a été injecté par ce simple contact, ses yeux s’étaient de nouveau rouverts et il pouvait même dessiner les courbes du corps près du sien et qu’il devinait raide d’impatience, il pouvait l’entendre et l’écouter, le comprendre un peu même, Shinya allait jusqu’à croire entendre le son d’un sanglot étouffé. Et qu’il aille vraiment existé ou pas, rien que cette supposition lui fait ressentir une froideur de boules dans le ventre, comme si on le lui bombardait par mille grenades, pas le cœur, pas la tête, pas d’autres membres, c’était le fond de son ventre qui en souffrait et le reste de son corps qui subissait le supplice d’un membre meurtri. Et cette chose faisait tellement mal, tellement mal qu’il priait de vomir ses intestins d’un seul coup pour ne plus rien ressentir, parce que la douleur de tout rendre faisait oublier de penser et de sentir, parce qu’elle faisait oublier d’exister.

-Prend les, je te les offre volontiers. Prend tous.

Car ce sera le plus grand soulagement.

La main se glissait de bas en haut puis au sens contraire en caressant doucement sa jambe et le faisant oublier cette douleur qui ne venait de se faire ressentir qu’après le toucher d’Aki.

Shinya avait l’impression de roder dans un cercle vicieux, rien n’arrivait, ils étaient entrain de ne rien faire, se jeter la balle comme s’il s’agissait d’un bombe prête à exploser au nez du perdant. C’était long, lent et mal fait, il était entrain de languir en attendant une chose dont il n’avait la moindre idée de l’objet, Aki ne semblait pas avoir un problème à attendre l’illumination, lui si. Puisqu’il savait que la seule illumination sera dans son lit, sous draps, même si à présent il n’avait plus aucune envie de dormir, et peut-être que la rigueur qu’émanait Aki était capable de chasser son sommeil dirait-on, qui sait ?

Et si on accélère les choses un petit peu ? Rien qu’un brin.

Dans les deux secondes suivantes un blanc aveugla les yeux de Shinya pour qu’il se trouve l’instant d’après les lèvres collés à celles d’Aki, pour la première fois et sans chercher la raison, il essayait de se délecter du baiser, de s’y abandonner et d’apprendre les dessins des lèvres auxquelles il était sellé. Aki, contre lequel il était à présent, restait inerte à son initiative, ahuri peut être sans esquisser le moindre geste. Shinya fit remonter sa main par la nuque de son vis-à-vis pour le pousser légèrement vers lui en insinuant cette première dans la crinière brune du concerné et avec l’hardiesse d’une pute bien expérimenté, sa langue se fraya un chemin dans la bouche du brun pour en découvrir les secrets. Par pouvoir divin, car il n’était pas si dur que l’on prétendait de trouver des croyants de divinité dans l’antre de la débauche, l’importun de la soirée daigna enfin répondre au baiser du roux, réponse que Shinya put deviner craintive. Il voulu le pousser, le prendre par les épaules et lui hurler ses questions. Qu’attendait-il ? Que voulait-il ? Que croyait-il ? Il voulu détacher ses jambes et les lui donner pour qu’il parte. Toutefois sans vraiment se l’avouer, il voulu continuer ce qu’il était entrain de faire.

Sans aucune mesure du temps, Shinya s’était trouvé après un laps indéterminé repoussé férocement par Aki jusqu’à presque heurter son dos au mur une nouvelle fois, il rouvrit les yeux de surprise et se fit violence de fermer la bouche et de ravaler sa salive. Anormal, ça l’était. Car justement c’était la seule chose auquel il ne s’attendait pas, la seule chose qui pouvait redonner du mérite au grand brun, la seule chose qu’il ne voulait pas voir arriver, la seule chose qui faisait faiblir une pute.

Un sourire aigre plein de mélancolie se dessina sur ses lèvres et il se maudit d’être ce qu’il était et de perdre devant un pareil ennemi. Il se maudit d’être tombé dans sa propre toile. Il se maudit surtout de ne plus être capable de lui éprouver le même mépris qu’avant.

Il se maudit d’élever la voix, et d’entrer dans les flammes.
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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeDim 22 Mai - 15:48

Quelle mollesse, quelle délicatesse, quel amas de douce paresse qu’était cette divine créature. Ses courbes saillantes, ses fins os recouverts d’une tendre chaire à la texture exquise, les doigts d’Aki glissaient sur cette peau satine, laissant l’empreinte de son chemin sur chaque cellule faite de cire. Il avait l’impression de rouler ses phalanges sur de la soie de première classe, une fine couche d'apathie enrobée dans le plus doucereux des emballages. Les palpitations de son cœur recouvraient le silence de la pièce d’une voluptueuse couche de moiteur, mercure ayant atteint le stade ou il commençait à haleter, suer à grosses gouttes, se sentir enivré. Sa tête tournait et ses yeux s’embrumaient …

Shinya avait accepté, il voulait bien lui offrir ses jambes, ces deux longs bâtons de chaire qu’il désirait croquer. Il voulait bien tout lui céder. Aki n’en voulait plus, il n’aimait pas les choses faciles, il n’aimait pas la défaite, il ne voulait plus les avoir, il voulait les prendre de force, les arracher, les mâchouiller comme le plus savoureux des repas. Il voulait que son mot soit le dernier. Il voulait décider. Il voulait …

Quand Shinya l’attira contre lui, il était prêt à faire le pas ultime, à tirer la tranche de son Junky qu’il tenait entre ses doigts et s’en emparer, mais ce mouvement brusque le chamboula, ce n’était pas quelque chose qui se brisait en lui, non, mais quelque chose qui fondait en lui, une conviction, un besoin, une envie qui brûlait, qui agonisait, étouffée par la force du baiser que lui donnait la faiblesse, son désir qui s’enflammait au fur et à mesure que la puissance et l’assurance de Shinya régnaient dans sa bouche. La main qui lui tirait les cheveux n’était pas celle qui l’avait giflée, non, celle là est plus musclée, plus robuste, plus rêche que l’autre, féminine et maladroite, ces lèvres qui se collaient au siennes et qui suçaient chaque paroi de ses babines ne sont pas celles qui s’ouvraient pour lui cracher en pleine figure, cette langue, non ce n’était pas lui. Il n’était plus la faiblesse qui l’avait attiré, la lassitude et le dédain qui faisaient de lui cette loque hautaine, aussi méprisable et désirable ne pourrait faire ressurgir une telle fermeté et un tel engouement d’un instant à l’autre. Et puis pourquoi ? Pourquoi une telle frénésie maintenant ? Pourquoi l’embrasser juste après lui avoir montré la porte ? A quoi servira cette péripétie sinon à les engloutir un peu plus dans l’ambigüité et le forcer lui, Aki, à se remettre en question ?

Aki ne pouvait interpréter ce qui se manifestait en lui en termes réfléchi, tout ce qu’il ressentait maintenant est une douleur enragée, intense, un scalpel fourré dans sa chaire et d’où un flot incontrôlable de sang jaillissait. Il saisit Shinya qui l’emprisonnait de ses bras et le poussa rudement, il voulait le pousser encore, fracasser son crane contre le mur, il tremblait tellement, tellement qu’il sentait que les pores de sa peau s’étaient tous ouverts et laissaient le sang s’extirper. Il aurait voulu débriefer, mais aucun mot ne sorti de son gosier, encore paralysé par l’intensité de ce qu’il venait de vivre, de cette fusion nocive du plaisir à son état pur et de la souffrance de voir son rêve mourir. Il aurait voulu rester au stade du mythe, regarder sa muse de loin et lui susurrer des mots d’amour. Et en rester là. Il avait gouté à la réalité quand leurs langues s’étaient entrechoquées, il avait gouté la bêtise de cette humain, sa nature, sa drogue, la salive des hommes qui lui ont passé dessus, il avait goûté à son mépris, à l’absence d’une réciprocité à ses désirs plus émotionnels que charnels, il avait goûté à l’aphrodisiaque de ses fluides corporels, et il y était accro.

La désillusion est une raillerie. D’ailleurs, son regard lucide pouvait bien percevoir le sourire moqueur de la pute. Un sourire amer qui lui fit mal au cœur, aussi détourna-t-il les yeux, incapable d’assister encore à ce spectacle tragique.

- Tu t’es payé ma tête, bravo, ânonna-il. Sa voix tremblait. Il passa ses doigts sur ses cheveux ébouriffés et se souvint de la prise féroce des phalanges du Junkie sur sa nuque. Il aurait aimé que cela soit passé autrement, qu’il ait pris l’initiative à sa façon, qu’il ait franchi l’antre humide et sensorielle de sa bouche à sa façon, avec application, goûtant à chaque paroi, n’omettant aucune étape, et sans se brûler les ailes.

Mon bien-aimé, mon abandonné, mon perdu. A présent, rien ne le surprendra plus de sa part, aussi resta-t-il inerte, torturé entre l’envie de l’étrangler d’avoir ainsi bousillé son rêve, et celle de reprendre leur baiser là ou il l’avait interrompu, et qu’il mène la danse à la façon, en douceur. A quoi bon cacher encore ses sentiments ? Il se retourna et remarqua que les cheveux de Shinya étaient trempés de sueur, que ses yeux erraient de nouveau dans le vague et que ce stupide sourire était toujours collé sur ses lèvres. Saisi par le courroux, il se hissa et traina vers lui, jusqu’à quasiment coller son visage au sien. Il avança avec précaution ses mains jusqu’à saisir le visage de son Junkie entre ses paumes. Le sourire de Shinya s’était dissipé, il attendait la délivrance, le pas ultime, le geste qui allaient les mettre dans la voie, ce qui allait les détruire et les mystifier. Il colla ses lèvres à celles gonflés comme un fruit mûr de son ennemi et savoura la texture douce-amère de cet agrume altéré avant d’avoir mûri. Cette juxtaposition de leurs corps, ce frottement de cette chaire érogène lui explosait les entrailles et lui donnait le haut-le-corps. Saisi d’un doux vertige, il pivota sa tête et la nicha au creux de l’épaule de Shinya, là où la peau se fait plus sucrée, là ou sa fragrance est plus parfumée. Il goûta de la pointe de la langue à l’effluve imprégnée de cette peau moite de sueur et remonta jusqu’aux oreilles, ses doigts effleurèrent ce croissant de chair, son cœur s’était arrêté de battre, son corps n’était plus qu’un amas de désirs et de déceptions, il n’existait plus, il était aspiré au creux de cet être, il se sentit fondre en lui.

- Peut-on encore aimer, même si nos rêves sont fanés ?
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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeMer 1 Juin - 0:31

Mépris. Mépris, mépris, mépris, mépris… Mais où est-il réellement ton mépris ? Peux-tu toujours le sentir ? Là maintenant ? Après qu’on aille fait face à ta pute, seras-tu capable de continuer à éprouver la même rage qu’avant, la même impatience ? Et il savait bien la réponse pourtant, il savait que c’était non, il savait qu’il venait d’être démasqué et que plus rien maintenant ne pouvait le protéger.

Chargez les fusils. Tirez.

Voilà. Il venait d’être détrôné, jeté loin de son règne, là d’où il se contentait de mépriser le reste du monde en étant encore plus pathétique, là où s’éclipsait lorsqu’il se sentait de nouveau menacé par sa peur, par ses peurs. On venait de le mettre au nu, maintenant il n’avait plus où se cacher, on venait de repousser son autre lui, le grand lui, le lui vaurien. Et bien et contrairement à ce qu’on pouvait croire, le vice n’était pas abrité aux tréfonds de la putain qu’il faisait paraitre mais bel et bien dans l’âme du détraqué mental qu’il était. Il savait qu’il n’allait pas bien, il l’avait toujours su d’ailleurs, c’était une vérité sans échappatoire. Bien qu’il ait tout fait pour s’en éclipser, la fuir le plus longtemps possible, user mille et un différents voiles afin de l’oublier, peine perdue. Aki venait de lui montrer que ses efforts étaient vains, qu’il tournait dans un cercle vicieux et duquel il ne trouvera jamais d’issu. Il était coincé, prit au piège.

Au moins quand il croyait le mépriser, il pouvait certifier la nature de ses sentiments. Mais où s’est envolé ce temps bénis où il pouvait non seulement distinguer l’essence de ses sentiments, mais encore pouvait-il les contrôler. Désormais, tout ce qu’il lui restait n’était rien de plus qu’une plongée dans les creux de la confusion de ses propres sentiments.

Mais bon dieu où est ce que tu nages mon gars ?

Une main hésitante s’avança dans la pénombre pour prendre son menton entre ses doigts, doucement, il vit le visage d’Aki s’approcher lentement du sien sous la faible lumière et son cœur dû rater un battement. Maintenant qu’il ne restait que lui et lui seul, il ne pouvait reprendre contrôle de la situation, il ne pouvait se montrer aussi hardi ni aussi dédaigneux, une peur hideuse s’insinuait dans ses tripes et son corps entier menaçait de trembler, déjà que les frissons qui lui parcouraient le dos étaient de mauvais signes. Ses yeux avaient plongé dans l’étendu insondable de ces pairs de pupilles ténébreux l’entrainant dans une aventure imprévue vers l’inconnu qu’il a toujours redouté, avant qu’il ne sente les deux lèvres enflammées d’Aki se poser délicatement sur les siennes. Ce dernier avait pressé ses bouts de chairs si doucement sur les siens que Shinya cru sentir un hoquet lui monter par la gorge, un hoquet qu’il essaya de ravaler aussitôt sans gâcher la magie de l’instant. Jamais personne ne l’avait prit aussi doucement, aussi suavement, aussi lentement, lui qui faisait impatienter tout junkie en possession ou en manque de dose était maintenant incapable d’agir devant un simple baiser. Baiser qu’Aki avait prolongé pour qu’on aille cette impression qu’il a duré l’éternité, le brun l’embrassait calmement, il n’y avait plus une once d’hésitation dans ses gestes, Shinya pouvait même jurer avoir senti une certaine détermination en lui.

Il mordillait ses lèvres discrètement, sans pression, il les suçait sans chercher à aller plus loin comme lui-même avait fait juste peu avant. Et quand, dieu sait par quel miracle, la tête d’Aki s’est retrouvée enfouie dans les creux de ses épaules, humant sa sueur et son poison, son corps devint rigide d’un seul coup, refusant de bouger d’un pouce, Shinya allait jusqu’à se demander comment faisait-il pour continuer à respirer normalement sans risque d’étouffement. C’était la première fois depuis son premier et dernier amour qu’il se sentait intimement touché, dans tous les sens du terme, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur. Tous ces prédateurs qui lui ont passé dessus, jamais aucun n’a pu l’atteindre, même pas un peu, jamais il ne s’est senti vraiment faire quelque chose avec quelqu’un, jamais ne s’est il senti embarrassé ou incapable d’esquisser un geste. Et puis d’un seul coup, il se trouvait plus raide qu’un bâton dans les bras d’un inconnu, qui plus est, ne lui a encore démontré que de la brutalité. Enfin, juste avant qu’il ne lui fasse endurer cette torture morale et physique de la plus placide manière qu’il n’ait jamais goûté.

Mais que fous-tu putain ?!


Ses mains, incapable de se faire plus violents, se dégagèrent mollement de la prise que lui forçait Aki, alors qu’il essayait de garder sa tête bien calée entre ses épaules. Tout tournoyait autour de lui se mélangeant dans un flou irréel sans queue ni tête, et il cru l’espace d’un instant avoir une crise de manque mais il dépassa l’idée hâtivement incapable de s’y attarder plus alors qu’il parvenait à sentir le pouls de son vis-à-vis, qu’il tenait par les poignets à présent, s’accélérer en passant à travers ses mains pour monter directement dans sa tête qui battait déjà son plein.

Shinya était partagé entre le désir intense de poursuivre cette suavité exquise qui l’a envahi lorsque Aki s’est collé à lui en le prenant par la bouche et celui de s’enfuir le plus loin possible jusqu’à ne plus rien voir qu’un long étendu de désert quand il se retournera. Sa raison le poussait loin de cet endroit, loin de cet homme, loin de cet instant. Mais c’était justement cela le problème : se trouver au mauvais moment au mauvais endroit et encore, dans la mauvaise compagnie.

Aussi parfait que ça l’a toujours été, le sort de Shinya s’est annoncé encore plus lugubre qu’il ne s’était imaginé, ce mot qu’il aimait utiliser quand il n’en avait plus, quand ne savait plus où fourrer sa tête ni à qui jeter sa responsabilité. Lui qui avait cru avoir oublié le sens du mot désir venait d’être pris au dépourvu. Le grand Shinya avait bandé, comme ça, rien que par un simple baiser, alors qu’il y a à peine trois semaines quand il travaillait encore à la maison de passe, personne n’arrivait à le faire jouir pour de vrai. Autre que ces sons assourdissant d’animaux en état de transe, sèches et purement sexuels, il aura beau se faire enculer par l’entièreté des salauds de Land of decandence, pas une seule fois n’avait il senti une once de désir, voire même pas un simple frisson relié à la sensualité de la situation. Et là maintenant, cet homme aussi étrange que lui-même devra l’être, venait de le faire perdre la tête rien qu’en l’embrassant et en se fourrant dans ses épaules, pas un geste de plus, pas un geste de moins.

Comme la coutume l’imposait, sa connerie l’emporta de sa raison et ses lèvres s’ouvrirent dans une voix brisée dont les échos disparurent aussitôt.

-Je n’en sais rien. Mais tu feras mieux de me le montrer, ton prétendu amour.

Les mains de Shinya entreprirent de continuer ce qu’elles avaient interrompu quelques instants plus tôt, essayant de reprendre les choses où Aki les avait laissés. Peut-être même un peu moins rudement que la première fois, un peu plus honnêtement que cette première fois. Ses doigts se glissèrent mollement dans la chevelure de jais, légèrement humide à présent, de son nouvel amant et il approcha lentement sa bouche hésitante de la sienne en se contentant de se replonger dans l’océan de ses yeux plus sombres que la nuit qui les abritait. Ses lèvres touchèrent celles d’Aki et il savoura à fond leur goût de dureté et de douce amertume, quand éventuellement, celles-ci répondirent à son initiative l’enfonçant de nouveau dans ce déluge de béatitude. Sa main gauche s’aventura insensiblement dans le dos d’Aki sous sa chemise dans la quête d’une plus grande chaleur corporelle alors que son autre main, aussi faible et mal assurée qu’elle l’était, continua à caler la tête d’Aki près de la sienne de peur qu’il ne change subitement d’avis alors qu’il venait de lui montrer l’escalier vers le septième ciel. Shinya prolongea le contact de leurs bouches et sa langue força doucettement son passage dans le palais de son tourtereau faisant persister ce besoin d’exister dans l’autre. Leurs langues se touchèrent brièvement, s’entrechoquèrent puis apprirent à se connaitre mutuellement menant une danse macabre dont seuls eux connaissaient les pas.

A bout de souffle, ils se séparèrent à regret. Shinya se rendit alors compte de son état qu’il essayait de fuir, entre autres, dès le début de la soirée. Sa tête tournoyait de nouveau et il se retrouva trempé de sueur le corps presque prit de spasmes lorsqu’il du ravaler à plusieurs reprises ses hoquets d’incompréhension et de désir.

Shinya savait qu’il se brisait à présent. La conscience déchirée puis brûlée, en cendres et en poussière.
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MessageSujet: Re: Devil Side [Shinya]   Devil Side [Shinya] Icon_minitimeVen 3 Juin - 16:53

Ça

La lune, ce pâle croissant de lumière, trouait sa peau de ses rayons diaphanes.

Ça ne brillait pas. Ça mourrait avec la nuit. Le crépuscule sera terminus. Mais d’ici là…

D’ici là, les ténèbres pourraient étendre leurs tentacules. Saisir leurs âmes. Les entraîner.

L’infini. Aussi immesurable qu’incandescent. Blanc comme du coton. Orné de petits cristaux transparents.

Car elle durera toujours, cette nébulosité ou sombrait une vie revêtue de morosité et de puanteur. Elle durait depuis que le temps s’était arrêté, depuis que les cœurs étaient réduits à de simples pompes. Depuis que les couleurs sont toutes sombres. Depuis que l’on vit sur le carreau. Rabougri. Je-m’en-foutiste. Farouche. Entêté.

La primeur de cette romance nocturne, la fraîcheur de la nuit, la chaleur de ce corps qui se frottait constamment à lui, lui était jubilatoire. Avec cette impression d’avoir ingurgité de l’aphrodisiaque, il se laissa aller à cet éternel baiser (cage) avec un engourdissement et une lenteur orgasmiques. Depuis quand en avait-il rêvé, de ce moment là ? Comment l’avait-il imaginé ? Plus doux ? Plus vorace ? Chimérique.

C’était parfait.

Un doux vertige l’avait saisi, il sentait encore l’arôme de cette chair moite lui agresser la voix nasale, la gorge, les entrailles jusqu’à se faufiler dans ses propres gênes et se marier à sa propre sueur. Il s’entendait encore dire ses propres paroles, cette phrase de trop, ou de pas assez. Ces mots qui ne devraient pas sortir de sa bouche. Ce secret qu’il s’était promis de garder à lui, voila qu’il le dévoilait, qu’il dévêtait son cœur, enhardi, il ressemblait à cette bouteille de vin qu’on vient de déboucher. Et il était loin d’en finir.

Contrairement à ses attentes, il lui avait répondu, son éphèbe, son quant-à-soi l’avait écouté, il l’avait accepté, il voulait, il ordonnait, il exigeait, il …
- Petit diable …

La trace du rêve. Cette ville qui s’endort. Une petite joie élève sa voix. Des vibrations dans les décombres. Il regardait les étoiles. Il tremblait, suait, frissonnait, répondait, s’enflammait, mourrait, renaissait, flottait. Sa vision s’embrouillait, il ne savait plus s’il embrassait ou s’il était embrassé, cette main qui empoignait sa nuque éveillait en lui un vague souvenir, il se sentait exploré, perforé de part en part, réduit en bouillie. Il ressentait un malaise malsain et exquis, il se tortillait sous l’emprise de la griserie, il souffrait mais ne voulait pas s’arrêter.

Il avait outrepassé le seuil de la résistance. Il somnolait, embrasé, dans l’ombre de ce rêve doux qui lui faisait oublier la rigidité du carrelage, la froideur de la brise, la fadeur et la placidité du noir. Rejette tes sombres pensées. Il avait frôlé, une fois, deux fois, mille fois cette nuque délicate. Il avait caressé jusqu’à l’altération de la peau ce dos osseux et cambré, taquinant cette fine épine dorsale. A-t-on jamais voulu être si proches ? Dans ses oreilles sifflait une musique désagréable, un instrument mal joué, un mal pressentiment qu’il tentait de refouler, de cacher dans l’allégresse du présent, la peur de l’après qu’il dissimulait dans l’étreinte d’une personne qu’il savait que jamais il ne pourrait aimer. C’était lui le porteur des secrets, il savait l’arme ultime qui suffirait pour les exterminer, il savait que leur union oscillait sur un fil et menaçait de tomber dans les profondeurs de la haine. Il n’avait jamais aussi détesté sa lucidité, il aurait voulu être ivre, ivre et ignorant. Maintenant que nous somme dans cette dance, rien ne pourra nous sauver.

L’esprit en surchauffe, le sang en ébullition, perdu. Perdu comme une aiguille dans une botte de foin. Il ne savait plus d’où respirer, son cœur ne cessait de lui transmettre des messages codés qu’il n’arrivait à déchiffrer. Seul le nom de son éphèbe lui arrivait distinctement. Il l’étouffait. L’absence de mots qui le délivreraient. Des mots qu’il ne devrait jamais prononcer. Une vérité qui menaçait de le fusiller. C’était cruel, aussi l’avait-il accepté, s’entendre dire qu’il l’aimait, alors qu’il le haïssait, se rabaisser et se sentir malmené, être au bord du gouffre.

Il savait que Shinya s’était joué de lui. Peu être avait-il plus d’un tour dans son sac. Mais tant l’espoir de se sentir reconnu persistait, il se sentait obligé de se prononcer.
Il ne pouvait certifier avoir senti une certaine résistance à ses avances. Le rideau s’était finalement levé sur ce paradis bâti sur les décombres. Tout ce qu’il savait, entouré de cette opacité, les yeux dans le vague, l’esprit embrumé par l’orgasme, était sa propre vérité, crue, honteusement apparente, claire et limpide comme l’eau de roche, celle qu’il était fou. Amoureux

Par le long cheminement momentané du destin, paraissait-il, car le destin n’est autre chose qu’un moment sans cesse reporté vers l’avenir, Aki avait senti cet écho vague des pleurs. Les pleurs de son propre cœur. L’écho de son amour nu, de son infortune. Le murmure d’un souffle qui répétait dans son crâne sans cesse cette vérité qu’il tentait de dissimuler.

We’re so near
Ican’t feel what’s yours or mine
That event don’t matter
We’re one at this time


~ O W A R I ~

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